La fin du « privilège exorbitant » des USA, le retour de la Chine, et d’autres fiascos dus à la monnaie fiduciaire…
Comme nous l’avons déjà dit, il y a un temps pour tout. Et le meilleur moment pour vendre ses actions américaines était en 2000, lorsque l’on pouvait obtenir 40 onces d’or pour le Dow. Depuis lors, la crème de la crème des entreprises américaines – les 30 actions du Dow Jones – a perdu la moitié de sa valeur en termes réels (or).
Tous les navires finissent à la casse, ou au fond de la mer. Au XXIe siècle, de la rouille apparaissait déjà sur l’USS American Empire.
Il était temps de se rendre à son dernier port.
Mais l’Histoire fait qu’un certain nombre de capitaines clownesques prêts à diriger le grand navire vers les rochers ont pris les commandes – Bush, Obama, Trump et Biden. Et les électeurs, jouant leur rôle de citoyens d’un empire défunt et dégénéré, se sont accrochés à ces personnages, en élisant Bush et Obama deux fois consécutives, malgré leur déréliction et leur incompétence manifeste. Et ils semblent maintenant vouloir réélire Trump ou Biden – quels que soient leur âge, leurs déficiences intellectuelles ou leur criminalité présumée.
Ce qui a condamné l’empire, plus que tout autre élément, c’est sa monnaie. Lorsque les Etats-Unis ont remplacé le dollar par du faux papier, en 1971, ils ont mis en marche une machine de destruction de leurs finances. Pendant longtemps, les Américains et le reste du monde ont considéré le dollar comme une bénédiction… un « privilège exorbitant ». Nous n’avions pas besoin de fabriquer des produits, il nous suffisait d’imprimer de l’argent. Comme le dollar était la « monnaie de réserve » du monde, les autres pays l’acceptaient volontiers et nous le prêtaient même en nous achetant davantage de papier, via les obligations américaines !
Ne demandez pas, n’en parlez pas
Mais aujourd’hui, la grande faiblesse du papier-monnaie est de plus en plus évidente. Puisqu’il peut être produit à volonté, il peut également être prêté à volonté… mais en cas de crise, il cède. Lorsque les Etats-Unis sont passés d’une monnaie adossée à des actifs (des dollars garantis par l’or) à un système adossé à des crédits (dollars garantis par une reconnaissance de dette du gouvernement américain), ils ont perdu leur point d’ancrage.
L’or est limité et précieux. Les gens qui en détiennent sont prudents. Et lorsque le vent se lève, il tient bon. Généralement, lors d’une correction ou d’une crise, les prix chutent et avoir de l’argent est de plus en plus important. Les gens découvrent qu’ils ont fait des erreurs. Ceux qui ont cru aux promesses et aux spéculations perdent de l’argent. Les prix des actifs chutent. Et ceux qui ont de l’argent réel peuvent racheter les actifs en difficulté et se remettre au travail.
Mais dans un système axé sur de la fausse monnaie, les réserves d’argent au coeur du système – « investies » dans des obligations américaines – ne prennent pas de valeur, elles disparaissent. Les banques américaines ont quelque 685 milliards de dollars de pertes non comptabilisées. Ces réserves ne constituaient pas vraiment un actif solide, mais un crédit douteux, dans lequel le plus grand débiteur du monde promettait de payer ses dettes avec sa propre fausse monnaie. Aujourd’hui, elles découvrent qu’elles ne valent pas ce qu’elles ont payé.
Que peuvent faire les banques ? Pour l’instant, elles suivent cette politique : « ne demandez pas, n’en parlez pas. » Elles espèrent que la Fed abaissera les taux cette année ; ensuite, les choses reviendront à la « normale », la valeur de leurs obligations remontera. En d’autres termes, la seule façon de tenir est que la Fed crée davantage de fausse monnaie… et la prête à de faux taux. Imprimer plus… et aggraver la prochaine crise.
Ce n’est pas seulement un problème pour les Etats-Unis. C’est aussi un gros problème pour la Chine, qui est elle aussi en proie à l’illusion. Les Américains pensaient pouvoir acheter des choses qu’ils ne pouvaient pas se permettre, en utilisant leur nouvelle fausse monnaie. La Chine pensait pouvoir vendre des produits aux gens en leur prêtant l’argent nécessaire pour les acheter.
Quand le boom tourne à la débâcle
Et maintenant, nous sommes entrés dans une nouvelle phase.
Les usines chinoises ont fabriqué des produits finis à bas prix ; les prix à la consommation ont chuté dans le monde entier.
Les exportateurs chinois se sont donc retrouvés avec beaucoup d’argent et un optimisme presque insatiable quant à l’avenir. Ils ont dépensé, ils ont emprunté, ils ont investi dans des capacités de production plus importantes, misant sur la poursuite du boom.
Les économies s’adaptent aux conditions qu’elles ont récemment connues. Après 40 années de l’expansion économique la plus rapide jamais enregistrée sur la planète Terre, de nombreux investissements en Chine dépendent désormais de taux de croissance incroyablement élevés.
Hélas, le boom a pris fin, laissant les Chinois avec des appartements invendus, des usines silencieuses, des trains vides… et des milliards de dollars de dettes.
Voici ce que nous dit Charles Hugh Smith :
« Dans les grandes lignes, les banques centrales ont réussi à entretenir l’illusion d’une inflation durablement faible, alors même qu’elles injectaient des milliers de milliards de dollars dans l’économie mondiale, et ce pour une seule raison : la Chine. »
En l’espace d’une seule génération, des millions de paysans chinois ont commencé à travailler dans les usines Cette main-d’oeuvre bon marché a permis au monde entier de profiter d’exportations à bas prix. Mais aujourd’hui…
« Le réservoir de main-d’œuvre chinoise abondante et bon marché a été complètement vidé. Les salaires en Chine ont grimpé en flèche, parallèlement à l’inflation, et la démographie réduit la main-d’œuvre disponible, alors même que les attentes élevées générées par 30 années d’expansion rapide ont diminué la volonté des travailleurs d’avoir des emplois d’usine mal rémunérés, loin de leurs foyers et de leurs familles. »
Et puis…
« Une fois que les utilisations les plus productives du crédit sont épuisées, l’argent frais se dirige vers des opérations improductives de spéculation et d’écrémage financier.
À ce moment-là, tout l’argent frais injecté dans le système mène à l’inflation… »
Aujourd’hui, la Chine, qui possède des milliards (trillions ?) de dollars de « spéculations improductives », est confrontée à un effondrement du crédit. Son « argent » disparaît en même temps que ses clients et le prix de ses actifs. Que peut-elle faire d’autre que de remplacer la fausse monnaie par plus de fausse monnaie… tout comme les Etats-Unis ?
Ce n’est probablement pas la fin des efforts que fera la Chine pour dominer l’ensemble de l’économie mondiale, mais la situation ressemble à celle de la fin du boom de 1979-2021. Quelles en seront les conséquences pour les Etats-Unis ? Nous verrons cela prochainement.