La Chronique Agora

La faillite de la Grèce serait-elle le plus sûr moyen de sauver le pays ?

▪ A force de psalmodier à longueur de journaux, de chansons et d’émissions radiophoniques cette invocation à la paix après les souffrances endurées pendant la Première Guerre mondiale, nos grands-parents n’ont pas pour autant évité une deuxième catastrophe (et une troisième guerre).

Les innombrables réunions de la dernière chance pour sauver la Grèce de la ruine me font penser à cette triste époque.

La méthode Coué est de mise au plus haut niveau des Etats. Chaque mois depuis deux ans, le gratin politique européen se réunit et nous annonce qu’il faut impérativement arriver à une solution sinon la catastrophe nous guette. Peu de temps après, des médias assoiffés de sensationnalisme nous abreuvent de ces images de ministres ou de chefs de gouvernement qui sont allés jusqu’au bout de leur force et sortent épuisés mais heureux du devoir accompli. Ils brandissent cet accord arraché après d’âpres négociation à la façon de Neville Chamberlain descendant de l’avion qui le ramenait de Berlin en septembre 1938 brandissant l’assurance de paix signée par Hitler.

« This morning I had another talk with the German Chancellor, Herr Hitler, and here is the paper which bears his name upon it as well as mine… We regard the agreement signed last night and the Anglo-German Naval Agreement as symbolic of the desire of our two peoples never to go to war with one another again« .
[NDLR: « Ce matin, j’ai eu un autre entretien avec le chancelier allemand, monsieur Hitler, et voici le papier qui porte son nom ainsi que le mien… Nous considérons l’accord signé la nuit dernière et l’accord naval anglo-allemand comme un symbole de la volonté de nos deux peuples de ne jamais se dresser contre l’autre à nouveau »].

En 1938 quelques voix se sont élevées… vite étouffées par la volonté des foules de ne pas croire à l’insupportable : « Britain and France had to choose between war and dishonour. They chose dishonour. They will have war« . [NDLR : « La Grande-Bretagne et la France avaient le choix entre la guerre et le déshonneur. Elles ont choisi le déshonneur. Elles auront la guerre ».] (Churchill s’adressant à Neville Chamberlain à la Chambre des Communes en 1938).

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L’Etat-Providence a signé son propre arrêt de mort ! A présent, c’est chacun pour soi

Mais dans cette nouvelle donne, une poignée de Français pourrait être jusqu’à quatre fois plus riche d’ici deux ans.

Comment en faire partie ? Il suffit de suivre le guide

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Depuis plus de deux ans je persiste, et signe, à penser que la Grèce ne peut pas s’en sortir dans le contexte monétaire actuel. Chaque nouvel accord brandi à Bruxelles traÏne avec lui son train de mesures d’austérité qui pèsent sur la croissance et donc sur la production de richesse.

Sans production de richesse, la Grèce est incapable de rembourser quoi que ce soit. Elle doit retrouver la compétitivité vis-à-vis de ses partenaires économiques favoris, c’est-à-dire vis-à-vis des autres pays de la Zone euro. Sans cette compétitivité, les olives, le soleil et les plages grecs resteront aux prix d’aujourd’hui. En sortant de l’euro et en laissant dévaluer sa monnaie, la Grèce retrouverait la compétitivité nécessaire. Il n’existe aucun exemple d’un pays ayant été dans la même situation que la Grèce qui s’en soit sorti sans passer par ce remède.

Les adversaires de cette solution se couvrent immédiatement la tête de cendres et prédisent un cataclysme. Un cataclysme ! Mais regardez dans quel état se trouve ce pays aujourd’hui. Le cataclysme est déjà là ! La rue grecque est en état de quasi guerre civile, les jeunes fuient le pays, les vieux et les moins vieux remplissent les asiles, les mères abandonnent leurs gamins à l’école, les bouchers vendent la viande qui hier était vendue pour les chiens, etc.

Beaucoup plus grave, les reculades innombrables devant la réalité de cette situation mettent en danger tous les autres pays de la Zone euro. Chaque reculade est un pas vers cette guerre qui nous attend. Plus les reculades s’accumulent, plus la crise monétaire et économique qui s’en suivra sera intense. La guerre se traduira par un laminage terrible de la monnaie.

▪ L’espoir vient du froid
Pourtant une petite lueur s’est allumée et nous montre la voie. Une information est en effet passée inaperçue car elle va à l’encontre du consensus expiatoire. Vendredi 17 février, l’agence de notation Fitch publiait la note de l’Islande en lui attribuant une note en hausse — oui en hausse — mettant désormais la dette et la monnaie islandaise au niveau d’un produit d’investissement (BBB-) avec une perspective et le commentaire suivant : « la restauration de la note en devise étrangère à long terme de l’Islande dans la catégorie investissement reflète les progrès qui ont été réalisés dans la reconstitution de la stabilité macro-économique, en engageant des réformes structurelles et la reconstruction de la solvabilité souveraine du secteur bancaire depuis la crise bancaire et monétaire de 2008 ».

Quelle belle leçon nous donne ce « petit » pays !

Le rédacteur de Fitch reconnaît lui-même que l’Islande a eu le courage et la lucidité qui manquent aujourd’hui aux pays de la Zone euro : « la réponse politique à la crise de l’Islande, sortant des sentiers battus habituels de l’orthodoxie, a permis de préserver avec succès le crédit de la note souveraine dans une situation de détresse financière sans précédent ».

Malgré les rodomontades britanniques (Gordon Brown est allé jusqu’à mettre l’Islande sur la liste des pays terroristes pour pouvoir confisquer les avoirs islandais !) et bataves, l’Islande ne s’est pas laissé impressionnée. Contrairement aux coups d’Etat successifs réalisés dans la Zone euro. Les citoyens européens, comme dans les années 30, ont accepté sans broncher d’abandonner des pans entiers de leurs droits démocratiques. Comme les invasions des Sudètes ou de l’Autriche, le vote irlandais, l’adoption du traité de Lisbonne, le remplacement des Premiers ministres grec et italien, l’extension des pouvoirs de la BCE, etc. sont autant de reculades qui préparent une catastrophe.

Le gouvernement islandais a eu le courage de se tourner vers le peuple. Les deux référendums (de 2010 et 2011), portant sur le remboursement des épargnants étrangers (britanniques et néerlandais principalement) ayant été lessivés par la banqueroute de la banque Icesave, (filiale de la banque islandaise Landsbanki nationalisée en 2008), ont rejeté cette idée saugrenue de rembourser des épargnants qui s’étaient précipités à l’époque pour profiter des rendements alléchants à deux chiffres offerts par les banques islandaises.

Il est vrai que ce « petit » pays n’est pas encore sorti totalement de l’ornière mais il a pris dès le départ les bonnes décisions lui offrant ainsi l’assurance d’une sortie rapide : nationalisation de toutes les banques, dévaluation de la monnaie et répudiation unilatérale d’une partie de la dette.

Les pays de la Zone euro ont choisi une autre voie. Ne vous y trompez pas rien n’est réglé. Vos choix restent les bons. Fin janvier on apprenait par la voix de Mario Draghi que la BCE avait l’intention d’offrir 1 000 milliards d’euros de nouvelles liquidités aux institutions bancaires, et le 26 février dernier Reuters nous apprenait que le G20 préparait un plan à 2 000 milliards de dollars pour « éviter que la crise de la dette souveraine de la Zone euro se propage et mette en péril la reprise hésitante ». Ils ont tous perdu la raison ! Une chose est sûre, l’or en profitera.

Le fantôme de Churchill murmure : « l’Union européenne avait le choix entre la guerre et le déshonneur. Elle a choisi le déshonneur. Elle aura la guerre ».
[NDLR : Yannick Colleu est à la tête de la rubrique « or » de Vos Finances – La Lettre du Patrimoine : retrouvez ses analyses et ses conseils tous les mois — il suffit de continuer votre lecture…]

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