Facebook est une entreprise qui n’ajoute pas de richesse mais en capte en prenant sur le temps libre de ses utilisateurs. Sa valorisation est gonflée par de l’argent factice
La semaine dernière, Facebook a perdu en une seule séance plus de valeur que la taille de l’économie de 145 pays.
Lord Zuck à lui seul a perdu plus que le PIB annuel de l’Islande.
USA Today nous en dit plus :
« Mark Zuckerberg, PDG de Facebook, a perdu plus de 15 milliards de dollars de richesse boursière jeudi, les investisseurs vendant les actions en masse après l’annonce que le réseau social enregistrait un ralentissement de la croissance des ventes.
Cette perte gigantesque en une seule séance a suffi à faire dégringoler Zuckerberg, 34 ans, dans le classement Forbes des milliardaires mondiaux ; il passe de la quatrième à la sixième place avec une valeur nette de 67 milliards de dollars ».
Maroc, Venezuela, Ukraine, Equateur, Angola, Guatemala – aucun de ces pays n’a un PIB annuel de plus de 120 milliards de dollars. Et on trouve environ 140 économies encore plus petites. Cent vingt milliards de dollars, c’est assez d’argent pour faire 120 000 millionnaires.
Les points que nous devons relier aujourd’hui : qu’est-il arrivé à l’argent ? Où est-il allé ? Est-ce que 120 000 ex-millionnaires sont en train de se lamenter ?
Nous nous demanderons aussi ce que cela signifie. Est-ce le début d’une tendance ?
En l’an 2000, deux géants de la technologie – Intel et Microsoft – ont enregistré eux aussi des pertes considérables sur une seule séance… de 90 milliards de dollars et 80 milliards de dollars respectivement.
S’en est suivi une longue période de pleurs et de grincements de dents, le Nasdaq perdant au final 80%. Qu’est-ce qui nous attend à présent ?
Mais d’abord…
Pierre à pierre
Nous avons passé moins de temps à relier les points que d’habitude, ces derniers jours. A la place, nous avons passés des après-midis ensoleillés à relier des pierres.
La section supérieure du mur s’est effondrée le week-end dernier. Nous nous sommes retrouvé avec une pile de gravats que nous avons dû faire léviter, les remettant en place avant de pouvoir commencer à poser notre toit.
Nous avons passé toute la semaine dernière à travailler à la maçonnerie. Nous en sommes à la pose des chevrons. Avec un peu de chance, nous serons prêt à rajouter la tôle lorsque nous partirons mardi.
Bill Bonner fait « léviter » des pierres avec son tracteur
Mais revenons-en au sujet qui nous occupe… la signification et les conséquences de l’énorme perte de Facebook (FB).
Un cauchemar financier
Comme vous l’aurez sans doute deviné, l’histoire ne se limite pas aux profits et ventes de Facebook elle-même.
Vous savez déjà que FB a désormais du mal à se développer ; ses statistiques mensuelles d’utilisateurs en Europe et en Amérique du Nord stagnent.
Les jeunes de notre entourage nous disent qu’ils réduisent le temps qu’ils passent sur FB, voire qu’ils l’abandonnent purement et simplement.
Comme nous l’avons souligné la semaine dernière, Facebook est fondamentalement une société de loisirs. C’est une diversion… une distraction… une manière de passer le temps. Le problème, c’est qu’il n’y a qu’une quantité limitée de temps. On finit par se retrouver à court.
Avec le cas Facebook, nous avons une métaphore très pratique pour tout cet argent factice et la richesse factice qu’il produit – en collision directe avec le monde réel : le temps, les ressources, le savoir-faire et la discipline.
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Facebook valait 630 milliards de dollars mercredi. A la fin de la séance de jeudi, l’entreprise ne valait plus que 508 milliards de dollars.
Entre le moment où le marché a ouvert jeudi matin et le moment où la cloche a sonné à la fermeture, la richesse s’est évaporée au rythme de 20 milliards de dollars par heure environ. Et qu’en est-il des 120 000 fortunes à un million de dollars ? Elles aussi ont dû être oblitérées. L’argent, ça va, ça vient…
A 34x les revenus réels, les investisseurs Facebook n’achetaient pas l’entreprise pour les dividendes. L’entreprise n’a jamais versé de dividendes. Elle n’aurait jamais pu payer assez de dividendes pour justifier le prix.
Au lieu de ça, les investisseurs ont utilisé de l’argent qui ne représentait pas de richesse réelle pour acheter des actions qui ne représentaient pas de revenus réels, en espérant engranger des gains grâce à une « croissance » qui n’existait pas.
Cela ne s’applique pas uniquement à Facebook ; tout le groupe des FAANG est concerné.
Il n’y a que 24 heures dans une journée. Si l’on part du principe que le nombre d’heures de loisir est plus ou moins fixe, la seule manière que les gens puissent rester plus longtemps sur FB… ou regarder plus de films sur Netflix… ou passer plus de temps à parcourir Google à la recherche de potins salaces… serait de passer moins de temps sur des loisirs traditionnels, les médias « à l’ancienne ».
Le temps est la limite ultime. L’oisiveté prend du temps.
Une réflexion contrariante
Mais la croissance n’a jamais provenu de l’expansion du temps. Elle naissait parce que les nouveaux venus pouvaient s’emparer des parts de marchés – et de l’espace publicitaire – appartenant à d’autres secteurs de loisirs.
Pas de Nouvelle ère, en d’autres termes : simplement la même vieille ère, une concurrence féroce dans une économie qui se développe lentement.
Les dépenses publicitaires dépendent des ventes. Et les ventes dépendent des revenus disponibles.
Les revenus des ménages aux US ont à peine bougé depuis le début du XXIème siècle. De sorte que chaque dollar que les nouveaux FAANGS ont obtenu en revenus publicitaires devaient venir des anciens secteurs des loisirs.
En net, l’économie ne se trouvait pas mieux. Il ne s’est pas produit de miracle technologique. Pas de vitesse lumière pour le PIB. Pas de stimulant pour l’emploi, les salaires, la productivité. Pas de châteaux en Espagne… ou ailleurs.
Mais attendez… nous avons une autre réflexion irritante à faire.
Les FAANG ont été poussés par l’économie factice de plusieurs manières. Les entreprises se sont développées à un rythme extraordinaire (prenant les parts de marché des autres) parce qu’elles avaient accès à des milliards de dollars d’argent factice prêté à des taux factices.
Elles ont pu investir des capitaux pour augmenter les ventes – ou au moins le trafic – sans avoir à prouver leur profitabilité.
Les clients ont pu acheter leurs services (et ceux de leurs annonceurs) avec de l’argent factice.
Les investisseurs aussi ont acheté leurs actions à des prix absurdement gonflés, grâce aux 20 000 milliards de dollars d’épargne factice injectés dans l’économie par les banques centrales du monde entier depuis 2000.
Et toute l’affaire a également profité d’une augmentation du temps de loisir disponible.
Oui… c’est un autre fruit toxique de l’économie factice : elle a laissé plus de temps libre aux gens.
Alors que la Trump Team annonce les niveaux de chômage les plus bas de ces 50 dernières années, 100 millions de personnes – des jeunes qui vivent dans la sous-sol de leurs parents… des travailleurs free-lance entre deux contrats… des travailleurs à temps partiel… des hommes d’âge mûr qui ont perdu des emplois qui paient bien dans le secteur industriel – passent leurs heures libres à vérifier leurs e-mails, à bavarder avec leurs « amis » sur les réseaux sociaux…
… et à attendre que la Prochaine Révolution Techno les rende enfin riches.