La Chronique Agora

Des expériences économiques erronées

Jusqu’au milieu des années 1970, la richesse des riches et des pauvres augmentait de façon synchronisée. Puis leur écart s’est creusé de façon spectaculaire.

Cette semaine, nous allons tenter de comprendre comment l’économie d’un pays, que l’on dit être la plus performante au monde (avec une abondance de capitaux, des talents et des compétences provenant de toute la planète, plus de doctorats et d’ingénieurs que jamais dans l’histoire, et guidée par les génies de la Fed et du Capitole) puisse être un tel échec.

Contrairement à l’économie américaine jusqu’en 1975 et à l’économie chinoise de 1979 à 2024, elle n’a pas amélioré le sort du citoyen moyen.

Cela ne veut pas dire que l’individu médian n’est pas mieux loti.

Aujourd’hui, pour le meilleur ou pour le pire, nous disposons de gadgets électroniques que nous n’avions pas dans les années 1970. Nous pouvons passer toute notre vie penchés sur notre ordinateur portable, peut-être assis dans un café ou dans un bureau en sous-sol, à jouer à des jeux et à parler à des femmes nues à l’accent russe. C’est un progrès ?

Nous avons TikTok, Facebook, X, l’IA, les cryptomonnaies, les baskets de Trump… Nous avons même des voitures qui créent leurs propres accidents de la route. Aucune intervention humaine n’est nécessaire.

En 1914, Henry Ford a doublé les salaires de son usine automobile, les faisant passer à 5 dollars par jour. Un emploi chez Ford était synonyme de prospérité pour la classe moyenne. Détroit est devenue la ville la plus prospère du pays.

Mais aujourd’hui, les travailleurs de nos nouvelles industries, y compris celles de nos plus grands employeurs, vivent souvent dans une pauvreté choquante. C’est du moins ce qui ressort d’une étude menée auprès du personnel des entrepôts d’Amazon :

« Dans ce rapport, nous présentons les résultats de l’insécurité économique au sein de la main-d’oeuvre de première ligne des entrepôts d’Amazon, en nous appuyant sur une enquête nationale menée auprès de 1 484 travailleurs répartis sur 451 sites dans 42 Etats. Les principales conclusions sont les suivantes :

53% des travailleurs ont connu une ou plusieurs formes d’insécurité alimentaire au cours des trois derniers mois.  

48% des travailleurs ont connu une ou plusieurs formes d’insécurité en matière de logement au cours des trois derniers mois.  

PLUS DE LA MOITIÉ (56%) N’ONT PAS ÉTÉ EN MESURE DE PAYER TOUTES LEURS FACTURES au cours des trois derniers mois.  

UN TIERS DES TRAVAILLEURS (33%) a eu recours à un ou plusieurs programmes d’aide financés par l’Etat au cours des trois derniers mois, dont 23% ont eu recours au programme d’aide à la nutrition (SNAP). »

Voyons voir… A 5 dollars par jour, un ouvrier de la chaîne de montage de Ford pouvait acheter une pièce d’or de 20 dollars tous les quatre jours. (L’or est une mesure fiable pour se rendre compte de l’inflation.)

Aujourd’hui, un travailleur d’Amazon gagne 17 dollars de l’heure… Si l’on multiplie cela par 8 heures, cela fait 136 dollars par jour. Le prix d’une pièce d’une once d’or étant aujourd’hui d’environ 2 300 dollars, cela signifie qu’il faut plus de 16 jours – soit quatre fois plus de temps – au travailleur actuel pour acheter la même pièce.

Que se passe-t-il ? Qu’est-ce qui ne va pas avec l’économie américaine ?

Aujourd’hui, nous n’allons pas tout dévoiler, mais nous allons ouvrir le sac et jeter un coup d’oeil à l’intérieur.

La mort par le gouvernement

Nous avons vu précédemment que l’Union soviétique avait pris des matières premières et, suivant la précision logique et les théories stupides de ses planificateurs, les avait transformées en produits finis d’une qualité tellement médiocre qu’ils valaient en fait moins, sur le marché mondial, que les ressources qui avaient servi à les fabriquer. 

C’est pourquoi, lorsque l’Union soviétique s’est rendue au paradis des expériences économiques erronées, ses entrepreneurs et ses oligarques se sont remis à produire des matières premières.

L’économie hitlérienne de l’Allemagne de 1933 à 1945 a connu un succès similaire. Elle a fait cracher de la fumée aux cheminées, de la Bavière à la Prusse. Mais ce qu’elle a produit – des fusils, des chars, des produits chimiques et des bombes – n’a pas amélioré la situation des gens. Au contraire, elle a aggravé leur cas.

Dans ces exemples, vous remarquerez la relation de cause à effet. Le gouvernement a imposé sa volonté à l’économie, la détournant de la production des choses que les gens désiraient.

Et les Etats-Unis ? Ils ont commencé leur expérience économique erronée en 1971. Par la suite, ils ont continué à être une puissance de production. Mais la production s’est déplacée – subtilement, presque sans qu’on s’en aperçoive – des biens et services qui rendaient les gens plus riches et plus aisés vers un ersatz de richesse elle-même.

Wall Street s’est enrichi (après 1982), Détroit s’est appauvri.

Ce changement a été un succès spectaculaire pour certains. Malheureusement, elle a été un échec cuisant pour la plupart.

Jusqu’au milieu des années 70, la richesse des riches et des pauvres augmentait de façon synchronisée. Plus ou moins au même rythme. Ensuite, leur trajectoire a commencé à diverger… petit à petit au début, puis de façon drastique.

Voici l’analyse de notre ami David Stockman :

« Depuis 1989, la valeur nette des 0, % les plus riches est passée de 1 800 milliards de dollars à un peu moins de 20 000 milliards de dollars. Cela représente un gain de 138 millions de dollars par ménage.   

En revanche, la valeur nette globale des 50% de ménages les plus pauvres, soit 66 millions de ménages, est passée de 0,7 à 3,6 billions de dollars. Cela représente un gain de seulement 44 000 dollars par ménage. [Ce gain est principalement dû à l’augmentation des prix de l’immobilier].  

En conséquence, les 0,1% les plus riches ont gagné 3 100 fois plus de valeur nette que la moitié la plus pauvre des ménages américains. » 

L’économie américaine n’a donc pas été un échec total pour tout le monde. Mais quelque chose a très mal tourné.

Rendez-vous demain pour examiner notre hypothèse, une autre expérience économique malencontreuse qui a mal tourné.

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