La Chronique Agora

Une évolution peu naturelle

Comment les nouvelles règles vertes de la SEC retardent réellement la croissance et entravent l’innovation ?

« L’évolution naturelle des choses est que la liberté cède du terrain et que le gouvernement en gagne. L’une des envies les plus profondes de la nature humaine est de satisfaire ses besoins et ses désirs en faisant le moins d’effort possible, de s’approprier les richesses produites par le travail d’autrui, plutôt que de les produire par son propre travail… plus le gouvernement est fort et centralisé, plus la garantie de tels monopoles est certaine. En d’autres termes, plus le gouvernement est fort, plus le producteur est faible, moins on doit lui accorder d’égards et plus on peut lui en retirer… » – Thomas Jefferson.

Notre question du jour est celle-ci : pourquoi est-ce « l’évolution naturelle des choses » ?

Au fur et à mesure que le gouvernement prélève de plus en plus d’argent dans l’économie productive, il en subsiste de moins en moins pour le reste. Puis, à mesure que les autorités fédérales dépensent plus, de plus en plus de gens leur sont redevables ; elles deviennent plus puissantes et plus difficiles à arrêter. Pourquoi les laisser faire ?

Et pourtant, on les laisse constamment faire. La semaine dernière, le SEC a fait une annonce :

« La Securities and Exchange Commission a adopté le 6 mars dernier des règles visant à améliorer et à normaliser les informations relatives au climat communiquées par les entreprises publiques et dans le cadre d’offres publiques d’achat. Les règles finales reflètent les efforts de la Commission pour répondre à la demande des investisseurs qui souhaitent disposer d’informations plus cohérentes, comparables et fiables sur les effets financiers des risques liés au climat sur les activités d’une société, et sur la manière dont elle gère ces risques, tout en tenant compte des préoccupations relatives à l’atténuation des coûts associés aux règles. »

Quoi qu’il en soit, il s’agit de 800 pages d’encouragement pour les avocats spécialisés en valeurs mobilières, les lobbyistes écologistes et les activistes des recours collectifs… un cadeau à ces intermédiaires, qui vaudra sans doute des centaines de millions de dollars.

L’effet papillon

Les entreprises sont déjà tenues de divulguer tous les risques « importants » auxquels elles font face. Désormais, elles doivent déterminer comment leurs émissions affectent l’environnement, comment elles vont gérer le risque, comment la transition vers l’énergie verte va affecter leur activité, le tout dans un luxe de détails et une incertitude insoutenable.

Déjà, « tout est fraude en matière de valeurs mobilières », comme le dit Matt Levine. Désormais, les entreprises peuvent s’attendre à être attaquées sous un nouvel angle, leurs rapports SEC ne mentionnant pas les effets papillon de leurs ventes de beignets à la Nouvelle-Orléans sur les habitudes de sommeil des peuples indigènes du Groenland ou l’utilisation de galoches à New York.

Réglementation sur réglementation… règle sur règle… et exception sur exception !

On finit par obtenir une économie entièrement planifiée et entièrement contrôlée – comme par exemple en Corée du Nord dans l’Union soviétique – dans laquelle tant d’efforts sont consacrés à la réalisation des objectifs et des fantasmes des planificateurs qu’aucun progrès ne peut être réalisé. Le PIB réel s’effondre.

Pourquoi alors laisser le gouvernement se développer ? Il serait pourtant si facile de l’arrêter.

Voici ce qu’en pense le magazine Fortune :

« Barry Sternlicht, milliardaire au franc-parler, cofondateur et PDG de Starwood Capital, géant de l’investissement immobilier, a une solution au plus gros problème de M. Powell. 

‘Ce qu’il doit vraiment faire, c’est traverser la rue et dire au Congrès d’arrêter de dépenser de l’argent comme des marins ivres’, a déclaré M. Sternlicht lors d’une nouvelle interview accordée à l’émission de télévision mondialement diffusée In Depth With Graham Bensinger (ndlr : cette émission propose des interviews de personnalités influentes du monde médiatique, des sportifs et des entrepreneurs à succès). 

‘Vous avez une partie du gouvernement qui a le pied sur le frein – la Réserve fédérale et Powell – et vous avez l’autre partie du gouvernement – le corps législatif – qui dépense autant d’argent qu’elle le peut’, a-t-il déclaré. »

Une promenade utile

Pourquoi Joe Biden « ne traverse-t-il pas la rue » et ne clame-t-il pas auprès du Congrès que « trop c’est trop » ? Il pourrait même ajouter à son message une invitation à « marcher dans les pas de Jésus ». « Vous pouvez dépenser autant que vous voulez. Mais nous n’imprimerons plus d’argent pour couvrir vos déficits. »

Le taux d’approbation de Joe Biden est au plus bas. Les gens doutent de sa capacité à gouverner. Ils doutent qu’il puisse remporter les élections présidentielles de novembre, même face à un ancien président qui fait l’objet de 91 inculpations pénales et qui a déjà fait preuve d’une incompétence clownesque.

Biden ne représente plus les intérêts particuliers – les grandes sociétés de cartes de crédit et les grandes entreprises dont le siège social se trouve au Delaware. Leurs intérêts sont « particuliers » parce qu’ils bénéficient de règles et de réglementations spéciales, conçues pour les aider et paralyser leurs concurrents. Mais aujourd’hui, Joe Biden est censé représenter l’ensemble de la nation, l’intérêt général. Dans l’ensemble, nous nous portons mieux avec moins d’impôts, moins d’inflation, moins de dépenses publiques, moins de règles et moins d’obstacles à franchir. Et en tant que nation, collectivement, nous nous portons beaucoup mieux avec un budget fédéral équilibré.

Alors, pourquoi le budget n’a-t-il pas été équilibré depuis un demi-siècle (à l’exception des trois années de l’administration Clinton où, en comptant les cotisations à la sécurité sociale comme des « revenus », les chiffres ont été positifs) ? Et pourquoi Biden n’a-t-il pas profité de sa glorieuse occasion – le discours sur l’état de l’Union de la semaine dernière – pour annoncer un nouveau programme, adapté à l’intérêt général des Américains, plutôt qu’aux intérêts particuliers de groupes spécifiques ? Un programme qui aurait poussé les intérêts de ces petits groupes à des paroxysmes d’indignation… mais qui aurait rallié le « peuple » derrière lui ? Et s’il avait dit la vérité ?

La suite demain…

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