▪ La situation devient intéressante. Les gouvernements en Europe s’effondrent comme les prêteurs subprimes aux Etats-Unis en 2007. Les petits partis politiques européens gagnent du terrain parce qu’ils refusent les réductions de dépenses proposées.
Toute cette suite d’événements démontre bien que les politiques monétaires et fiscales qui ont échoué en Europe sont devenues des problèmes politiques. La crise financière de l’Etat-providence ébranle la légitimité même de l’Etat-providence. Le financier devient politique.
Certes, les marchés financiers ont été passionnants ces dernières années : on a vu des chaînes de Ponzi aux proportions madoffiennes, des défauts, des faillites, des « krachs éclair », etc. Mais lorsqu’il s’agit de drames et de troubles sociaux, rien ne peut égaler la politique. Et c’est ce qui nous fait peur aujourd’hui.
La crise politique en Europe est la preuve de problèmes structurels profonds au sein de l’Union européenne, des problèmes qui ne peuvent être résolus par un surplus de liquidité de la banque centrale. L’Europe a mis en avant l’union monétaire devant l’union politique, quand elle s’est engagée dans ce chemin il y a plusieurs années. La monnaie commune a permis aux gouvernements européens d’emprunter à des taux d’intérêt bas et de fortement s’endetter.
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Le problème aujourd’hui est qu’il n’y a pas moyen d’imposer une solution politique au problème économique. C’est probablement une bonne chose aujourd’hui de le dire. Imposer des solutions depuis le sommet n’a pas très bien fonctionné ces dernières années. Mais cela laisse les marchés sur un point d’interrogation géant :
▪ Comment finira cette pagaille européenne ?
Une option est que l’Europe suivra le chemin du Japon. C’est là le meilleur scénario possible. Dans ce scénario, les autorités empêchent la crise de la dette d’atteindre son apogée en l’étalant dans le temps. Nous disons « meilleur » scénario dans le sens où une crise longue, qui se prolonge, qui transforme le marché financier en zombie peut être préférable à une crise politique et sociale. Ainsi donc, une crise politique et sociale semble inévitable à ce stade.
Pourquoi attendre ?
Clairement, les architectes de la zone euro ont échoué à tenir compte du fait que les identités/personnalités nationales en Europe sont aussi diverses que le sont les familles élargies. Vous avez la grand-mère sévère, l’oncle fou et au moins deux ados dans leur bulle, essayant de « se trouver ».
Mais les architectes de la zone euro ont ignoré l’hétérogénéité de l’Europe afin d’imposer une fausse homogénéité — une structure dans laquelle, comme Seymour Skinner dans les Simpsons l’observe : « personne n’est meilleur qu’un autre et tout le monde est le meilleur ».
Pendant un certain temps, cette similitude fictionnelle a fonctionné… ou a semblé fonctionner. Mais en vérité, cela n’a jamais vraiment marché… comme le prouve très clairement l’expansion de la crise. Même si la structure de l’Eurozone a permis aux Grecs d’emprunter de l’argent comme s’ils étaient des Allemands, cela ne les a pas empêchés de rembourser leurs dettes comme des Grecs.
Aucune autorité politique ne peut exiger une « similitude ». La similitude multinationale n’existe pas. En outre, à un niveau fondamental, les nations et les individus convoitent leurs identités uniques. Les gens n’aiment pas être « comme les autres ». Ils aiment être différents. C’est pour cela qu’ils se mettent des anneaux dans le nez… ou se teignent les cheveux en bleu… ou votent contre les mesures d’austérité imposées par l’Union européenne et le FMI.
L’Europe se révolte contre la « similitude » — qui, forcée par une monnaie commune, provoque une réaction brutale. Les Français veulent être français. Les Néerlandais veulent être néerlandais. Les Grecs veulent être grecs. Aucun d’entre eux ne veut être allemand. Et les Allemands veulent rester allemands. Toutes ces loyautés primitives, tribales, politiques, sont en conflit avec la similitude et la conformité que requiert l’union politique et monétaire. Il faudra faire un choix.