La Chronique Agora

Eurodollar : le politique ne fait qu’accélérer la chute

▪ Il y a quelques jours, j’étais au Salon du Trading où j’ai eu la chance de rencontrer certains d’entre vous. Pourtant, parmi ces centaines d’échanges et de rencontres, seule une personne a fait preuve de recul.

Cette visiteuse, qui se reconnaîtra, est la seule à s’être souvenue que six mois auparavant, au cours d’un débat d’analystes lors d’un salon similaire, je m’étais fait assez copieusement marginaliser par mes « confrères » optimistes (à l’époque les 4 750/5 000 voire 5 200 en extension étaient des objectifs courants sur le CAC !), apparemment moins indépendants que moi, car j’annonçais une forte chute probable des places financières.

▪ La maladie du siècle : le zapping analytique
Cela reflète un trait important des investisseurs particuliers actuels. Soumis à un flux incessant d’informations, vous ne parvenez plus à le traiter de façon rationnelle et sombrez ainsi dans la maladie du siècle : le zapping analytique.

En clair, vous n’absorbez/analysez plus les informations. Vous passez de l’une à l’autre de façon émotive et brouillez ainsi votre prise de décision et mettant en danger votre capital.

En clair, trop d’info tue l’info…

▪ 2008…
Pour évitez cette situation, revenons à la big picture et évitons l’amnésie collective. Retour en arrière pour essayer d’évaluer la situation actuelle :

– Janvier 2008, Jérôme Kerviel devient le rogue trader le plus connu en France avec 4,9 milliards d’euros de pertes sur produits dérivés. Les transactions frauduleuses auraient démarré dès 2005.

– Septembre 2008, la banque Lehman Brothers fait faillite, incapable de trouver une solution de reprise alors que ses actifs se dévaluent à vue d’oeil et que sa dette explose à 613 milliards de dollars. Un an avant, le magazine Fortune avait décerné à la banque le prix de la banque d’investissement la plus admirée des Etats-Unis.

Les banques centrales sont obligées de se mobiliser pour assurer la liquidité du marché interbancaire, c’est le début d’une crise de confiance sans précédent.

▪ 2011, même combat
Septembre 2011, en l’espace de quelques jours nous apprenons :

– Une fraude de plus de deux milliards de dollars à la banque UBS par un trader travaillant sur un desk Delta One comme Jérôme Kerviel.

– Une intervention commune des banques centrales pour soutenir le système bancaire au bord de la rupture, comme en 2008 puis en 2010 lors de l’annonce des problèmes grecs.

Tout semble similaire… la seule différence ? Nous sommes bien plus endettés maintenant qu’il y a trois ans !

▪ Le politique ne fait qu’accélérer la chute
Plus inquiétant, c’est désormais le secrétaire au Trésor américain, M. Geithner, qui vient donner la leçon aux Européens pour sortir de la crise… No comment ! Ajoutez à cela un Dominique Strauss-Kahn qui remet en cause la stratégie du FMI, et vous conviendrez que rien n’est réglé.

En France, nous avons désormais la présidente du Medef qui s’ajoute à la mêlée pour dire à peu près tout et n’importe quoi.

Le politique ne fait qu’accélérer la chute. L’agence S&P l’a bien compris et sanctionne une à une les nations dont la gouvernance est stérilisée par les débats démagogiques. L’Italie en est la parfaite illustration. Et tout cela pousse l’euro vers le bas…

Première parution dans l’Edito Matières Premières & Devises du 20/09/2011.

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