La Chronique Agora

Attention à un euro trop fort… même sur les petites valeurs

▪ En moins d’une semaine, la devise européenne a gagné plus de 2%. Ce mouvement, commun sur les actions, ne l’est absolument pas sur les devises. Quand l’euro-dollar passe de 1,3470 à 1,3740 en quelques séances, ce n’est pas indolore, notamment pour les entreprises exportatrices.

En fait sur le marché des changes, tout est question de rapidité. Il est bien évident qu’actuellement nous sommes dans une phase d’accélération, préjudiciable à nos grands exportateurs. Mais il n’y a pas que les EADS ou autres Safran qui sont touchés par une hausse désordonnée de l’euro.

Des pans entiers de l’activité sont affectés, et parfois même des sociétés que l’on ne soupçonnerait pas. Safran estimait que quand l’euro prend 10 centimes, cela impacte de plus de deux points sa marge opérationnelle.

▪ Voyons les répercussions que cela peut avoir sur les small caps
Prenez un groupe comme Haulotte, spécialisé dans les nacelles élévatrices. La société précise que ses principaux concurrents sont américains, ayant donc une base de coûts en dollars ; elle subit pleinement les effets d’un euro trop fort. Comment peut-elle concurrencer les sociétés américaines quand, d’office, la parité la pénalise de 35% ?

Même tendance dans le champagne : des groupes comme Laurent Perrier ont des coûts en euro et ne peuvent produire de champagne ailleurs qu’en France. Une devise européenne forte rend le champagne très cher sur le marché américain, en plus de toutes les charges liées à l’exportation même.

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Dites adieu aux usines telles que nous les connaissons…
Selon notre spécialiste, la révolution technologique de la "micro-usine de bureau" est si prometteuse, qu’elle a le potentiel de multiplier par 1 000 chaque euro investi : pour en profiter concrètement, continuez votre lecture…

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Neopost réalise plus de 40% de son activité aux Etats-Unis ; Linedata Services, l’éditeur de progiciels pour les professionnels de la finance, réalise 37% de son chiffre d’affaires aux Etats-Unis. Cela veut dire des pertes de change lors de la consolidation des comptes du groupe, qui sont en euro.

Je m’explique : vous avez une activité en dollar, que vous gérez en dollar et une activité en euro, et vos comptes sont en euro. Quand vous devez fournir vos résultats, ou votre bilan, vous "consolidez" vos chiffres : vous mettez tout sous la même unité, même devise. Ici, en l’occurrence, en euro.

▪ Il y a donc deux effets de change pour nos PME
Primo des pertes de parts de marché à l’international pour des raisons de moindre compétitivité.
Secundo des pertes dans résultats liées aux effets de change.

Une étude de la Deutsche Bank publiée en début d’année estimait que le niveau moyen de l’euro au-delà duquel la perception de la compétitivité se dégrade est autour de 1,37, soit les niveaux actuels.

Et nos petites entreprises restent en général les grandes oubliées de la guerre des monnaies. Lorsqu’elles sont très internationales, elles n’ont pas les mêmes outils que les grandes pour se couvrir — ni évidemment le même pouvoir de négociation.

Donc un bon conseil dans la période actuelle : regardez de très près les petites valeurs présentes à l’international. Si elles ont une part de leur activité trop importante outre-Atlantique, réfléchissez à deux fois avant d’investir.

Je sais : c’est la stratégie inverse de ce qui a motivé pas mal de notes positives de gérants depuis un an (en pariant justement sur la reprise américaine). Mais ne vous inquiétez pas, je serai là pour vous guider…

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