▪ Nous faisons aujourd’hui un petit point rapide sur les zombies.
Comme vous le savez, le taux de croissance des Etats-Unis a chuté de manière plutôt irrégulière, cela depuis la fin de la Deuxième guerre mondiale. A environ 5% dans les années 50 et 60… on a de la chance lorsqu’on peut obtenir 2% de nos jours. Et pour y parvenir, il faut injecter des milliers de milliards de dollars de nouvelles liquidités… et assommer les statistiques.
Après un premier trimestre désastreux, qui a vu une chute de 2,9% de la production américaine, il sera très difficile de revenir à des chiffres décents pour cette année. JP Morgan, par exemple, vient de réduire ses estimations de croissance du PIB pour 2014 à 1,4%.
Ce ralentissement de la croissance s’est produit alors que la technologie avançait à grands pas. On pourrait croire qu’une économie avec plus de technologie se développerait plus rapidement, et non l’inverse. On a donc là une énigme. Pourquoi ces taux de croissance plus bas ?
Nous avons une explication simple à offrir : les zombies.
Le Wall Street Journal a fêté son 125ème anniversaire hier. En l’honneur de l’occasion, il a demandé à quelques penseurs de nous dire comment remettre la croissance sur les rails. M. John Cochrane a répondu avec des réflexions sensées.
"Affirmer que les blocages, le sectarisme ou l’obstruction sont responsables de l’immobilité politique est aussi inutile que de blâmer l’avidité pour les problèmes économiques.
[Les autorités politiques] sont dans l’impasse parce qu’elles servent leurs propres intérêts. Des réglementations longues et vagues, cela revient à du pouvoir arbitraire. L’administration utilise ce pouvoir pour acheter des alliés et faire taire ses opposants. Les grandes entreprises, les syndicats et les personnes ayant de l’entregent reçoivent des subventions et de la protection en retour de leur soutien politique".
En attendant, sur une autre page de ce même Wall Street Journal, on trouve un plaidoyer pour augmenter les financements d’une agence zombie.
▪ Pourquoi ne pas se réguler soi-même ?
"Ne flouons pas la SEC", déclare M. Robert Greitfeld, PDG de Nasdaq OMX Group, une entreprise réglementée par l’agence sus-mentionnée. M. Greifeld fait une affirmation remarquable : selon lui, "l’Amérique prend du retard sur les régulateurs d’autres pays". Nous sommes d’avis qu’en matière de course à la régulation, mieux vaudrait perdre que gagner, mais M. Greifeld soutient la SEC. Il dit qu’elle a besoin de plus de fonds pour pouvoir dire quoi faire à son entreprise… pour s’assurer qu’elle et les autres "traitent les investisseurs de manière équitable et honnête".
Pourquoi M. Greitfeld ne régule-t-il pas sa propre entreprise ? Pourquoi ne traite-t-il pas lui-même les investisseurs de manière équitable et honnête ? |
Pourquoi M. Greitfeld ne régule-t-il pas sa propre entreprise ? Pourquoi ne traite-t-il pas lui-même les investisseurs de manière équitable et honnête ?
Il faut donc tout vous expliquer, cher lecteur ?
A mesure que le temps passe, une économie stable attire de plus en plus de zombies. Il y a des gens qui trouvent des manières de gagner de l’argent, du pouvoir et du statut sans faire d’efforts équitables. Ils ne fournissent ni services ni produits pour lesquels les gens sont prêts à payer. Au lieu de ça, ils utilisent le gouvernement — et dans une moindre mesure, les bureaucraties privées — pour obtenir ce qu’ils veulent. Des allocations. Des places de parking. Des contrats de plusieurs milliards de dollars. Riches et pauvres, les zombies profitent de nous.
On peut trouver des zombies quasiment partout — mais c’est autour de Washington DC qu’ils sont le plus nombreux. Dans la ville elle-même se trouvent les zombies pauvres. A l’est, dans le Maryland, on trouve les zombies de classe moyenne — ceux qui sont payés par le gouvernement. Bon nombre de ces gens ne sont pas des zombies du tout, en réalité. Pompiers, enseignants, agents de voirie — ils fournissent souvent une vraie valeur ajoutée. Mais à mesure que l’on grimpe les échelons, jusqu’aux directeurs de telle agence et les coordinateurs de telle autre… on entre dans le vrai royaume des zombies. Les salaires grimpent. La production identifiable et positive baisse.
Les véritables fortunes, toutefois, se trouvent de l’autre côté du Potomac, dans les banlieues de Virginie, où siègent des entreprises privées ayant des contrats publics. Elles construisent des avions et des chars et conspirent avec des généraux zombies en retraite pour les vendre au Pentagone. Elles fabriquent des médicaments et s’arrangent avec la FDA pour les mettre sur les bureaux des docteurs partout dans le pays.
▪ Vive le capitalisme de copinage !
Sur une autre page encore du Wall Street Journal, Paul et Joseph Rubin, père et fils, défendent le "capitalisme de copinage". Leur argument de base, c’est que le système est infesté de zombies. On ne peut pas s’en débarrasser. Il peut donc parfois être utile de dresser un groupe de zombies contre un autre. On engage un fiscaliste très cher, par exemple. Il vous aide à éviter les zombies du fisc. Confronté à une bureaucratie coûteuse et inefficace, on en installe une autre pour aider les entreprises à s’en tirer.
Ils ont raison, bien entendu. Le monde est plein de zombies. Ils encombrent les rues. Ils emplissent les bars. Ils menacent nos revenus et notre mode de vie.
Bientôt, nous n’aurons plus d’options… Nous serons sur le toit… avec un fusil mais à court de munitions. Nous abattrons les chefs des zombies… mais garderons les dernières balles pour nous-même.