La Chronique Agora

Les Etats-Unis renfloués par le FMI ?

▪ Hier, nous avons appris qui allait gagner la partie — les gens qui parient contre les autorités.

Si l’on tient compte des promesses faites aux seniors, les Etats-Unis ont une dette de 86 000 milliards de dollars — cinq fois la production annuelle du pays. Et cette dette augmente 21 fois plus vite que le PIB.

Personne ne sait exactement ce qui va se passer. Mais une chose est sûre : ça va faire mal. Certains n’auront pas ce qui leur a été promis. C’est mathématiquement impossible.

Qui va se faire avoir ? Dans un article du Financial Times paru il y a quelques jours, Robert Jenkins affirmaient que les Etats-Unis auraient peut-être besoin d’un renflouage du FMI. Pourquoi ?

« Chaque point de pourcentage supplémentaire sur les taux d’intérêt rajoute (au fil du temps) 160 milliards de dollars au financement annuel de la dette [américaine]. Ainsi, une hausse de taux de 5% ajoute 800 milliards de dollars au déficit budgétaire et, si l’on tient compte des intérêts composés, plus de 8 000 milliards de dollars par décennie à la dette nationale ».

« Le deuxième facteur, c’est que plus de 45% de la dette américaine cotée sont détenus par des étrangers. Les Japonais sont endettés vis-à-vis des Japonais. Les Etats-Unis sont endettés vis-à-vis des… Japonais, entre autres ».

« Troisièmement : les obligations souveraines ne sont plus considérées comme étant sans risque. En fait, le monde a généralement pris conscience qu’à un certain niveau de coûts de financement, la dette gouvernementale devient insoutenable. Il y a cinq ans, demander ‘à quel niveau de dette le financement du déficit en Italie ou en Espagne devient-il intenable ?’ aux analystes, économistes ou journalistes aurait fait naître un haussement d’épaules. Posez la même question aujourd’hui, on vous répondra rapidement : ‘7%, bien sûr’. Nous avons appris la leçon ».

« Quatrièmement : dans le monde, on trouve environ 20 000 milliards de dollars d’actifs gérés pour les retraites, 60 000 milliards de dollars d’actifs sous gestion professionnelle, et 600 000 milliards de dollars de produits dérivés divers et variés. Le pricing des risques associés, des rendements attendus et des valorisations est lié directement ou indirectement au rendement des bons du Trésor US — tout cela en partant du principe que le ‘papier’ américain présente un taux de rendement sans risque. Supprimez ce principe, et nous sommes dans un monde financier où la loi de la gravité n’existe plus ».

« [Un autre] facteur : le ‘syndrome de la soeur laide’. Vous êtes-vous demandé pourquoi l’euro est si fort par rapport au dollar ? Que l’euro n’ait pas coulé en dit peut-être plus sur la quête mondiale d’une alternative au dollar que sur la confiance en la détermination de l’Europe à sauver la monnaie unique. Il vaut donc la peine de se demander dans quelle mesure le progrès de l’euro pourrait déclencher une crise du billet vert. Lorsque les projecteurs se détourneront de l’Europe, vers quoi se dirigeront-ils ? »

Sans oublier la falaise fiscale, qui n’a toujours pas disparu.

▪ L’inflation n’est pas si facile à contrôler
L’argent intelligent parie que les autorités américaines feront un geste pour réduire les déficits… puis se mettront à dépenser, dépenser, dépenser. La dette va augmenter, non diminuer.

Ensuite, les dirigeants américains tenteront de s’en sortir par l’inflation, augmentant les prix sur des années plutôt que de faire directement défaut, de sorte que la plupart des gens n’auront pas la moindre idée de ce qui leur arrive. Les créditeurs — dont des millions de personnes âgées — seront perdus… frustrés… en colère. Ils seront aussi plus pauvres. Mais pas plus sages.

Mais attendez. Créer de l’inflation des prix à la consommation est plus difficile que ça en a l’air. Parfois, les prix baissent plus vite qu’ils ne grimpent — même lorsque les autorités impriment des milliards de dollars. Et parfois, les prix peuvent grimper beaucoup plus rapidement que le souhaiteraient les autorités. Ce n’est pas juste parce que les autorités veulent des taux d’inflation modérément plus élevés qu’elles les obtiennent.

Il y a un autre problème. Les prestations sociales de l’Etat américain sont ajustées à l’inflation. Les autorités ne gagnent pas autant qu’on pourrait le penser — du moins pas de taux d’inflation modérément plus élevés.

L’hyperinflation, en revanche, rapporte vite et bien. Les prestations sont ajustées, mais pas assez rapidement pour protéger les seniors.

Les investisseurs obligataires peuvent eux aussi être facilement arnaqués. Quelques points d’augmentation de l’IPC, et c’est l’équivalent de milliers de milliards de dollars d’obligations financières américaines qui disparaît.

Que va-t-il arriver ? C’est bien le diable si nous en savons quoi que ce soit, mais ce sera passionnant, ça ne fait guère de doute.

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