La Chronique Agora

Aux Etats-Unis, le PIB baisse, la productivité aussi

"Si l’argent malhonnête engendre une comptabilité malhonnête, il engendre aussi la malhonnêteté et la corruption dans tous les aspects de l’existence — des conseils des grandes banques jusqu’au plus petit agent économique".
— Dylan Grice

▪ Nous avons passé les derniers jours à réagir à deux nouvelles informations aux Etats-Unis. Pour commencer, le taux d’inflation a été plus élevé que prévu, à 2,1%… puis le chiffre du PIB US pour le premier trimestre a été réajusté bien plus bas qu’attendu, à MOINS 2,9%.

Mme Yellen a écarté la hausse de l’inflation comme étant "du bruit". Mais parmi le vacarme des statistiques menteuses et des chiffres trompeurs, il est très difficile de faire la distinction entre le bruit et les signaux importants. De plus, nous savons que la présidente de la Fed est sourde comme un pot. D’autres chiffres de l’inflation sont bien plus élevés ; selon la formule utilisée par les autorités en 1990, le véritable niveau de l’inflation aux Etats-Unis est de 6%, et non 2%.

A ce taux, la chute du PIB est bien plus conséquente que l’admettent les autorités américaines. Il faut soustraire l’inflation de l’activité économique nominale pour arriver au taux de croissance économique réel. La croissance nominale pour le premier trimestre était de 0,8%. Si le chiffre de 6% avait été utilisé, la chute aurait été de -6,8% — ce qui aurait retenu l’attention des investisseurs.

Les investisseurs ont compris que l’économie n’est plus pertinente pour ce qui concerne les prix des actions

Mais Wall Street a digéré la nouvelle sans beaucoup d’inconfort. Il n’en a résulté ni gaz ni indigestion. La chute du PIB a été attribuée au mauvais temps et autres événements "uniques en leur genre". Les chiffres de l’inflation ont été ignorés purement et simplement. Ni l’un ni les autres n’avaient vraiment d’importance. Parce que les investisseurs ont compris que l’économie n’est plus pertinente pour ce qui concerne les prix des actions. Ce qui compte, c’est le crédit. Tant que le crédit est disponible à des taux inférieurs à l’inflation, les brasseurs d’argent l’utiliseront pour faire grimper les cours, utilisant les rachats, les fusions-acquisitions et autres trucages.

▪ Pendant ce temps, la productivité décline…
L’investissement dans de nouvelles usines et entreprises, parallèlement, décline. On pourrait se dire que des entrepreneurs visionnaires et industrieux utiliseraient le crédit bon marché pour construire de nouvelles entreprises. Apparemment pas.

La productivité US a diminué de 3,5% au premier trimestre, soit six points de pourcentage sous le taux de croissance moyen. Là aussi, les chiffres sont ajustés à l’inflation. Si on appliquait le taux d’IPC de 6%, le déclin réel de la productivité atteindrait le taux catastrophique de 7,5%.

Les lancements d’entreprises sont elles aussi inférieures d’environ 30% au taux annuel moyen des années 80. Les grosses sociétés bien établies peuvent emprunter à taux bas… et utiliser l’argent pour faire grimper leur propre cours. Les start-ups, en revanche, n’obtiennent souvent pas de prêts du tout.

Sans nouvelles activités, nouvelles usines et équipements, nouvelles technologies et nouveaux business models, la productivité chute

Non seulement ça aide à expliquer le faible taux d’emploi, c’est également un facteur majeur — selon les professeurs Prescott et Ohanian, écrivant dans le Wall Street Journal la semaine dernière — contribuant à la chute de la productivité. Sans nouvelles activités, nouvelles usines et équipements, nouvelles technologies et nouveaux business models, la productivité chute.

Tous ces maux économiques peuvent être attribués à la Fed. Les politiques d’argent facile de cette dernière ont engendré une mentalité d’argent facile dans tout le monde financier. Les investisseurs veulent des profits simples et rapides — provenant de manipulations boursières plutôt que du long et difficile travail de l’investissement.

L’argent corrompu mène à une économie corrompue.

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