La Chronique Agora

Une "décennie perdue" pour les Etats-Unis… et une autre s'annonce

▪ Un article du Financial Times nous annonçait lundi que les Américains sont peut-être confrontés à « une décennie perdue », comme les Japonais dans les années 90.

Quoi ? Nous avons perdu un week-end ou deux. Mais comment peut-on perdre toute une décennie ?

Les Américains y sont déjà parvenus… comme nous le verrons dans quelques lignes.

En attendant, qu’y a-t-il de neuf aujourd’hui ?

Eh bien, la Banque centrale européenne ne veut pas donner d’argent aux Grecs. Avant de leur donner plus, la BCE veut qu’ils reprennent les choses en main.

Ce petit drame met les marchés sur les dents. Ils baissent, ils regrimpent… ils sont indécis. Le pétrole est à la baisse.

La dette américaine à deux ans, en revanche, connaît une série gagnante depuis 10 semaines. Vous savez ce que ça signifie, lorsque le prix de la dette grimpe et que le prix du pétrole baisse ? C’est que l’économie est plus faible.

Nous ne nous en soucions pas particulièrement. Nous avons notre histoire, et nous nous y tiendrons jusqu’à ce que les faits nous donnent tort. Et encore.

▪ Voici notre point de vue :

Après 60 années d’expansion de la dette, le monde développé — mené par les Etats-Unis — est entré dans une période de contraction du crédit. C’est ce que nous appelons la Grande correction. Nous savons que cette dette est en train d’être consolidée — au moins dans le secteur privé. Nous savons que ça pèsera sur l’économie pendant encore plusieurs années.

Nous savons aussi que les efforts de la Fed pour lutter contre la correction plantent le décor d’une autre crise et d’une autre correction — dans le secteur public, cette fois-ci.

On dirait donc que deux choses au moins seront corrigées — la dette privée… et la dette publique. Au-delà, nous ne sommes pas certains des excès, des erreurs et des absurdités que cette correction ciblera. Seul le temps nous le dira.

Pour l’instant, tous les faits qui sont apparus ces quatre dernières années semblent corroborer cette idée d’une Grande correction. Comme nous le prévoyions, les emplois sont rares. Les dépenses de consommation sont faibles, les ménages tentant de réparer leurs finances. Et l’économie se traîne, avec une croissance réelle du PIB négative ou à peine positive.

A quoi est-ce que ça vous fait penser ?

Au Japon, bien entendu, qui vit une Grande correction depuis 20 ans.

Même si, en termes de crédit, le sommet n’a pas été atteint avant 2007 aux Etats-Unis, nous commençons à penser que la correction elle-même a débuté en 2000. Depuis, les emplois, les actions, l’immobilier et le PIB réel per capita stagnent. En d’autres termes, une correction furtive dure depuis déjà 10 ans… et ne s’est pas déclarée ouvertement avant 2007.

Depuis une dizaine de jours, plusieurs articles de la presse financière préviennent que les Etats-Unis pourraient se trouver confrontés à une « Décennie perdue » semblable à celle des années 90 au Japon. Ils peuvent cesser de s’inquiéter. Nous avons déjà perdu une décennie.

Et une autre « décennie perdue » s’annonce.

Il suffit d’ouvrir l’International Herald Tribune :

« Les longues files de chômeurs dans les villes américaines pourraient durer des années, selon les conclusions d’une étude »…

Et le sous-titre :

« Selon le rapport, de nombreuses régions ne retrouveront pas leurs niveaux d’avant-récession avant 2020 ».

Oui, cher lecteur… une « décennie perdue » a déjà eu lieu. Une autre arrive.

Perdre une décennie peut être de la malchance. Deux, ça commence à ressembler à de l’imprudence. De l’inattention. Ou du vol. Restez à l’écoute…

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