La Chronique Agora

Est-il temps d'investir dans la devise brésilienne ?

** Les marchés financiers mondiaux ont dégringolé ; le dollar a trébuché. La Banque centrale américaine, paniquée, a baissé les taux de manière radicale et surprenante.

– La baisse de taux a permis d’éviter un effondrement du marché, pour l’instant (les bourses mondiales sont remontées à des niveaux supérieurs à leurs chutes récentes). Mais le bricolage de Bernanke ne fait qu’exacerber le malaise budgétaire américain. Casser les taux ne fait qu’affaiblir un dollar déjà vacillant, et maltraite d’autant plus les détenteurs de dollars dans le monde entier.

– Elément important, ces détenteurs de dollars sont également des détenteurs de bons du Trésor US. En d’autres termes, ce sont eux qui financent les déficits titanesques des Etats-Unis. Si les USA maltraitent les détenteurs de dollars, ils risquent de perdre le financement qui maintient les intérêts à long terme à un taux raisonnable, et donc qui maintient l’économie américaine à flots.

– Seul un fou prendrait le risque de perdre le financement à long terme des Etats-Unis simplement pour éviter que le Dow ne perde quelques points. Mais la folie se dissimule parfois sous un semblant de perspicacité, surtout à Washington.

– En résumé, cher investisseur, nous traversons en ce moment une période stressante et périlleuse pour l’économie américaine et pour tout investisseur qui compte sa fortune en billets verts. Les risques prolifèrent à la vitesse des forêts de bambou, tandis que les investissements refuges disparaissent aussi vite que la forêt amazonienne.

– Les bourses ne sont pas des lieux sûrs, l’immobilier n’est pas un investissement sûr, et les T-Bonds ne seront bientôt plus du tout sûrs eux non plus. Il y a beaucoup de raisons de s’inquiéter en ce moment… peut-être trop.

** Les tendances récentes du dollar US sont peu encourageantes. Le real brésilien et le peso uruguayen demeurent en dessous de leur valeur en dollars de 1998, mais les deux devises ont gagné du terrain ces dernières années. Le dollar est encore "loin devant" le real, mais pas aussi loin qu’il l’était il y a quatre ans, lorsque votre éditeur est tombé amoureux des plages brésiliennes.

– "Votre correspondant new-yorkais… a passé toute la semaine allongé sur une plage brésilienne — ou plutôt sur différentes plages brésiliennes" écrivions-nous dans la version américaine de la Chronique Agora du 19 février 2004. "Ce genre d’inactivité extrême en plein soleil ne convient pas à tout le monde. Mais certains d’entre nous peuvent supporter la torpeur tropicale pendant de courtes périodes". 

– "Etendu sur le sable, votre correspondant a essayé de ne penser à rien… et a presque réussi. Mais il n’a pas pu échapper complètement à ses déformations professionnelles. Par exemple, il n’a pas pu s’empêcher de constater que la devise brésilienne — le real — est très très faible, malgré une économie locale plutôt forte. Et il n’a pas pu s’empêcher d’imaginer que le dollar américain pourrait suivre la voie du real, en faveur des investisseurs étrangers.

– "Il y a cinq ans, un real équivalait à un dollar. Aujourd’hui, un Brésilien doit réunir trois reals pour acheter un dollar. Nous nous sommes dit que le dollar et le real atteindraient peut-être de nouveau la parité — soit parce que les finances nationales du Brésil vont continuer à s’améliorer, soit parce que les finances nationales des Etats-Unis vont continuer à se dégrader, soit les deux. Ce qui est intéressant, c’est que personne n’imagine que le real et le dollar pourraient un jour être de nouveau au même taux. Et pourtant, le real est l’une des seules devises à avoir grimpé face à l’or ces deux dernières années".

– "Les statistiques officielles du Brésil montrent que l’économie du pays progresse de façon marginale. Mais les faits sont beaucoup plus parlants. Les centres commerciaux sont bondés, les bars et les restaurants sont pleins (au moins le week-end), et tout l’état de Sao Paulo semble être ‘en travaux’."

– Près de quatre ans ont passé depuis la publication de ces mots, et la valeur du real en dollar a grimpé de près de 70% pendant ce laps de temps. Le real n’a pas encore récupéré tout le terrain qu’il a perdu face au dollar il y a dix ans, mais il progresse rapidement.

– Nous n’irions pas jusqu’à vous conseiller d’investir vos dollars — qui possèdent malgré tout une certaine valeur — dans le real. Mais l’idée n’est peut être pas mauvaise.

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