La Chronique Agora

La deuxième loi de la thermodynamique appliquée à la finance

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Jusqu’ici, tout va bien.

2017 se présente plutôt bien… du moins vu d’un oeil cynique et amusé.

Nous avons rarement vu autant de gens croire à des choses aussi fausses.

Dire à des entreprises où installer leurs usines ne protègera pas l’emploi, ni n’en créera…

… Gonfler le marché actions ne rendra pas les entreprises américaines plus rentables…

… Réduire le déficit commercial ne boostera pas vraiment la croissance économique des Etats-Unis…

… Placer des milliardaires de Wall Street et des compères du complexe militaro-industriel à des postes de pouvoir ne réduira pas l’influence du Deep State…

… Réduire la fiscalité « sans incidence sur les recettes » n’augmentera pas vraiment les bénéfices des entreprises et ne provoquera pas une expansion…

… Les Russes n’ont pas vraiment fait pencher les électeurs en faveur de Trump…

… Les quatre prochaines années ne seront pas une réplique de la publicité télévision de la campagne de Reagan « Morning in America« …

Et l’on pourrait continuer encore et encore. Presque toutes les principales aspirations publiques, à l’aube de 2017, sont de dangereuses illusions.

Un auteur a récemment écrit dans le Wall Street Journal que le deuxième principe de la thermodynamique était sous-apprécié.

Ce principe est exprimé et compris de multiples façons. Mais il est le résultat d’une observation : si vous voulez que la soupe reste chaude, vous devez avoir une source de chaleur.

Sinon, la soupe se refroidit et passe à température ambiante. Avec le temps et sans apport d’énergie, tout passe à température ambiante, nous y compris.

Nous consommons des aliments. Cette nourriture alimente notre fourneau biologique. Nous convertissons une part de cette énergie alimentaire en chaleur, une part en locomotion et une part en activité cérébrale. Privés de cette nourriture… nous sommes fichus.

Il existe un parallèle entre le second principe de la thermodynamique et l’économie et les marchés : les actions ne grimpent pas d’elles-mêmes. Il faut du chiffre d’affaires, des bénéfices… ou des apports d’argent.

Si vous retirez l’argent spéculatif, la bulle spéculative se refroidit, se dégonfle… ou s’effondre.

Lorsque le progrès fait marche arrière…

L’économie a besoin d’apports également.

Normalement, les gens économisent… et utilisent leurs économies comme une sorte de combustible, en s’en servant dans de nouveaux projets. Certains investissements sont une réussite. D’autres sont un échec. Lorsque les réussites dépassent les échecs, il se crée de nouvelles richesses qui font avancer l’économie.

Mais si une part trop importante du surplus réel du pays – ses économies réelles en temps, argent et ressources – est placée dans de mauvais investissements, des guerres de connivence, des dessous de tables versés à des initiés ou des programmes de soutien pour zombies, la croissance ralentit.

Le progrès peut également faire marche arrière… Le Venezuela, par exemple, recule rapidement.

On ne peut se figer. On a besoin d’énergie, même lorsque l’on est dans le coma.

Comme l’a dit Norman Mailer, vous ne pouvez résister au changement, mais vous « paierez plus cher pour rester pareil ».

Au cours de ces 30 dernières années, la croissance économique américaine s’est réduite de moitié. Les raison expliquant cela font l’objet de vastes débats. La démographie ? La dette ? Les technologies ?

Le taux de croissance n’a plus dépassé 5% depuis 2003

Bloomberg Markets indique que de plus en plus de baby boomers prennent leur retraite… c’est-à-dire qu’ils quittent l’économie productive :

« De plus en plus de baby-boomers commencent la nouvelle année avec rien d’autre au programme que jouer au golf, voyager et passer du temps avec leurs petits-enfants.

Le nombre d’Américains âgés de 65 ans ou plus, ne souffrant pas d’un handicap et ne faisant pas partie de la main-d’oeuvre a augmenté de 800 000 au quatrième trimestre 2016, ce qui marque la reprise d’une tendance à long-terme : l’exode de leur génération, qui quitte la main-d’oeuvre pour partir à la retraite.« 

Autrement dit, l’énergie s’épuise. L’Amérique paye plus cher pour rester immobile.
[NDLR : Refusez que votre épargne reste immobile et stagne. Avec une mise de fonds modeste, vous pouvez vous créer une véritable retraite de ministre. Comment ? Cliquez ici pour le savoir.]

… les élites, les compères et les zombies s’empressent

Le troisième principe de Bonner est vaguement relié au deuxième principe de la thermodynamique : plus l’arbre est ancien, plus les insectes, vers et écureuils en tirent profit. Le cabinet de curiosité de M. Trump a toutes sortes de plans et projets en tête. Certains sont bons. D’autres sont mauvais.

Ils promettent aux Américains de leur offrir un « meilleur » pacte qui « restituera sa grandeur à l’Amérique ». Mais cela ne fonctionne pas ainsi. Le gouvernement américain est un vieil arbre ayant dépassé depuis longtemps le cap du déclin de l’utilité marginale. Ce qu’il faut, ce ne sont pas de meilleurs pactes, mais qu’il y en ait moins. Ces pactes prennent de l’énergie et fournissent un abri aux parasites.

Wall Street et les fournisseurs de l’armée comptent déjà leur argent ; cela se remarque dans le cours de leurs actions, qui atteint désormais des plus-hauts historiques.

Au fil du temps, les apparatchiks, élites, compères, zombies, planificateurs, Je-Sais-Tout, initiés, intrigants et rêveurs – qui promettent tous de « meilleurs » pactes – consomment de plus en plus d’énergie.

Un pacte est conclu pour maintenir une usine dans l’Ohio. L’Etat prend en charge les pensions pour sauver une société privée. Des avions, navires et systèmes informatiques sont commandés… non parce qu’ils sont réellement nécessaires, mais parce que les lobbyistes, conseils en communications et esprits intéressés ont fait leur boulot.

Cela demande une gestion administrative. Des tweets sont envoyés. Des avocats sont engagés. La « déperdition de chaleur », générée par une friction inutile et des « investissements » stériles, augmente.

Et tout le système ralentit, se refroidit, et pourrit jusqu’à ce que les branches tombent.

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