La Chronique Agora

Quand entrer sur les marchés boursiers… et quand en sortir

richesse

▪ Nous explorons en ce moment un sujet difficile : les limites de la connaissance… et comment investir intelligemment dans un monde d’ignorance.

Lorsqu’un nouveau programme gouvernemental est annoncé, on ne peut jamais savoir quelles en seront les conséquences, visibles et invisibles. Des programmes similaires ont peut-être échoué 100 fois auparavant, mais cette fois-ci pourrait être différente.

De même, dans le monde de l’investissement, on ne sait jamais ce qui va se passer… ou pourquoi ça arrive. Il faut quand même hasarder quelques suppositions. Parfois justes. Parfois fausses. Et, si l’on est intelligent, toujours avec une bonne dose de doutes.

Certaines choses, cependant, sont plus probables que d’autres. Si vous aviez mis votre argent dans l’immobilier américain en 2007 parce que "l’immobilier ne baisse jamais", vous étiez en train de parier sur une chose qui aurait pu être vraie. Mais elle aurait aussi pu ne pas l’être. On risquait de perdre de l’argent une fois la vérité connue.

Aujourd’hui, si quelqu’un vous dit que "l’immobilier ne baisse jamais", on vous conseille de parier contre — parce que l’expérience récente nous dit que cette hypothèse est absolument fausse.

"Cette fois-ci, c’est différent", commence la phrase, suivie de "parce que…"

▪ Normal, anormal
Historiquement, les marchés font des allers-retours, contenus dans un canal "normal". Les actions, par exemple, s’échangent généralement entre 10 et 20 fois les bénéfices. A l’occasion, elles sont plus chères. Parfois, elles le sont moins. Lorsqu’elles sont à plus de 20 fois les bénéfices, les acheteurs ont généralement une hypothèse justifiant ce cours élevé. "Cette fois-ci, c’est différent", commence la phrase, suivie de "parce que…" On ne peut jamais savoir si cette hypothèse est vraie. On peut savoir, par expérience, si des hypothèses similaires se sont révélées fausses. Mais on ne peut être certain que celle-ci aussi sera infirmée.

Cependant, à mesure que les cours grimpent, le profit potentiel lié à un pari contre la nouvelle hypothèse "extraordinaire" augmente lui aussi. Nous ne savons pas à partir de quel seuil une position à découvert représente un bon rapport qualité/prix, mais ça doit exister. A vue de nez, en chiffres ronds, sur les marchés boursiers, nous dirions qu’il se situe à 20 fois les bénéfices. Chaque fois que le PER du marché dépasse les 20, il vaudrait probablement mieux sortir.

Le même phénomène se produit à la baisse. A un moment donné, les investisseurs pensent que c’est la fin du monde… ou simplement "La Fin des Actions" — comme le formulait le célèbre titre de BusinessWeek en août 1982, au tout début du marché haussier le plus important de l’histoire. Ils vendent alors les valeurs pour des prix cassés, en se basant sur une hypothèse qui n’est prouvée. La plupart du temps, la fin du monde n’a pas lieu et les actions remontent. A nouveau, nous ne pouvons pas savoir à quel niveau il devient profitable de parier contre l’hypothèse de "fin du monde". Mais nous allons nous en tenir à nos chiffres ronds et dire 10 fois les bénéfices.

Surveillez ces deux niveaux, pour vos investissements !

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