Lequel des deux aura la priorité, si nous faisons face à de réelles pénuries énergétiques et une inflation incontrôlée cet hiver ?
Nous avions un peu oublié que nous sommes en permanence en « état d’urgence » dans ce pays depuis début 2020. Nos dirigeants nous ont infligé l’état d’urgence sanitaire au nom du « nous sommes en guerre » (contre un virus), puis nous avons eu droit au même « nous sommes en guerre » lors du déclenchement du conflit en Ukraine. Et Macron enchaîne ce 5 novembre avec « l’état d’urgence écologique ».
Déclarera-t-il demain « nous sommes en guerre contre le carbone, ceux qui en consomment trop doivent être contrôlés, confinés, privés du droit de polluer car ce sont des ‘non-citoyens’ de la planète » ?
Cette « sortie » grandiloquente tombait à la veille de la COP27, qui se déroule du 6 au 18 novembre en Egypte et où tous les décideurs – du publics ou du privé – de la planète se rendront dans leur jet privé ou en gros porteurs officiels à Charm el-Cheikh, au sud du Sinaï.
Stars de la COP
Pas moins de 35 000 participants en provenance de 200 pays ont atterri depuis dimanche. Macron fera partie des chefs d’état qui veulent « porter un message », tout comme Joe Biden. Ce dernier rencontrera-t-il d’ailleurs le prince héritier saoudien, Mohammed Ben Salmane, ou les deux s’éviteront-ils soigneusement ?
Une des « stars » de cette Cop-27 sera le « nouveau » président élu brésilien, Lula da Silva… mais ça chauffe au Brésil, où des soupçons de fraude font descendre des millions d’électeurs pro-Bolsonaro dans les rues.
Mais, pour tous les participants à la COP27, il ne fait aucun doute que c’est Jair Bolsonaro qui a le plus outrageusement défriché la forêt amazonienne, c’est à dire gravement abimé l’un des plus remarquables poumons de la planète : il n’aurait pas été le bienvenu à Charm el-Cheikh.
Xi Jinping (Chine) et Narendra Modi (Inde), les présidents des deuxième et troisième pays les plus pollueurs au carbone sur cette planète, boycottent l’événement. Mais, même s’ils représentent trois milliards de consommateurs d’énergie, les Etats-Unis restent n°1, avec une consommation qui équivaut à celle des deux pays précités.
La différence, c’est la consommation de charbon gargantuesque de ces deux-là… Mais en termes de « mix énergétique », la Chine s’avère en réalité plus vertueuse que la Pologne, avec une plus grande part d’hydroélectricité et de renouvelable (notamment éolien) et une spectaculaire montée en puissance du nucléaire (qui marginalise progressivement le charbon).
Pour rappel, les Etats-Unis se sont engagés sur une « neutralité carbone » d’ici 2050, la Chine a promis de l’atteindre en 2060 et l’Inde en 2070.
Ce sera probablement trop tard, car, selon les chiffres de l’ONU publiés fin octobre, juste avant le sommet, le monde se dirige vers un réchauffement « catastrophique » de 2,5°C d’ici 2100, alors que la COP de Paris en 2015 voulait tenter de le limiter à 1,5°C.
Les croyances de la finance
La finance pour une fois joue le beau rôle et se veut très proactive en matière de décarbonation. Des fonds activistes mettent par exemple une pression maximale sur les banques pour qu’elles cessent de financer des entreprises comme les compagnies pétrolières, gazières ou minières (ne parlons même pas de celles qui extraient du charbon).
La chasse au CO2 devient si obsessionnelle – il ne se crée pratiquement que des fonds ESG qui traquent le moindre atome de carbone – que cela donne lieu à une vague de « greenwashing » (se faire passer pour faussement écolo, par tous les moyens) afin de s’attirer les bonnes grâces des investisseurs.
Car la finance « croit en la science », n’est-ce pas ?
Tout comme elle a cru dans la Modern Monetary Theory (MMT), inventée de toute pièce pour justifier a posteriori le recours immodéré à la planche à billet, parce que les données relevées durant des années démontraient que créer de l’argent à partir de rien n’entraînait pas de dérives inflationnistes… le taux de rotation monétaire ayant même tendance à ralentir au fil des ans.
En réalité, la MMT relevait à peu près du même degré de rigueur scientifique qu’une superstition, habillé d’un sabir technico-financier et de quelques captures-écrans de tableurs excels ou graphiques nourris de données sélectionnées au doigt mouillé et aussi maquillées que des bagnoles volées.
« Pas de conséquences inflationnistes » : tout semblait coller à la réalité, pas de relation de cause à effet, tout le monde s’en contentait.
Et il en va de même avec le CO2, mais avec une conséquence inverse : plus notre civilisation terrestre émet de CO2, plus la planète se réchauffe. Relation de cause à effet, tout semblait coller à la réalité, pas de relation de cause à effet, tout le monde s’en contentait.
Pire que le CO2
Mais en réalité, tout ce en quoi croit le monde de la finance fonctionne à l’envers du consensus le mieux partagé. Il y a bien de l’inflation, et non, le réchauffement climatique ne découle pas du CO2, mais c’est l’inverse. C’est un réchauffement graduel sur des siècles qui débouche sur l’accélération du cycle du carbone, et non l’inverse.
En ce qui concerne des réchauffements plus rapides (mini-cycles de quelques décennies), la quantité d’énergie expulsée par le soleil subit également des « sautes d’humeur », l’intensité de son rayonnement électromagnétique est désormais beaucoup mieux mesuré grâce à la profusion des satellites et permet d’établir une relation très étroites et pertinente, ce qui réduit par un facteur 5 l’impact supposé du carbone résultant des capacités humaines.
Par ailleurs, l’éruption gazeuse d’un seul volcan « gris » islandais, indonésien, du Guatemala, du Kamtchatka ou même de l’Etna peut émettre énormément de CO2 dans l’atmosphère en quelques heures. Aboutissant à un total de 100 à 500 millions de tonnes par an en moyenne, contre 36,3 milliards de tonnes pour l’ensemble des émissions de CO2 dans le monde, en 2021.
Mais cela reste en fait marginal en comparaison des particules de dioxyde de soufre qui absorbent au contraire l’énergie solaire et peuvent en quelques semaines marginalement refroidir l’atmosphère terrestre (éruptions du mont Saint Helens, Krakatoa, Pinatubo, Tambora, Raung, etc.), c’est-à-dire accomplir en un clin d’œil à l’échelle géologique ce qu’un quart de siècle d’efforts de réduction d’émissions de CO2 n’a pu engendrer.
Et aucun modèle ne permet de démontrer avec certitude que cela serait efficace, tant il existe de paramètres encore mal connus influant sur le réchauffement climatique terrestre (comme les vents solaires chargés de particules à haute énergie que l’on ne savait pas mesurer il y a 30 ans, la fonte du permafrost, etc.).
Le méthane a été longtemps ignoré mais les scientifiques estiment qu’il est beaucoup plus « nocif » que le CO2 en terme de réchauffement de la planète. Son seul point positif est qu’il a une durée de vie moins élevée dans l’atmosphère… Et l’humanité en émet beaucoup moins que du CO2 : quelques centaines de millions de tonnes par an.
L’Australie prend en tout cas les émissions de méthane très au sérieux car la principale source d’émission, ce sont les gaz provenant de la digestion des ruminants (bovins et ovins)… et, dans ce cas, l’Australie serait le premier pollueur/réchauffeur de la planète. Tandis que l’Inde, qui, pour des raisons culturelles, élève peu de bétail, serait en queue de peloton !
Totem sacré
Il n’y a certes aucun doute sur l’augmentation des émissions de CO2 d’origine humaine, mais ces émissions nourrissent notamment des structures comme la Grande barrière de Corail, le golfe du Mexique, les forêts tropicales, etc., qui en absorbent une partie. Alors que ces émissions ont doublé depuis les années 1980, la concentration atmosphérique de CO2 est ainsi passée de 350 à 380 ppmv [NDLR : il y a quelques années] dans l’intervalle.
Et n’importe quel volcan gris, à tout moment, peut clouer au sol les avions dans un rayon de 5 000 kilomètres, rendre dérisoire des décennies d’efforts humains pour réguler le climat (dans un sens comme dans l’autre d’ailleurs).
Mais, le CO2, c’est l’urgence indiscutable que nul n’est autorisé à remettre en cause sous peine d’accusation de blasphème et d’excommunication.
Il en allait de même avec la MMT : quelques « infidèles » osaient le blasphème de la critique, ce qui leur valait l’excommunication des plateaux TV.
La MMT constituait un totem tellement sacré que, lorsque l’inflation refit surface, les banques centrales déclarèrent qu’elle n’avait rien à faire dans nos économies, qu’elle n’était là que de façon temporaire, et qu’il fallait la traiter comme un supporter éméché faisant irruption tout seul sur la pelouse en plein match, suite à un pari stupide avec des potes un peu lourdauds.
Erreur, c’est bien toute la tribune qui envahit le terrain et le match doit être arrêté définitivement pour être reporté à une date ultérieure.
Et peut-être qu’en sifflant la fin de la partie, les banquiers centraux vont provoquer une récession telle que les émissions de Co² chuteront de façon aussi spectaculaire que lors du 1er confinement de mars à juin 2020.
Mais si nous en arrivons là, cette problématique du Co² au cœur de la COP-27 deviendra une préoccupation bien lointaine par rapport à la stagflation qui asphyxiera nos économies !