La Chronique Agora

Energie-eau : l'Eldorado pétrolier des années à venir

▪ Pour la décennie à venir, je crois sincèrement que la plupart des bonnes opportunités d’investissement vont émerger des quatre ressources naturelles suivantes : l’eau, l’agriculture, l’or et l’énergie. Et certaines de ces opportunités seront une combinaison de plusieurs ressources. L’une des combinaisons les plus étonnantes est celle que j’appelle le lien énergie-eau.

Il faut de l’eau pour produire de l’énergie et de l’énergie pour produire de l’eau potable. Ce lien crée beaucoup de possibilités de bénéfices. Parfois, elles ne sont pas si évidentes. Mais souvent une entreprise qui possède les compétences en matière de traitement d’eau possède également les compétences en matière d’énergie. Le lien entre l’eau et l’énergie est au moins aussi ancien que la méthode qui consiste à pomper de l’eau dans les puits de pétrole pour en accroître la production.

Mais le lien entre ces deux liquides précieux est en train de changer.

Jetons un oeil à l’un des liens les moins évidents…

▪ Vous ne vous en rendez peut-être pas compte, mais deux tiers du pétrole découvert reste dans le sol. Le taux de récupération est de seulement 35%. Et si nous pouvions récupérer plus du pétrole que nous avons déjà découvert ?

Si le taux de récupération passait à 50%, la quantité de pétrole récupérable dans le monde augmenterait de 1 200 milliards de barils. Selon l’AIE, cela doublerait les réserves confirmées d’aujourd’hui. Une telle quantité de pétrole ferait briller l’oeil d’un vieux pétrolier cynique, et ferait même palpiter son coeur. En réalité, de nombreux gros cerveaux bouillonnent nuit et jour pour tenter de régler ce problème.

"C’est la récompense du prochain demi-siècle," a déclaré Howard Mayson, vice-président du secteur technologie chez le géant britannique du pétrole, BP, cité dans le Wall Street Journal. BP repose énormément sur les méthodes de récupération assistée. Ces méthodes visent à améliorer le taux de récupération du pétrole.

Comme le rapporte le Wall Street Journal :

"La récupération assistée est vitale pour les plus grosses entreprises pétrolières, comme Exxon Mobil Corp. et BP, qui subissent une énorme pression de la part des actionnaires pour continuer à augmenter la production et avoir accès à de nouvelles réserves. Mais c’est difficile quand les entreprises sont exclues d’endroits riches en pétrole, comme le Moyen-Orient ou la Russie. Alors ils comptent de plus en plus sur les gisements existants, dont certains produisent du pétrole depuis déjà des décennies."

C’est comme essorer une éponge plus fort pour en extraire tout ce que vous pouvez. La bonne vieille méthode, c’est simplement de remplir le réservoir d’eau. L’idée étant de créer suffisamment de pression pour qu’il soit plus facile de pomper le pétrole. Ce n’est pas très efficace, mais cela fonctionne un certain temps. Mais il devient aussi plus difficile de s’assurer un approvisionnement en eau. C’est la raison pour laquelle les entreprises pétrolières achètent des droits de captation d’eau à l’Ouest. En ce moment, l’extraction d’huile de schiste consomme énormément d’eau.

▪ Plutôt que d’utiliser de l’eau, certaines entreprises remplissent les réservoirs de dioxyde de carbone. Les entreprises ont pour habitude de stocker du dioxyde de carbone dans de vieux réservoirs inutilisés. En se servant de cette méthode de récupération du pétrole assistée, ils peuvent utiliser ce dioxyde de carbone. BP utilise cette méthode dans son réservoir de Prudhoe Bay, et c’est efficace. Les taux de récupération sont de 60%. Maintenant, Prudhoe Bay, que l’on pensait dans les années 1980 voir cesser d’extraire du pétrole dans les trente ans à venir, semble reparti pour encore cinquante ans.

Le Wall Street Journal décrit une autre méthode utilisée par BP : "remplir les réservoir de polymère qui gonfle comme du pop-corn quand il entre en contact avec les pierres chaudes, et fait ressortir plus de pétrole des recoins difficiles à atteindre."

Le nom de ce polymère, c’est BrightWater. Une entreprise possède un brevet sur ce matériau et s’en sert à bon escient. Cette entreprise, c’est Nalco Holding (NLC : NYSE), une entreprise que j’ai recommandée il y a plusieurs mois. BP utilise BrightWater en Argentine et au Pakistan. "BP affirme que le pétrole supplémentaire produit grâce aux nouvelles technologies au cours des vingt prochaines années sera quasiment équivalent à la découverte d’un nouveau gisement majeur", rapporte le Wall Street Journal.

▪ "Nalco ?", dites-vous, "Mais Nalco n’est elle pas l’une des plus grandes entreprises du monde en matière de purification de l’eau pour les industries ?". C’est ce que nous voulons dire quand nous parlons de lien énergie-eau. Les deux sont étroitement liées. Et Nalco est assis entre les deux.

L’année dernière, le secteur services en énergie de Nalco était en excellente position. Les ventes ont augmenté de 17%. Au quatrième trimestre, les ventes avaient augmenté de 23% malgré le plongeon du prix du pétrole. C’est dans ce secteur que se situe la récupération de pétrole assistée.

Le PDG Eric Fyrwald a fait quelques commentaires sur son entreprise lors d’une conférence trimestrielle. "Nous sommes en discussion avec beaucoup d’entreprises pétrolières," a-t-il dit. "Nous pensons que comme le prix du pétrole augmente, la récupération de pétrole assistée est une excellente opportunité de croissance, temporairement retardée."

Le retard est dû au fait que de nombreuses entreprises pétrolières ont radicalement réduit leurs budgets d’exploration et de production l’année dernière, quand les prix du pétrole et du gaz étaient en chute libre. Mais il semble inévitable, en voyant la vitesse à laquelle les gros réservoirs de pétrole se vident, que le secteur de la récupération de pétrole assistée prenne une grande place. Evidemment, la récupération de pétrole assistée n’est qu’une des choses très intéressantes que Nalco fait en matière de lien énergie-eau. Ce n’est pas pour rien que Berkshire Hathaway de Warren Buffett en est le plus gros actionnaire.

Nalco est un achat à long terme.

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