La Chronique Agora

En termes de dette, la France ne vaut pas mieux que l'Italie

Je le disais déjà il y a quelques mois dans L’Edito Matières Premières & Devises : la France perdra son triple A, tout simplement parce qu’elle ne le mérite pas. La seule question est de savoir QUAND.

Les marchés sont en train de perdre confiance en nous. Et c’est de notre fait, je tiens à le spécifier. Nous dépensons à crédit depuis 40 ans, sans compter. Nous sommes allés trop loin. Et nous n’avons qu’à nous en prendre à nous même.

Aujourd’hui, les créanciers grâce auxquels les politiques nous passent tous nos caprices s’inquiètent. La France a-t-elle la capacité de nous rembourser ?

▪ Le processus de défiance se met en place…
… comme pour la Grèce, puis le Portugal, puis l’Espagne, puis l’Italie… Remarquez qu’aucun de ces Etats n’a su enrayer ce processus. Aucun. La France fera-t-elle exception ?

Vous m’auriez demandé pour l’Allemagne, j’aurais dit oui. Jamais l’écart de taux entre le Bund allemand et l’OAT 10 ans française n’a été aussi grand : la dette coûte 3,16% en France, 1,95% en Allemagne.

Parlons chiffres : il nous faut trouver 190 milliards d’euros sur le marché pour financer notre dispendieux train de vie en 2011. Et encore 182 milliards en 2012, puis à nouveau 174 milliards en 2013…

Il va falloir attirer le chaland ! Surtout que la compétition est rude : nous ne sommes pas les seuls à courir après l’argent ! Pire, nous sommes très très dépendants du bon vouloir de ce chaland, contrairement à l’Italie : deux-tiers de la dette française est achetée par des étrangers.

Je traduis : nous sommes à la merci du chaland, mieux vaut le chouchouter. Pour cela, il va falloir le rassurer. Et ce n’est pas en renflouant le tonneau des Danaïdes grec et les banques en mal de capitaux avec de l’argent qu’on n’a pas qu’on va les rassurer. Ils commencent à rechigner à financer nos frasques…

40 ans qu’on se fiche de savoir ce que pense nos créanciers… Mais cette fois, nous sommes au point de non retour : s’ils nous lâchent, le coût de la dette explose, notre budget implose ; récession et credit crunch assurés. La vie en gris quoi…

▪ L’Italie est notre propre miroir
Elle s’embourbe lentement mais sûrement ; elle est ce que nous pourrions être dans quelques mois si nous ne réagissons pas fortement.

Standard & Poor’s vient de dégrader sa note de crédit (encore) et maintient sa perspective négative sur la dette (toujours). Conséquence : son taux obligataire à 10 ans repasse au-dessus des 6% ; les CDS s’envolent ; le chaland fuit ; la BCE, à bout de souffle et de moyens, ramasse le papier en dernier ressort pour éviter le défaut italien et la crise systémique.

Sauf que cette fois-ci, elle n’arrive même plus à faire rebaisser le taux. Ses capacités atteignent leurs limites…

▪ Vous prêteriez, vous, à L’Italie ?
Elle doit trouver 192 milliards d’euros cette année pour payer son train de vie. 168 milliards en 2012 et 100 milliards en 2013.

Imaginez un instant qu’il nous faille provisionner ne serait-ce qu’un tout petit pourcentage de la dette italienne (il y en a tout de même pour 2 000 milliards d’euros en circulation…) ; je peux vous garantir que les comptes des banques tourneraient méchamment de l’oeil. Avec à la clé une crise de liquidité et un risque systémique fort.

Même si nos cracks en math français trouvent la solution à coup de baquette magique pour transformer les 400 milliards de notre FESF en 2 000 milliards, rien n’est résolu. Et ce ne sera certainement pas du vrai argent.

▪ En attendant…
Les Anglo-Saxons tablent sur l’implosion de l’euro. Les Allemands rêvent d’en sortir avec le clan des Nordiques. Les Chinois continuent de faire main basse sur les matières premières. Et tout le monde achète de l’or.

Faites de même. Car au constat « nous ne sommes pas les seuls à courir après l’argent », il y a une réponse imparable : « imprimons ! ». Faisons chauffer la planche à billets. C’est probablement ce qui se passera, car nous n’aurons pas les moyens de payer. Avec en bout de course l’inévitable euthanasie des retraités.
[NDLR : Pour éviter de faire partie des victimes de l’incendie inflationniste… et préserver votre capital des politiques périlleuses mises en place par les autorités européennes… suivez les conseils d’un spécialiste. Marc Mayor consacre deux journées entières à l’inflation et aux moyens de vous en protéger : rejoignez-le !]

Première parution dans l’Edito Matières Premières & Devises le 21/10/2011.

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