La Chronique Agora

Les élites ont arrêté de réfléchir

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Ceux qui nous gouvernent ont laissé leur cerveau au vestiaire. Au lieu de réfléchir et de gouverner de manière équilibrée, ils préfèrent désormais la corruption et l’enrichissement à tout prix.

Les festivités du 4 juillet se sont passées comme n’importe quel jour d’été en Irlande – avec des températures aux alentours des 16°C et des averses qui rendaient le temps encore plus frais.

Quasiment tout le monde, en Irlande, a de la famille – souvent très éloignée – aux Etats-Unis. La fête nationale du 4 juillet y est bien connue.

Même notre prêtre l’a mentionné lors de son sermon, à la messe de dimanche.

« C’est le jour de l’indépendance des Etats-Unis », a-t-il commencé, « le jour où ils célèbrent leur victoire sur la Grande-Bretagne. Bien entendu, le message a été reçu de ce côté de l’Atlantique également – nous aussi, nous pouvions libérer l’Irlande de la Grande-Bretagne. Cela a pris 146 ans de plus.

« Oui, nous pouvons nous libérer d’un gouvernement. Nous pouvons changer les gens qui nous dirigent – par la force des armes, ou simplement en votant pour un autre candidat.

« Mais nous ne pouvons pas changer qui nous sommes… ou les règles fondamentales qui régissent nos vies. Ces règles n’ont jamais été votées… et on n’a jamais lutté pour elles. On peut les nier. On peut les ignorer. Mais on ne peut s’en libérer. Elles font partie de qui nous sommes… et ce que nous sommes. »

Réflexions

On peut ignorer les lois de l’économie, aurait-il pu ajouter, mais on ne peut pas ignorer les conséquences qu’il y a à les ignorer.

On peut « imprimer » tout l’argent qu’on veut, par exemple. On peut manipuler les prix. On peut accumuler des déficits à plusieurs milliers de milliards. On peut payer les gens à ne pas travailler… et maintenir en vie des entreprises zombies grâce à l’argent des relances.

Les élites d’une société sont censées réfléchir à ces choses. A l’avenir. Aux conséquences. Aux leçons du passé. A la note d’électricité lorsqu’on laisse la lumière allumée… à ce qu’il se passe lorsqu’on fait un bras d’honneur à un camionneur ou qu’on dépense tout son argent en billets de loterie.

Les « 10% » sont censés utiliser leur cerveau. Ils devraient être rationnels… conscients de l’Histoire.

Ils sont censés mener et non suivre. Ils sont censés se rappeler les dangers et aider la société à les éviter. Ils devraient calmer les foules… et refroidir l’exubérance irrationnelle.

Ils sont censés faire le bien… pas seulement bien se débrouiller pour eux-mêmes. Ils sont censés réfléchir aux conséquences.

Abus de pouvoir

Ce qui nous stupéfie, c’est combien les penseurs pensent peu.

Jadis, en Irlande, la loi des brehons avait établi cinq classes de personnes.

Les élites étaient les rois et les nobles, mais incluaient aussi les propriétaires terriens… et les intellectuels.

Les « ollambh », ou ollaves, étaient la catégorie la plus haute de penseurs… les « professeurs ».

Un « shanachie » était une sorte de professeur d’Histoire. Il était censé connaître les conséquences… et s’assurer que les rois les gardent en mémoire eux aussi.

Dans A Smaller Social History of Ancient Ireland, Patrick Weston Joyce explique :

« En tant que shanachie ou historien, l’ollave était considéré comme étant particulièrement instruit en matière d’Histoire, de chronologie, d’histoire antique et de généalogies d’Irlande… Il devait connaître par cœur 350 récits historiques et romantiques. Il était censé connaître les prérogatives, droits, devoirs, restrictions, tributs, etc. du roi d’Irlande et des rois provinciaux. En tant que lettré, il était censé répondre à des questions raisonnables et expliquer les difficultés. Une fois admis dans ces rangs prestigieux, les contreparties étaient somptueuses ; il était en effet très honoré, profitait de nombreux privilèges et recevait des présents et des récompenses princiers. »

M. Joyce semble décrire la trajectoire de toutes les élites…

Mais comme on pourrait l’attendre, ils abusaient souvent de leur position et de leurs privilèges par des demandes déraisonnables : nombre d’entre eux – même si on les admirait pour leur savoir – en vinrent à être détestés et craints pour leur arrogance.

Le pouvoir corrompt

Tous les groupes veulent la même chose : plus de pouvoir… plus de statut… et plus de richesse.

Les élites ont du pouvoir. Si on n’y met aucun frein, le pouvoir les corrompt. Elles deviennent arrogantes. Il est alors très difficile de résister à la tentation d’utiliser le gouvernement pour obtenir ce qu’elles veulent.

Telle est l’histoire, en gros, que nous suivons tous les jours – dans laquelle les élites, financées par la fausse monnaie, sont devenus corrompues, incompétentes et égoïstes.

Au lieu de nous aider à nous rappeler les leçons du passé, elles veulent que nous les oubliions… et que nous pensions que les lois antiques ne s’appliquent plus.

Les élites ont arrêté de réfléchir, en d’autres termes.

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