La Chronique Agora

Les effets de la démondialisation (1/2)

mondialisation, inflation, FMI

Alors que la mondialisation réduisait l’inflation, ce mouvement accentue les dérives des banques centrales vers l’inflationnisme.

La démondialisation et la montée des barrières commerciales contre la Chine et d’autres pays au cours de l’année écoulée pourrait coûter 1 400 Mds$ à l’économie mondiale, selon la directrice du Fonds monétaire international Kristalina Georgieva.

Voilà le type de déclaration qui montre à l’évidence les limites de l’économie, les limites de la pensée économique classique… Et son caractère mystifiant.

Le coût de la démondialisation et des redomestications ne s’exprime pas en termes de PIB perdu comme le chiffre Georgieva. Il s’exprime en termes de hausse des coûts, de pertes de productivité, de réduction des marges bénéficiaires et, pour être synthétique, en termes de chute de la profitabilité du capital.

Singulièrement, de la profitabilité du capital occidental.

Hausse du prix et hausse de la valeur

La conséquence symétrique de la chute de profitabilité du capital, c’est la pression des firmes pour augmenter les prix. En clair, la démondialisation et le frottement réinstauré dans le système économique mondial sont inflationnistes.

Mais il faut affiner l’analyse.

Il faut distinguer l’inflation de la valeur des choses de l’inflation du prix des choses.

Notez bien que j’utilise le mot « valeur », pour marquer que c’est la valeur travail des biens et services qui augmente, par restriction des échanges et réduction de la concurrence.

On avait baissé la valeur travail des biens et services par la mondialisation, la délocalisation, l’arbitrage international du travail, et la mise au travail des émergents. Maintenant, tout cela étant contrarié, la valeur travail des choses remonte. Il est essentiel de bien comprendre ceci : la hausse de la valeur travail des biens et services dans le monde, est réelle, organique, et elle résulte du grand retour en arrière qui est en cours.

La valeur travail ce ne sont pas les prix. Les prix, ce sont les expressions de la valeur travail en monnaie. Dès lors que les valeurs travail sont exprimées en monnaie, elle se transmutent en prix.

Si la valeur travail baisse – comme pendant la montée de la phase de mondialisation –, vous pouvez la compenser par une dérive monétaire inflationniste ; ce qui a été fait. C’était l’objectif de la politique monétaire de Bernanke pour atteindre les fameux objectifs de 2% de hausse des prix.

En sens inverse, si la valeur travail augmente, vous pouvez la compenser par une politique monétaire déflationniste : vous arrêtez la dérive, la débauche de la monnaie et du crédit.

Fausses restrictions

Quand la valeur travail des biens et services produits augmente, pour maintenir la stabilité monétaire et surtout financière et ne pas encourager les hausses de prix, vous devez resserrer. Vous fermez les robinets monétaires jusqu’au moment où ils deviennent juste suffisants pour financer les échanges économiques normaux, non spéculatifs.

C’est ce que les autorités devraient faire, bien sûr.

Mais elles ne le font pas ; elles font semblant car, en réalité, avec les taux réels négatifs, elles maintiennent une dérive monétaire qui accentue la dérive spontanée des valeurs travail.

Les politiques monétaires actuelles, faussement restrictives, surtout dans la zone euro, autorisent et facilitent la transmission de l’inflation des valeurs à l’inflation des prix. Et ce pour maintenir la rentabilité du capital et faire porter le poids des événements au facteur travail.

En fait, ils refont le coup de 2008 et 2009, où ils ont fait payer la crise spéculative du capital et des banques par la classe des salariés.

Mais bien sûr, cela est soigneusement escamoté, puisqu’il est convenu par les illusionnistes de dire que l’inflation c’est une question de « demande » afin de la faire payer aux salariés et aux citoyens.

Tout ce qui se passe est un retour en arrière. On avait avancé pour réduire les coûts, améliorer les profits et élargir les débouchés depuis 1990 et l’entrée de la Chine à L’OMC, et on recule. Ce qui va produire est donc l’inverse. Cet inverse, à savoir la hausse des prix des biens et des services ne se manifestera que si les autorités monétaires sont conniventes et complaisantes avec le capital pour éviter sa destruction, c’est-à-dire si elles solvabilisent les hausse de prix par une politique monétaire laxiste.

A suivre…

[NDLR : Retrouvez toutes les analyses de Bruno Bertez sur son blog en cliquant ici.]

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