La Chronique Agora

Le train de l’économie file vers la stagflation

économie stagflation

Pouvoir d’achat rogné, croissance en berne et chômage en hausse. A l’horizon, un panneau s’esquisse déjà : stagflation.

Le train gronde et cahote sur les rails.

Par la fenêtre, serions-nous en train d’apercevoir la tendance financière la plus exaltante que nous ayons vue jusqu’à présent cette année ?

Al Jazeera rapporte :

« Le marché de l’or est en plein essor, les investisseurs recherchant un refuge sûr pour leurs placements dans un contexte d’incertitude économique mondiale. Le prix de l’or a augmenté de près d’un tiers au cours de l’année écoulée, dépassant mercredi les 3 550 $ l’once pour atteindre un niveau record. »

Et la plus grande inquiétude ?

Bloomberg : 

« La vente massive d’obligations mondiales s’intensifie, les dettes à long terme enregistrant les pertes les plus importantes. »

Que nous apprennent ces informations ? Nous n’en sommes pas certains, mais nous pensons que ce train se dirige droit vers un endroit dont le nom commence par un « s ».

« Le vrai problème, c’est l’argent… le dollar », avons-nous expliqué à nos amis français hier soir. « Lorsque l’administration Nixon est passée à une monnaie purement fiduciaire, elle a falsifié notre monnaie et a tout faussé. Les étrangers ont pu rendre leurs produits moins chers… en partie parce qu’ils proposent des produits concurrents à moindre coût… mais aussi parce que les Etats-Unis ont fait grimper les coûts de main-d’œuvre, ainsi que tout le reste. »

Aujourd’hui, le coût de la main-d’œuvre pour fabriquer un produit en Chine, par exemple, ne représente qu’environ 1/5e de celui des Etats-Unis. Au Vietnam, il n’est que de 1/16e.

Cet écart de coûts salariaux s’est creusé après la mise en circulation du faux dollar. En tant que source mondiale d’impression monétaire, les coûts de fabrication aux Etats-Unis ont augmenté plus rapidement que dans les autres pays, rendant les Etats-Unis de moins en moins attractifs pour la production. C’est pourquoi tant de produits ne sont plus « Made in America ».

« Cela n’avait rien à voir avec l’absence de droits de douane… ni avec le fait que les étrangers profitaient de nous », avons-nous poursuivi. « L’année dernière, des milliers de milliards ont été échangés, à des taux de droits de douane faibles… avec moins de 1 % de différence en moyenne entre ce que nous devions payer en droits de douane et ce que les autres nous payaient.

Les droits de douane n’ont jamais été le problème. Et les augmenter maintenant ne résoudra rien. Cela ne fera qu’accroître les coûts en créant de nouvelles barrières commerciales. »

Ce petit discours a semblé faire son effet. Nos amis ont changé de sujet.

Nous aimerions aussi pouvoir changer de sujet. Mais notre domaine, c’est l’argent. Et le nouveau régime tarifaire va lui mener la vie dure.

Les droits de douane sont essentiellement une taxe sur les ventes. Et une taxe sur les ventes – d’environ 15 % en moyenne – va réduire le pouvoir d’achat des consommateurs… et réduire les ventes et les profits. En d’autres termes, ce sera une catastrophe.

Moins de biens et de services seront échangés. La croissance du PIB ralentira. Les ventes et les bénéfices chuteront. En d’autres termes, nous connaîtrons un véritable ralentissement.

Et en plissant un peu les yeux, nous pouvons maintenant distinguer les quatre premières lettres du panneau devant nous : s, t, a et g…

Les droits de douane pourraient être supprimés le mois prochain, tout comme de nombreux autres aspects du règne du Grand Chef. Le fait de ne pas savoir ce qui va se passer ensuite contribue également au ralentissement. Personne ne veut prendre de décision financière importante alors que la situation reste incertaine. Le ciel pourrait nous tomber sur la tête.

La hausse des rendements obligataires (baisse des prix des obligations) raconte à peu près la même histoire. Il sera plus coûteux d’emprunter demain qu’hier. Les projets qui auraient pu avoir du sens en mai ou en juin semblent moins attrayants en septembre. Parce que le coût du financement a augmenté.

Mais bien sûr… il y a toujours plus à dire, n’est-ce pas ? Et le reste de l’histoire se trouve sur le panneau indicateur devant nous : f, l, a, t, i, o, n. C’est probablement ce que nous indique le marché de l’or.

Les droits de douane feront grimper les prix. L’incertitude elle-même aussi. Les producteurs hésiteront à augmenter leur production. Ils voudront voir des hausses de prix durables avant d’investir à nouveau. L’offre diminuera, les prix augmenteront. Et le marché de l’emploi s’affaiblira.

Un rapport publié hier nous a appris que les autorités fédérales s’apprêtent à annoncer une révision importante des chiffres du chômage, avec la disparition de près d’un million d’emplois.

La Fed, dont la mission est de garantir le plein emploi, devra alors baisser les taux d’intérêt… et « imprimer » davantage de monnaie.

Prochaine étape : la stagflation.

Recevez la Chronique Agora directement dans votre boîte mail

Quitter la version mobile