▪ Nous continuons notre série sur le 21ème siècle… et combien nous le trouvons décevant.
Où sont les nouvelles inventions à couper le souffle ? Où est la hausse des revenus ? Où est l’économie dynamique et trépidante que nous attendions ?
En 1963, nous avions essayé de nous imaginer au 21ème siècle. Le rythme du progrès était si fantastique qu’il fallait se donner du mal pour y parvenir. Tous les ans, Chevrolet, Ford et Chrysler sortaient un nouveau modèle, encore meilleur que le précédent. Encore 50 ans et, sans aucun doute, les voitures voleraient ! En 1966, la première calculatrice de poche est apparue. Un demi-siècle plus tard, quelle serait la quantité de connaissance et de calcul que nous pourrions transporter ! Puis, en juillet 1969, Neil Armstrong a marché sur la Lune. Ce n’était qu’une question de temps avant que nous ayons une colonie sur la Lune… à partir de laquelle nous pourrions explorer tout le système solaire.
La seule de toutes ces choses ayant réalisé son potentiel apparent a été l’augmentation de la puissance informatique. Cela a changé la vie sur la Terre. Désormais, au lieu de parler à vos voisins dans l’ascenseur, vous pouvez garder la tête baissée, concentré sur votre smartphone. Dans certains restaurants, nous avons vu des couples n’échangeant pas une parole de tout le repas — chacun pianotait sur son téléphone. Ce n’est pas du progrès, ça ?
La plus décevante, en revanche, a été le manque de croissance des revenus. Aux Etats-Unis, les revenus personnels ont augmenté de 50% entre le début et la fin des années 60, à plus de 10 000 $ par personne. Si les revenus avaient continué de croître à ce rythme, le travailleur moyen gagnerait aujourd’hui plus de 50 000 $ par an — en dollars de 1970. Ce qui fait environ 300 000 $ en dollars actuel (bien entendu, la hausse de 1960 contenait un peu d’inflation… mais relativement peu par rapport à ce qui allait venir).
Depuis que le 21ème siècle a commencé, le ménage américain moyen a perdu des revenus |
Depuis que le 21ème siècle a commencé, le ménage américain moyen a perdu des revenus. Dommage.
▪ Pourquoi un tel recul ?
L’une des réponses, que nous avons examinée hier, est que les trois principales zones économiques — les Etats-Unis, l’Europe et le Japon — sont désormais dominées par les seniors. Mais ceci n’explique qu’une partie du phénomène… et probablement pas la principale.
Un gouvernement est toujours réactionnaire. Il protège les électeurs existants contre ceux qui ne sont pas encore nés, les entreprises existantes contre les nouveaux entrepreneurs, et le passé, généralement, contre l’avenir.
Une bonne partie de ce siècle lamentable peut être attribuée au gouvernement et à ses petits amis du secteur privé. Devant une telle suggestion, les partisans d’un Etat fort soulignent généralement que les dépenses gouvernementales, en tant que pourcentage du PIB, ne sont pas beaucoup plus élevées aujourd’hui qu’elles l’étaient au 20ème siècle. Sauf qu’à présent, une bonne partie du secteur privé a été cooptée.
Depuis 1960, le nombre de réglementations et de taxes a grimpé en flèche. Comme nous l’avons mentionné hier, il y a beaucoup moins de créations d’entreprises aujourd’hui que dans les années 60. C’est en partie parce que les sociétés existantes sont protégées par une muraille régulatrice destinée à empêcher les concurrents d’entrer.
Le secteur de la "sécurité" est de toute évidence une affaire gouvernementale, dominée par le copinage |
Le secteur de la "sécurité" est de toute évidence une affaire gouvernementale, dominée par le copinage. Mais il en va de même dans la finance, la santé, l’immobilier et l’éducation. Ils ne sont pas exactement mariés aux autorités, mais ils sont si proches qu’ils passent quasiment toutes les nuits dans les bras l’un de l’autre.
Prenez une entreprise comme General Electric, par exemple. Elle est censée être dans le secteur de la production de moteurs pour avion et autres grandes pièces industrielles. Mais avant la crise de 2008, elle travaillait main dans la main avec les autorités US pour profiter de la courbe de rendements faussée par le gouvernement… et lorsque ça a mal tourné… elle a été sauvée par des renflouages fédéraux directs.
En bref, après 1960, l’économie en est progressivement venue à être contrôlée par des gens plus intéressés par la protection de la richesse actuelle que par la production de nouvelle richesse. La planification centrale a engendré un déclin des taux de croissance pendant le reste du 20ème siècle. Les salaires réels ont atteint un sommet en 1970. Le taux d’innovation a ralenti. Ce que nous voyons au 21ème siècle, c’est une preuve de notre adage : le véritable rôle du gouvernement, c’est d’anticiper l’avenir et de l’empêcher de se produire.