Aujourd’hui, une fois n’est pas coutume, je vais m’éloigner de la fiscalité pour parler d’un titre — et d’un secteur que je connais assez bien pour y avoir fait de longues études avant de me diriger vers le notariat : le transport aérien.
EasyJet, tout un symbole du Brexit
easyJet (comme Ryannair mais qui est irlandais) bénéficie du mouvement de libéralisation totale du ciel européen initié dès le milieu des années 1990 et qui s’est achevé par le 3e paquet de 1996.
Que dit ce texte européen ?
En substance, il prévoit simplement que les accords bilatéraux entre États qui fixent les quotas de sièges, les droits de trafic et libertés dans le cadre de la Convention de Chicago, ne s’appliquent pas au sein de l’UE.
Dès lors, les droits de trafic et tout ce qui va avec, sont libres dans l’UE. Toute compagnie anglaise ou allemande peut transporter qui elle veut où elle veut dans l’Union comme s’il s’agissait de son pays d’origine.
Parmi les droits libérés, il y a ce que l’on appelle la 5e liberté de l’air qui prévoit que dans un accord bilatéral, comme il y avait dans l’Union Européenne en 1996, une compagnie aérienne peut faire du cabotage : c’est-à-dire qu’une compagnie A d’un pays A peut aller dans le pays B et offrir des routes internes au pays B… et concurrencer les compagnies locales nationales.
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Or la libéralisation de 1996 (3e paquet) n’impose plus aucune restriction en termes de 5ème liberté notamment. De la sorte, easyJet a pu offrir des liaisons internes à la France par exemple en faisant du Paris-Toulouse, du Paris-Nice et écrémer ainsi les meilleures lignes (les plus rentables) d’Air France. easyJet a fait de même en Allemagne, Italie. Etc…
La Grande-Bretagne ne pourra plus profiter des textes européens et devra renégocier, un à un, des traités avec les pays de l’UE |
Que va-t-il se passer désormais pour EasyJet ?
Son business model s’appuie donc essentiellement la suppression de toute restriction et surtout de la 5ème liberté.
Que va-t-il se passer désormais ? La Grande-Bretagne ne pourra plus profiter des textes européens, et devra renégocier un à un des traités avec les pays de l’Union dans le cadre très balisé de la Convention de Chicago.
Vu les dégâts qu’easyJet a fait dans les marchés continentaux de l’UE (chute de la part de marché intérieur d’Air France, Alitalia, Lufthansa, Ibéria, TAP, etc.), il y a fort à parier que les accords futurs avec la Grande-Bretagne hors de l’UE n’incluront pas de droits de 5e liberté au profit de la Grande Bretagne. L’occasion sera trop belle pour les politiques de débarrasser les compagnies historiques de leur plus terrible concurrent !
Au surplus, easyJet a une flotte neuve, renouvelée récemment. La vie commerciale d’un avion est d’environ 30 ans dans les pays du Nord. De tels investissements sont à amortir…
Je pronostique qu’easyJet voit son avenir s’assombrir à moyen terme et doive réduire fortement sa voilure. Un sort plus funeste est aussi dans le champ des possibles, tout dépend du point-mort opérationnel de la compagnie, une donnée en général confidentielle…
Quoiqu’il en soit, si vous avez des actions EasyJet… vendez-les !