La Chronique Agora

Le durcissement de la fiscalité ne suffira pas à éponger les dettes US

▪ Ceux qui nous suivent sur le Téléphone rouge* ont pu m’entendre dès 16h hier annoncer que la Bourse de Paris — alors en repli de 0,25% — en terminerait probablement au plus haut du jour et sur un gain de 0,5%.

Le CAC 40 avait en effet bénéficié, peu après 15h30, d’un spectaculaire renversement de tendance survenu après un troisième test des 3 380 points en l’espace de six heures — et surtout une ouverture des indices américain en net repli de 0,7%.

Mais dès 15h32, Paris s’est mis à progresser de façon irrésistible jusqu’à afficher 0,65% — 90 minutes plus tard, exactement comme je l’avais prédit !

▪ Pas besoin de boule de cristal pour prédire l’avenir du CAC 40
Il ne s’agit aucunement d’une géniale intuition de ma part, mais tout simplement du constat que le même algorithme — déjà utilisé vendredi mais à partir de 14h30 — était réactivé. Le CAC 40 est parti exactement du même niveau (3 374 points), a gagné exactement le même nombre de points au cours des 20 premières minutes du rally haussier (soit 20 points) et par extrapolation, j’ai supposé qu’il pourrait porter l’indice jusque vers 3 430 points au bout de 90 minutes.

C’est exactement ce qui s’est produit. Mieux même, le CAC 40 a testé 3 433 points avant de plafonner durant 20 minutes autour de 3 430 points.

La mécanique est parfaitement huilée. On pourrait croire l’histoire écrite d’avance. La façon d’opérer ne semble viser qu’un seul but : plumer le maximum de traders qui imaginent encore que l’actualité du jour constitue une variable importante, sinon décisive… alors que c’est exactement l’inverse qui se produit dans 95% des cas.

Nouvelle démonstration avec le rebond miracle de ce mardi. Il est bien difficile d’identifier quelle bonne nouvelle a provoqué une remontée de 60 points (3 374/3 434 points) en 90 minutes.

Ce fut en revanche la douche froide pour ceux qui avaient pris des positions short compte tenu d’un newsflow considéré comme négatif. Ils se sont retrouvés contraints de se racheter dans les pires conditions en fin de séance.

Les vendeurs qui s’inspiraient de la chute des places asiatiques (-1,5% à Shanghai, -1,25% à Hong Kong, -1,8% à Taïwan) hier matin et du plongeon de l’indice du sentiment économique ZEW en Allemagne se sont une fois de plus fait piéger dans les grandes largeurs !

Le comble, c’est que le CAC 40 (+0,6%) et l’Euro-Stoxx 50 (+0,8%) viennent de connaître leur meilleure séance depuis une semaine, le jour même de la publication du pire indice ZEW de l’année 2012. Il rechute bien plus sévèrement que prévu en novembre, de 4,2 points à -15,7 ce mois-ci — les économistes s’attendaient au pire une stabilisation.

Le scénario était en réalité presque couru d’avance. Si le CAC 40 — mais également l’Euro-Stoxx 50 — n’avaient pas rebondi très opportunément sur des niveaux graphiques parfaitement identifiés (comme la MM100 à Paris ou les 2 450 points sur l’Euro-Stoxx), cette séance de mardi aurait pu constituer un vrai tournant baissier dans l’évolution des indices boursiers à moyen terme.

▪ Les marchés restent en stand-by
Les marchés n’iront nulle part jusqu’au nouvel ordre. La clôture 100% stable de Wall Street lundi soir démontre la totale maîtrise des fluctuations indicielles par quelques opérateurs influents qui semblent veiller à l’écrasement de la volatilité depuis fin juillet.

Oui, pas question de laisser le moindre mouvement directionnel s’ébaucher. Ceux qui ont cru à l’amorce d’une reprise spontanée de Wall Street hier après-midi doivent s’en mordre les doigts.

C’est le second faux départ consécutif à la hausse des indices américain, avec un scénario quasi identique. Hausse de 0,6% au bout de 90 minutes de cotation puis effacement de l’intégralité des gains… avant un retour à la case départ, c’est-à-dire au niveau de l’entame de la séance (le Dow Jones a cédé 0,46%, le Nasdaq 0,70%).

Le plus cocasse, c’est que les braves commentateurs qui approuvent tous les mouvements boursiers — pourvu que ce soit à la hausse — avaient tout compris à l’envolée de la première heure. La Grèce avait levé quatre milliards d’euros auprès de ses propres banques pour finir la semaine sans faire faillite (haut les coeurs, l’Europe est sauvée !). Pendant ce temps, les démocrates et républicains vont certainement renouer avec la culture du compromis pour résoudre la question de la falaise fiscale.

▪ Les Etats-Unis face au précipice des impôts
Mais si les Etats-Unis échappent à la mise en oeuvre des réductions automatiques de dépenses publiques, un durcissement de la fiscalité des plus hauts revenus sera très insuffisant pour redresser les finances américaines.

La falaise fiscale n’est qu’un inoffensif épouvantail sémantique en regard de l’ampleur des mesures de rééquilibrage budgétaires nécessaires pour éviter une dégradation de la note souveraine des Etats-Unis par Moody’s ou Standard & Poor’s.

Cela pourrait également devenir une excellente excuse pour mettre au chaud une partie des gains engrangés depuis le 1er janvier par les indices américains. Car afficher 10 à 15% de hausse avec une croissance d’à peine 2%, un chômage réel à 17% et des profits d’entreprises en repli deux trimestres consécutivement… cela ressemble à un numéro de grande illusion qui pourrait être baptisé « la lévitation des enclumes ».

Le clou du spectacle, ce sera l’arrivée des permabulls tentant de les attraper avec leur filet à papillon. Fous rires garantis pour les uns et port du casque lourd recommandé pour les spectateurs boursiers du premier rang.

 

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