** Après la fièvre de dépenses et d’emprunts la plus importante de l’histoire, les Américains ont besoin de temps et d’argent. Ils doivent rembourser leurs dettes. Ils doivent construire une épargne pour leur retraite. Ils ont besoin de temps pour se remettre de leurs erreurs.
* Quel genre d’erreurs ?
* Eh bien, vers le bas de l’échelle, les gens ont acheté des maisons qu’ils ne pouvaient pas se permettre de posséder, dans des endroits où ils ne pouvaient pas se permettre de vivre. Et des voitures qu’ils ne pouvaient pas se permettre de conduire. Ces erreurs devaient être réparées. Voilà pourquoi il y a tant de maisons saisies sur le marché US… et pourquoi les prix des maisons baissent d’une manière générale.
* S&P/Case-Shiller rapporte que les prix des maisons ont subi la chute la plus importante de leur histoire au second trimestre 2008. Ils étaient en baisse de 15,4% par rapport à l’année précédente.
* Si l’on grimpe quelques échelons, les riches sont désormais embarrassés par leurs propres erreurs immobilières. Le magazine New Yorker rapporte que c’est "la saison des éléphants blancs" à Greenwich, dans le Connecticut. Les spéculateurs se sont lancés dans d’immenses projets — avec des demeures comportant des piscines intérieures, des caves à vin, des salles de cinéma privées, des dizaines de salles de bain et même des patinoires — pour découvrir aujourd’hui que les acheteurs ont disparu. Vous voulez acheter une maison à 28 millions de dollars ? Allez à Greenwich.
* Au niveau des investissements, il y a eu beaucoup d’erreurs aussi. Les prêts subprime ont dominé les gros titres ces douze derniers mois, mais la même mentalité imprudente règne sur l’activité dans tous les domaines de l’économie. Private equity, introductions en bourse, prêts étudiants, centres commerciaux, fast-foods — tant que tout allait bien, tout le monde voulait suivre le mouvement.
* A présent, ils ont tous besoin de temps et d’argent pour payer leurs erreurs.
* Les baby-boomers doivent retarder leur retraite. Certains retournent au bureau.
* Un comté de l’Alabama annonce qu’il va devoir se mettre en faillite.
* Selon le FDIC, la liste des "banques à problèmes" s’est allongée de 30% au cours du deuxième trimestre.
* Les bénéfices des banques ont atteint leur deuxième niveau le plus bas de ces 19 dernières années, selon Bloomberg.
* A Londres, des dizaines de milliers d’emplois ont déjà été perdus dans le secteur financier, si l’on en croit le Financial Times. Les introductions en bourse, qui rapportaient à la City une bonne partie de ses profits, "sont en chute libre".
** Nous avons vécu la plus grande expansion de crédit de tous les temps. Et devant nous se trouve peut-être la plus grande contraction de crédit de tous les temps. Pourquoi ? Parce qu’il faut du temps et de l’argent pour corriger les erreurs. Plus les erreurs sont grosses, plus la correction est longue — et coûteuse.
* Lorsque l’argent et le crédit coulent à flot, cela tend à faire grimper les prix. L’inflation apparaît — d’abord sur les prix des actifs… puis sur les prix à la consommation. Lorsque l’argent cesse d’affluer, les prix baissent. Comme le dit George Soros, la volonté de prêter est directement liée à la valeur du collatéral. Les deux tendent à grimper et baisser de concert.
* Actuellement, les prêteurs sont méfiants et la valeur du collatéral baisse. Tout le monde sait que les prix des maisons vont baisser. Mais les prix des actions américaines baissent aussi. Si on les ajuste à l’inflation des prix à la consommation, ils baissent depuis la fin 1999. C’est-à-dire qu’une action de 50 $ vaut toujours 50 $ environ… sauf que le dollar n’est plus que l’ombre de lui-même. Il n’achète plus qu’un cinquième de la quantité de pétrole, par exemple.
* Cette tendance — vers une baisse des prix des actifs — durera probablement longtemps.