▪ "Le gouvernement excelle à rendre les choses plus compliquées qu’elles ne le sont, dans le but de cacher au public ce qui se passe vraiment", observait le gestionnaire de hedge fund Erik Townsend au cours de notre entretien en mai dernier.
Il évoquait les renflouements de 2008. La Réserve fédérale a joué un rôle majeur, injectant des milliards dans des solutions de rafistolage. Le bilan de la Fed est passé de 900 milliards de dollars en septembre 2008 à 4 400 milliards aujourd’hui, au moment où nous écrivons ces lignes.
Par chance, notre ami Jim Rickards excelle lui aussi dans l’art de démêler le monde embrouillé de la finance même lorsque le gouvernement essaie d’opacifier encore plus les choses.
"Puisque les ressources de la Réserve fédérale n’ont guère pu empêcher la crise de 2008", écrit Jim dans son récent best-seller du New York Times, The Death of Money, "on devrait s’attendre à ce qu’une crise encore plus énorme fasse couler le bilan de la Fed".
Devenir trader sur le marché des devises ? Comment ça ? Eh bien… tout est là. N'attendez plus ! |
Autrement dit, la prochaine fois, imprimer 3 000 milliards de dollars supplémentaires ne sera pas politiquement faisable. "Le spectre de la crise de la dette souveraine montre qu’il est urgent de trouver de nouvelles sources de liquidité, plus importantes que celles que les banques centrales pourront fournir la prochaine fois qu’une crise de la liquidité éclatera. La logique conduit rapidement d’un monde reposant sur une banque à une seule monnaie pour la planète".
▪ Trois lettres que vous feriez bien de retenir…
A la tête, explique Rickards, sera le Fonds monétaire international. "La tâche de remettre du liquide dans le monde incombera au FMI parce que le FMI restera la seule institution officielle à avoir un bilan propre. Le FMI sautera sur l’occasion avec une imposante émission de DTS (Droits de Tirage Spéciaux) et cette opération monétaire mettra bel et bien fin au rôle du dollar en tant que monnaie de réserve mondiale".
L’objectif sera le même… imprimer de l’argent dans le but de continuer à faire fonctionner un système pourri |
Ah… le DTS. En voilà un terme sibyllin. Ce mécanisme se révélera bien plus impénétrable que le méli-mélo des programmes de renflouage de la Fed en 2008. Mais l’objectif sera le même… imprimer de l’argent dans le but de continuer à faire fonctionner un système pourri.
Pour l’essentiel, le DTS est une sorte de super monnaie imprimée par le FMI puis mise en circulation dans les banques centrales et les gouvernements. Le FMI a émis des DTS par trois fois depuis leur création il y a plus de quarante ans. A chaque fois, cela était lié à une crise de confiance envers le dollar américain…
1969 : les Français et d’autres pays accusent les Etats-Unis d’imprimer trop de dollars. A l’époque, les étrangers pouvaient encore échanger des dollars contre de l’or et il y eut une ruée sur Fort Knox. Le FMI crée le DTS pour aplanir les mers monétaires déchaînées, émettant 9,3 milliards de DTS jusqu’en 1972.
1979 : l’inflation américaine explose, hors de contrôle, au-delà de 14%. Les pays producteurs de pétrole s’inquiètent d’un éventuel effondrement de la valeur de leurs réserves en dollars. Le FMI émet 12,1 milliards de DTS jusqu’en 1981.
2009 : en réponse à la crise de 2008, le FMI émet 182,7 milliards de DTS au cours des mois d’août et de septembre.
▪ La réponse à tous les problèmes ?
Un rapport de 42 pages publié par le FMI en janvier 2011 — au titre inoffensif de Améliorer la stabilité monétaire internationale – un rôle pour le DTS ? — expose ce que décrit Rickards.
"Un plan sur plusieurs années et en plusieurs étapes pour positionner le DTS comme la monnaie de réserve mondiale. L’étude recommande d’augmenter l’offre en DTS pour les rendre liquides et plus attractifs aux participants potentiels du marché privé tels Goldman Sachs et Citigroup… L’étude du FMI recommande que le marché obligataire en DTS imite l’infrastructure du marché obligataire américain, avec des mécanismes de couverture, de financement, de règlement et d’approbation essentiellement semblables à ceux utilisés pour soutenir le marché obligataire aujourd’hui".
Certes, on n’utilisera pas de DTS pour acheter un litre d’essence ou une baguette.
Un usage aussi restreint ne change rien au fait que le DTS est une monnaie mondiale contrôlée par des élites
"Les DTS ne seront peut-être jamais émis sous la forme de billets et ne seront peut-être jamais utilisés au quotidien par les citoyens dans le monde. Mais un usage aussi restreint ne change rien au fait que le DTS est une monnaie mondiale contrôlée par des élites".
En fait, il souligne ce rôle en rendant le DTS invisible aux citoyens.
"Le DTS peut être émis en abondance pour les membres du FMI et peut aussi être utilisé dans le futur pour une liste choisie des transactions les plus importantes au monde, par exemple l’équilibrage de la balance des paiements, l’établissement du prix du pétrole et les comptes financiers des plus grandes entreprises de la planète comme Exxon Mobil, Toyota et Royal Dutch Shell".
Le génie de ce plan est que les DTS créeraient de l’inflation… mais que les gens comme vous et moi ne sauraient pas que c’est de la faute des DTS.
"Toute l’inflation causée par une émission massive de DTS ne serait pas immédiatement visible par le public. L’inflation finirait par se voir en dollars, yens et euros à la pompe à essence ou au supermarché, mais les banques centrales nationales pourraient facilement nier toute responsabilité et pointer du doigt le FMI"…