Bill Bonner s’interroge sur les origines de l’humanité et les contraintes de la civilisation.
Donald J. Trump est-il un homme de Néandertal ? Oui, bien entendu. Comme nous tous.
L’une des histoires les plus intéressantes que nous suivons date de quelque 300 000 ans. Il s’agit de l’histoire de notre espèce.
Quel rapport avec l’argent ? Nous y viendrons…
Il y a deux semaines, nous avons appris qu’un cousin perdu de vue depuis longtemps avait été découvert au Maroc. La famille humaine est bien plus vaste… et bien plus ancienne que nous ne le pensions.
Cette nouvelle découverte a peut-être 300 000 ans – soit environ 100 000 ans de plus que le plus ancien « humain » découvert à ce jour.
Il y a 10 ans à peine, les gens croyaient à l’histoire toute simple de l’origine africaine. Le héros était une seule espèce d’êtres humains… descendant peut-être d’un seul mutant. La tribu avait survécu et s’était dispersée partout dans le monde, s’adaptant aux conditions locales si nécessaire.
Au moins, cette histoire était facile à retenir.
Mais elle n’était pas vraie.
Au cours de ces toutes dernières années, les anthropologues ont identifié plusieurs autres espèces humaines. La première, déjà bien connue, était l’Homo neanderthalensis, notre plus proche parent présumé.
Il y a assez d’ossements un peu partout, alors on voit assez bien à quoi il ressemblait : plus massif que les humains modernes, souvent décrit avec des cheveux roux, et peut-être plus malin.
La surprise est arrivée lorsque des scientifiques ont retracé un petit pourcentage du génome humain moderne jusqu’à ces ancêtres néandertaliens.
Les Européens et les Asiatiques, mais pas les Africains, ont tous un Néandertalien dans leur arbre généalogique.
Ensuite, on a appris qu’il y avait plusieurs autres squelettes dans le placard.
L’Homo naledi a été découvert en Afrique du Sud. L’Homo Sapiens Denisova [NDR : hominidé de Denisova] a été découvert en Sibérie. L’Homo Floresiensis [NDR : Homme de Florès] a été découvert en Indonésie. Et les tout derniers, les squelettes évoqués ci-dessus, découverts au Maroc, ont été jugés très proches de l’humain.
Bon nombre de ces parents ont vécu au même endroit et à la même époque que l’Homo sapiens, c’est-à-dire nous.
Jusqu’à présent, les données relatives à l’ADN montrent un lien entre nous et les Néandertaliens, et les Dénisoviens.
Quant aux autres, nous ne serions pas surpris de découvrir qu’ils ont fait des parties de jambes en l’air de temps en temps, également, et que nous contenons tous certaines traces d’autres précurseurs ou concurrents humains.
Et alors ?
Cela ne nous regarde pas, qui a fait quoi à qui dans les bois.
Mais ces derniers temps, nous pensons notamment à la chose suivante : comment la civilisation est-elle apparue et qu’est-ce que cela a signifié ? C’est lié à l’argent… à l’argent réel… et au rôle qu’il joue dans notre société civile.
L’homme des bois refait surface
Selon Freud (et beaucoup d’autres), la caractéristique distinctive de la civilisation, c’est la contrainte
Pas besoin d’être un génie pour dénicher cette idée. Il suffisait de lire les écrits des historiens de l’ère romaine. Ils ont décrit la différence entre les Romains et les barbares, comme une différence entre « la raison » et « les humeurs et… les désirs insatiables ».
Les romains du Ve siècle ne purent empêcher les barbares de traverser le Rhin et de pénétrer dans l’empire. Ce qu’ils pouvaient espérer de mieux, selon eux, c’était de faire de ces immigrés indésirables des hommes nouveaux, romanisés… qui rejetteraient l’impulsivité et s’appuieraient plutôt sur une pensée rationnelle et une réflexion paisible.
La tâche était ardue. Inévitablement, cela s’est mal passé. Il était possible de faire sortir un barbare des bois, mais impossible de contenir l’homme des bois qui était en lui.
Les barbares – Wisigoths, Saxons, Francs Saliens, Goths, Vandales, Huns… et des tribus trop nombreuses pour les citer – se retournèrent contre leurs hôtes, massacrèrent les Romains et les réduisirent en esclavage, puis dévastèrent à peu près toute l’Europe à l’ouest du Rhin.
C’est ainsi que fonctionne la civilisation. Deux pas en avant. Un pas en arrière.
Rome ne s’est pas construite en un jour. Ce n’est pas si facile que ça. La civilisation nécessite des milliers d’années et elle n’est jamais terminée.
Même si, de nos jours, l’Homo Sapiens s’habille en Under Armour plutôt qu’avec une peau de bête, il n’a pas changé de façon visible depuis au moins 200 000 ans.
Nous sommes toujours porteurs des gênes de ces créatures de la forêt, des marécages et de la savane d’où nous provenons… Ni bons ni mauvais, mais toujours influençables, nous sommes toujours capables de massacrer nos rivaux… et de mettre à sac Rome, tout comme nos ancêtres les barbares.
Et lorsque l’argent tourne mal… la retenue lâche… Nous montrons les dents… et nous sortons les couteaux.