La Chronique Agora

Les dominos de la dette des Etats risquent de faire des dégâts

▪ On avance. Un peu. Et puis on recule. On joue à se faire un peu peur. On sait que « les autorités » finiront par trouver quelque chose. On se voile la face.

Les marchés jouent un jeu de dupes : ils font semblant. Semblant de vraiment croire que la dette des Etats — en Europe ou aux Etats-Unis — pourrait mal tourner. Semblant de penser que l’euro pourrait se déliter. Semblant que le dollar est en danger.

Mais il n’y a qu’à voir la vitesse à laquelle les indices remontent dès que paraît la moindre nouvelle d’une réunion, d’une intervention, d’un accord, d’un plan de sauvetage pour se rendre compte que les investisseurs jouent un rôle.

Ils sont convaincus qu’une fois encore, les autorités — FMI, BCE, Fed, dirigeants politiques — trouveront une solution. Qu’elles réussiront à repousser le problème un peu plus loin, à le dissimuler sous le tapis… Jusqu’à la prochaine fois.

▪ Comme l’expliquait Frédéric Laurent dans le dernier numéro de Vos Finances, nous sommes prisonniers d’un jeu qui se joue au plus haut niveau. Il suffit de regarder ce qui se passe aux Etats-Unis :

« On sait pertinemment que les Etats-Unis sont surendettés », déclare Frédéric. « Standard & Poor’s les menace d’une dégradation. Trop endettés mais dégradés s’ils n’augmentent pas encore plus leur possibilité d’endettement — en clair : s’ils n’apportent pas de garanties supplémentaires pour pouvoir emprunter plus… ce qu’ils ne peuvent raisonnablement pas fournir. Ubuesque ! Mais terriblement dangereux pour les marchés et l’économie mondiale ».

Et Frédéric de citer une interview de Christine Lagarde, nouvellement nommée à la tête du FMI : « ‘si l’on déroule le scénario complet d’un défaut de paiement, oui, évidemment, on obtient […] des hausses de taux d’intérêt, des contrecoups énormes sur les Bourses, et des conséquences véritablement déplorables, pas simplement pour les Etats-Unis, mais aussi pour l’économie mondiale dans son ensemble’, a estimé Mme Lagarde dans cet entretien avec la journaliste Christiane Amanpour ».

La moralité de tout cela, elle est simple : « réalisez-vous que l’avenir de votre capital, du fruit de votre travail, vos économies, dépendent en ce moment même de quelques hommes haut placés et d’un jeu politique de qui aura le dernier mot entre les républicains et le clan Obama ? », demande Frédéric. « Je trouve cela assez insupportable. Car si vous imaginez un entonnoir, les décisions prises au niveau mondial ont évidemment des répercussions et des conséquences pour vous, au quotidien, sur le portefeuille que vous détenez et sur les économies que vous avez sagement placées à votre banque ».

A la Chronique Agora, nous sommes d’avis que cette fois-ci, les choses seront différentes. Les Etats sont à bout de ressources — aussi bien financières que pratiques. Ils ne savent plus quoi faire. La Grèce aura sans doute recours au défaut partiel, mais et ensuite ? Appliquera-t-on le même « remède » à l’Italie, au Portugal, à l’Espagne… et à tous les autres ?

Quant aux Etats-Unis, même s’ils augmentent le plafond de la dette, ils ne sont pas à l’abri d’une dégradation de leur note obligataire. Leur crédibilité en tant qu’emprunteurs — et, partant, en tant que détenteurs de la devise de réserve mondiale — est sérieusement entamée.

Oui, cher lecteur, d’inquiétants dominos sont en train de tomber… et nous ne voyons rien qui pourrait les rattraper. N’attendez pas pour prendre les mesures qui s’imposent et mettre votre argent à l’abri.

Meilleures salutations,

Françoise Garteiser
La Chronique Agora

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