La Chronique Agora

Dollar : les signes avant-coureurs sont là (1)

Par Isabelle Mouilleseaux (*)

Le serpent commence à se mordre la queue
Alors nous y voilà. Les pouvoirs publics américains créent de la dette à coup de centaines de milliards. Pour trouver cet argent, ils émettent des obligations d’Etat.

Qui achète ces titres ? Les Chinois frisent l’indigestion. Qu’à cela ne tienne ! La Fed va imprimer massivement des billets verts pour racheter ces titres. Ainsi la boucle est bouclée ; tout le monde est content.

Hmm… Quelque chose ne va pas. Non ? C’est juste… comment dire… trop facile ! Beaucoup trop facile… Si jusqu’ici on n’avait jamais pensé à cette solution, c’est sans doute qu’on avait de bonnes raisons de ne pas ouvrir la boîte de Pandore.

Cette fois, nous jouons dans la catégorie poids lourd
La première à avoir osé le rachat de ses propres titres avait été la Banque d’Angleterre, aux abois… La seconde à s’y être résignée aura été la Banque centrale suisse, prise en étau par les forces du marché et dos au mur.

Cette fois, nous changeons de catégorie. Oubliez les poids plume ; c’est la Fed en personne qui s’y met, la banque centrale la plus puissante de la planète. Et force est de constater que notre franc-tireur a tapé dans le mille.

Le Scud a touché les rendements des bons du Trésor américain
Le rendement à 10 ans a chuté comme jamais depuis 26 ans ; de 3,01% il est passé à 2,48% en un temps record.

L’objectif est atteint : la Fed voulait faire baisser les taux longs pour permettre aux entreprises et aux particuliers de faire face à leurs échéances d’emprunt, de se refinancer et d’emprunter pour faire redémarrer l’investissement et l’immobilier. Wall Street applaudit. La Chine, assise sur une montagne de T-Bonds américains n’apprécie pas…

Le Scud a fait exploser le dollar en plein vol
C’est ce que j’appelle un "coup de poignard dans le dos"… La Fed a matraqué sa propre monnaie ; elle a asséné un coup d’une subtile violence au billet vert. Coup dont ses gènes et son ADN garderont à jamais la trace en mémoire…

L’euro/dollar est passé de 1,27 à 1,37 à la vitesse de l’éclair — avant de se reprendre à 1,31 au moment où nous écrivons ces lignes. 1 000 pips en quelques heures, le rêve de tout trader Forex… On n’avait pas vu une variation d’une telle brutalité depuis 1985. Le Dollar Index a fait un plongeon tout aussi spectaculaire. Et déjà Morgan Stanley voit l’euro/dollar revenir à 1,45…

Pensez-vous que la Fed en soit désolée ? Que nenni… Voilà qui fait à mon avis parti de son plan : torpiller le dollar va doper la compétitivité des exportations américaines. A 1,37 on vendra plus facilement des Boeing qu’à 1,26, au grand dam d’Airbus…

Wall Street applaudit. La Chine, assise sur une montagne de T-Bonds américains n’apprécie pas, comme nous le verrons dès demain…

Meilleures salutations,

Isabelle Mouilleseaux
Pour la Chronique Agora

(*) Isabelle Mouilleseaux rédige chaque jour l’Edito Matières Premières & Devises (Publications Agora), une lettre internet gratuite consacrée au marché des matières premières. Passionnée depuis toujours par la Bourse et par tous les marchés financiers, Isabelle s’est spécialisée dans les matières premières et veut permettre à l’investisseur particulier de découvrir et de comprendre l’investissement sur ce marché des matières premières.

L’Edito Matières Premières & Devises est bien plus qu’une chronique quotidienne. C’est un pôle d’activités centré sur les matières premières qui vous donne les moyens de suivre et de maîtriser ces marchés ! Vous pouvez recevoir gratuitement l’Edito Matières Premières & Devises en cliquant ici.

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