La Chronique Agora

Le dollar australien : un refuge pour les Etats-Unis et l’Europe ?

▪ En juin et juillet derniers, le dollar australien était en hausse de 6% par rapport au dollar américain. Entre-temps, le prix des métaux de base ont baissé de 6%.

Il y a là quelque chose qui cloche. C’est en gros ce qu’a déclaré la Reserve Bank of Australia (RBA) début août. La RBA a choisi de laisser son taux directeur inchangé. Mais elle a aussi fait remarquer que le dollar australien était resté élevé, malgré « le ralentissement des échanges observé et des perspectives mondiales revues à la baisse. »

Autrement dit, en tant que monnaie de croissance, le dollar australien ne devrait pas être fort. La croissance mondiale est ralentie. Les matières premières clés comme le minerai de fer et le charbon sont en train de baisser depuis leurs plus hauts records. Les revenus d’exportation de l’Australie peuvent rester élevés symboliquement mais cela sera possible grâce à la hausse du volume des exportations et des prix moins élevés. Le temps des marges élevées avec des gains à deux chiffres est sans doute terminé.

Si le boom des matières premières n’est pas le principal facteur qui fait évoluer la monnaie, alors cela devrait être le rendement, n’est-ce pas ? Cela pourrait être le rendement. Mais à 3,5%, même les dettes gouvernementales notées AAA sont moins attractives que les dettes des entreprises. Que reste-t-il alors pour expliquer l’afflux de capitaux sur le dollar australien ?

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Les gouvernements et les organismes financiers se préparent au pire…
ET VOUS ?

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Tout est là

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Notre conclusion ? Nécessité fait loi ! Le principal avantage du dollar australien est qu’il n’est ni le billet vert ni l’euro. Il est vrai que la dette publique en pourcentage du PIB est beaucoup plus faible en Australie qu’aux Etats-Unis et en Europe. Mais il est également vrai qu’il y a cinq ans le gouvernement avait un excédent de 40 milliards de dollars US. A présent, il possède plus de 200 milliards de dollars de dettes. La situation budgétaire est meilleure qu’en Europe et en Amérique, mais ce n’est que relatif.

Cependant, si vous êtes une multinationale se faisant passer pour une cité-Etat néo-féodale, vous pourriez bien choisir d’entreposer une partie de vos liquidités sur ces beaux rivages au sable doré ! Il s’agit de diversification à une époque de désintégration monétaire.

Par exemple, l’Australian Financial Review a rapporté que les sociétés technologiques comme Google, Microsoft et Apple ont, « entreposé une partie de leurs réserves de cash dans des obligations du gouvernement australien », ajoutant à la demande du dollar australien. Ils suivent en cela l’exemple de la banque centrale de Russie, de la Bundesbank allemande et de la Banque de France : toutes augmentent leur détention de dollar australien comme monnaie de réserve.

Il y a quelques années, on aurait probablement décrit ces mouvements au même titre que de la spéculation sur la Chine, de la croissance ou une hausse du prix des matières premières. Aujourd’hui, on décrirait ces mouvements comme une tentative désespérée pour éviter la destruction de richesses d’une fin de la monnaie européenne.

Fin 2009, le choc initial de la faillite de Lehman Brother a envoyé à terre le dollar australien par rapport à l’euro. Mais depuis, même si le dollar australien est considéré comme un mouvement risqué/chinois/de croissance, la monnaie a rattrapé l’euro, en augmentant de 88%. Ce n’est pas encore la parité. Mais cela n’est pas inenvisageable, étant donné le niveau d’insolubilité des problèmes politiques européens.

Il faudra peut-être un euro beaucoup plus faible pour que les partis politiques européens s’accordent sur une mutualisation de leurs marchés de la dette. Un eurobond — où l’Espagne, l’Italie et la Grèce peuvent emprunter au taux de l’Allemagne — serait sans doute la réforme structurelle qui déclencherait un rally de l’euro et un retour à la moyenne du dollar australien.

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