Avec la perte d’influence du dollar et de l’euro, la monnaie numérique devient la seule issue pour les banques centrales américaine et européenne.
Les marchés savent depuis 2008 que les grands argentiers préfèreront l’inflation plutôt que la récession. Car le freinage conjoncturel crée des frictions d’où risquent de jaillir des étincelles, fatales dans un système saturé de gaz.
Et le seul moyen d’éviter les frictions, c’est de remettre du lubrifiant dans les rouages, c’est-à-dire des liquidités à haute pression.
De l’argent créé ex nihilo qui dévaluerait encore plus celui qu’utilisent les épargnants : de quoi les convaincre de ne pas le laisser sous forme de dépôts classiques et d’envisager des placements alternatifs, comme l’or (déjà trop rare), des devises étrangères ou des actifs numériques.
Mais pour la première fois en 50 ans, les particuliers ne sont plus les seuls à envisager des alternatives pour leurs dépôts dans l’euro ou le dollar. De nombreux pays dans le monde ne veulent plus non plus détenir de monnaies/dettes occidentales et décident de remplacer le dollar, l’euro et la livre sterling par du yuan pour le paiement de leur pétrole ou de leurs matières premières. Et certains passent désormais à l’action.
Monnaies moins demandées
C’est le cas de l’Arabie saoudite et du Brésil, qui acceptent désormais les paiements en yuans. Ce pourrait bientôt être le cas des pays de l’association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), qui envisagent d’abandonner le dollar, l’euro, le yen et la livre sterling pour réaliser les règlements financiers transnationaux dans leurs propres monnaies… ou en yuan.
Et voilà maintenant que la CNOOC (le n°1 du pétrole chinois, et du coup asiatique) et TotalEnergies concluent leur premier achat de gaz naturel liquéfié (GNL en provenance des UAE, ou Emirats arabes unis) en… yuan chinois (et non pas en euro) !
La fuite devant le dollar ou l’euro s’accélère maintenant à une vitesse vertigineuse et ce sont les canaux de refinancement des Etats-Unis (et de l’Eurozone) qui se tarissent, ce qui conduira la Fed, ou la BCE à monétiser encore plus massivement la dette, donc à détruire la valeur de leur monnaie respective.
La réponse logique sera la conversion d’une partie des avoirs des particuliers en « autre chose ». En Turquie, ce fut l’immobilier face à la chute de la livre turque (mais, en France, les grandes banques ne prêtent déjà plus pour ce type d’investissement). Au Liban, c’est l’or face à l’effondrement de la livre libanaise (les banques ont alors confisqué les dépôts), au Venezuela, ce fut le Bitcoin, etc.
Quand ce genre de fuite massive s’enclenche, la monnaie locale ne tarde pas à aller au tapis… malgré les hausses de taux que les banques centrales enchaînent pour tenter d’appâter les capitaux étrangers.
Les banques centrales ne le peuvent pas car elles mettraient en faillite les Etats, les entreprises, les particuliers : le gaz dans la pièce explose, c’est « game over ».
Le contrôle des MNBC
La solution, c’est de prendre le contrôle des dépôts pour contrer la fuite devant la monnaie : les banques centrales disposent d’un excellent argument pour rendre cette mainmise acceptable depuis la récente crise bancaire.
Elles viennent de démontrer qu’elles disposent de moyens illimités pour garantir les avoirs des clients des banques (alors que cette garantie n’est que de 250.000$ aux Etats Unis et seulement 100.000 en Europe) et qu’elles restent l’acheteur providentiel en dernier ressort.
Quiconque détiendrait un compte directement auprès de la banque centrale n’a plus aucun souci à se faire pour ses dépôts, lesquels s’exprimeraient sous forme de monnaie numérique de banque centrale, ou MNBC.
Les banques commerciales verraient leur rôle réduit à celui de détaillants du crédit et d’intermédiaires sur les marchés. Et, rapidement, toutes les liquidités se mettraient également à circuler dans le système sous forme de MNBC. Une évolution marginale par rapport à la situation actuelle, puisque l’interbancaire repose déjà à 100% sur des échanges d’unités numériques.
Autrement dit, les banques occidentales sont déjà en train de nous préparer psychologiquement à l’avènement des MNBC avec cette promesse classique de « plus de sécurité contre un peu moins de liberté ». Ici, celle de transformer l’euro ou le dollar en une autre classe d’actifs.
Et comme le veut l’adage bien connu : « Vous troquez votre liberté contre un peu de sécurité et au final, vous vous retrouvez prisonnier et encore plus en danger ! »
Mieux vaut prendre la tangente – sortir de la pièce saturée de gaz – avant que cela n’arrive ; nous sommes là pour vous y aider dans nos différentes publications.