La Chronique Agora

Quelle est la différence entre la civilisation et la barbarie ?

▪ Voilà quelques temps que nous travaillons à un sujet : la vraie différence entre la civilisation et la barbarie.

Pourquoi est-ce important pour vous ? Parce que c’est essentiel pour comprendre ce qu’est l’argent… pourquoi la Fed va échouer… pourquoi le dollar va disparaître… et pourquoi vous devriez posséder de l’or.

C’est suffisant ? Nous l’espérons, parce que c’est tout ce que nous avons !

Cela nous semble de plus en plus clair. Peut-être que nous avons trop bu. Ou peut-être que nous avons eu une attaque. Mais nous voyons deux phases majeures de la vie humaine. La première, "basse, brutale et courte", pour utiliser l’expression de Thomas Hobbes.

La deuxième, le monde d’aujourd’hui… un monde essentiellement civilisé avec de fréquentes rechutes dans la barbarie.

Après tout, que s’est-il passé durant les nombreux millénaires avant que la "civilisation" n’apparaisse en Egypte, en Mésopotamie, en Inde et en Chine ? Nous ne le savons pas vraiment. Nous n’y étions pas. Mais nous pouvons faire des suppositions.

Tout le monde veut avancer dans la vie — en obtenant plus d’argent, plus de pouvoir et plus de statut que ses voisins. Comment faire aujourd’hui ? On invente une super appli pour smartphone ! Ou on lance un hedge fund. Ou on écrit un best-seller. On peut aussi rentrer dans la course en essayant d’accomplir quelque chose d’important.

Ou bien encore on peut se lancer dans la politique.

▪ Mais comment faisait-on avant ?
Comment avançait-on avant l’apparition de l’imprimerie, de l’agriculture ou de Facebook ? Que pouvait-on inventer ? Rien. On utilisait si peu d’anciennes technologies qu’il n’y avait quasiment pas de place pour les nouvelles technologies. Pas de roue. Pas d’électricité. Pas d’électronique ou de mécanique. Et qu’en est-il des affaires ou de l’investissement ? Oubliez ça ; le capitalisme n’avait pas encore évolué. L’art ? La musique ? De ce que nous avons vu sur les parois des cavernes, l’art était très… eh bien… primitif. Pendant une bonne partie de leur temps sur terre — 200 000 ans environ — les êtres humains ont vécu au bord de la survie, de sorte qu’il y avait peu de ressources excédentaires à consacrer à l’art ou à la culture. Il y a 5 000 ans environ, il n’y avait pas encore d’instruments de musique, d’écriture ou d’outils sophistiqués.

Comment les hommes se faisaient-ils concurrence ? Comment déterminaient-ils qui était le meilleur ? A nouveau, nous n’en savons rien, mais il semble très probable que la chasse… et la lutte… servaient de terrain de compétition. Pour un homme primitif, on ne pouvait prendre un véritable avantage qu’en tuant quelque chose, comme les autres prédateurs du royaume animal. L’idée du "bon sauvage" de Rousseau était une illusion. Les études sur les tribus pré-civilisées suggèrent que c’est en tuant un autre être humain qu’on obtenait le plus de statut. Les tribus vivant dans les plaines américaines ont gardé cette coutume jusqu’à il y a 150 ans environ, prélevant les scalps de leurs ennemis pour prouver qu’ils les avaient tués.

Même à l’époque de l’Empire romain, le plus grand honneur qui puisse être attribué à un général romain n’a été donné que deux fois dans toute l’histoire de Rome. Et on ne pouvait l’obtenir qu’en tuant un général ennemi en duel.

A part quelques exceptions importantes, il n’y avait aucun moyen de s’enrichir dans l’ancien monde sinon en prenant la propriété de quelqu’un d’autre. C’est ce que les gens faisaient… ou tentaient de faire. Jusqu’à l’arrivée du capitalisme, c’était le seul moyen d’avancer. On prenait les terres d’un autre, ses femmes et sa famille — pour en transformer la majeure partie en esclaves. En Amérique du Nord et du Sud, par exemple, jusque tard au 19ème siècle, les autochtones tuaient les hommes… et mettaient les femmes et les enfants en captivité.

▪ L’esclavage avait son importance…
Dans les communautés censées être civilisées, également, l’esclavage était populaire. Avoir des esclaves n’était pas seulement acceptable, c’était une marque de supériorité. Plus on avait d’esclaves, plus le rang social du propriétaire était élevé. L’esclavage était tellement répandu que même le Christ n’en parlait pas. Et la Constitution américaine, qui servait de base au système politique le plus civilisé jamais conçu à son époque, tolérait néanmoins l’esclavage (du moins par omission).

Aujourd’hui, les "bénéfices" provenant de l’esclavage et du meurtre sont moins garantis. Les gens mettent encore des trophées de chasse sur leurs murs. On décerne encore des médailles aux soldats jugés particulièrement méritants. Mais nous vivons dans une société à peu près civilisée. Et dans la vie civilisée, tuer des gens est généralement mal vu, sinon puni et interdit. L’esclavage a été aboli dans la majeure partie du monde. Il y a encore des esclaves de leur salaire… et des impôts. Mais l’esclavage au sens antique du terme a en grande partie disparu.

Aujourd’hui, nous canalisons nos impulsions compétitives dans de nombreuses activités différentes. Certaines personnes conduisent des voitures très chères. D’autres construisent de gigantesques demeures. Nous avons des équipes sportives — y compris le football américain, où une équipe agit comme si elle essayait de tuer l’autre. Mais ce sont les affaires, la carrière et l’investissement qui offrent le terrain de compétition le plus gratifiant. Les traders de Wall Street parlent d’"étriper" leurs rivaux. Les entrepreneurs lisent Sun Tzu et Clausewitz afin d’avoir des idées pour gagner leur prochaine campagne ! Et désormais, grâce au capitalisme moderne, on peut s’enrichir sans rien prendre aux autres. La richesse n’est plus une partie à somme nulle. La richesse de la planète peut être augmentée par le travail, l’épargne, l’innovation et l’investissement. Les gens qui réussissent dans le capitalisme obtiennent de la richesse et, aux Etats-Unis au moins, du statut. Ils s’enrichissent… et enrichissent les autres.

A suivre.

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