La Chronique Agora

Dieux, démons et politiciens

Où se trouve la place des gens ordinaires et travailleurs parmi eux ?

« Nous sommes venus vous dire que non seulement les politiciens ne sont pas Dieu, mais qu’ils sont la cause de nos problèmes. » – Javier Milei

Forbes rapporte : 

« Les actions de FedEx se sont effondrées mercredi après que les prévisions de ventes en baisse présentées lors de la publication des résultats de l’entreprise ont déçu les investisseurs, entraînant la chute des indices boursiers, alors que les résultats de FedEx ont révélé des signes potentiellement inquiétants pour les habitudes de dépenses des consommateurs en général. »

Les investisseurs s’attendaient peut-être à ce que tout se passe bien, après que la Fed a annoncé son pivot. Ils devraient regarder par la fenêtre.

Aux Etats-Unis, de plus en plus de prêts étudiants sont en souffrance. De plus en plus d’Américains déclarent sauter des repas pour payer leurs factures. La dette des cartes de crédit a atteint un nouveau record de 1,3 trillion de dollars (avec 20% d’intérêts !)… Les défauts de paiement des voitures n’ont jamais été aussi nombreux depuis le siècle dernier. De plus en plus de personnes cumulent deux emplois pour faire face au coût de la vie.

Et Fedex n’est pas une entreprise comme les autres. C’est l’entreprise qui livre les marchandises. Si ses ventes et ses bénéfices diminuent, cela signifie qu’il y a moins de marchandises livrées et donc que l’économie ralentit.

Entre-temps, le risque de crise est élevé. L’encours de la dette mondiale s’élève à plus de 300 000 milliards de dollars, qui sont aujourd’hui renouvelés à des taux 2 à 5 fois supérieurs à ce qu’ils étaient il y a quelques années.

Voici ce que dit Harry Dent à ce sujet :

« Depuis 2009, il s’agit d’une impression monétaire et de déficits 100% artificiels et sans précédent ; 27 000 milliards de dollars sur 15 ans, pour être exact. C’est sans précédent, 100% artificiel, ce qui signifie que nous sommes dans une situation dangereuse… Je pense que 2024 sera l’année du plus grand krach de notre vie. »

Peut-être.

Seuls les dieux le savent. Et ils ne parlent pas. Dans l’économie mondiale actuelle, qui pèse 107 000 milliards de dollars, personne ne peut prédire ou contrôler ce qui va se passer. Tout ce que nous pouvons faire, c’est étudier les modèles de l’Histoire… et tenter de deviner.

Mais essayons de plonger sous la surface jusqu’aux courants profonds. Nous avons promis d’explorer les régions sombres de la mégapolitique, pour découvrir ce qu’il se passe réellement. Nous allons donc enfiler notre masque et nos palmes… et plonger dans l’eau froide.

La prétendue connaissance

La Réserve fédérale américaine prétend savoir exactement – à un quart de point près – quel devrait être le taux directeur du pays. Elle affirme même être capable de nous dire quelles seront les futures variations de taux nécessaires pour y parvenir.

Et bien qu’elle ait démontré à maintes reprises qu’elle n’était pas à la hauteur de cette mission, elle continue à le faire. Le problème, comme le dit Milei, n’est pas le chef. Les gouverneurs de la Fed ne sont pas idiots. C’est la recette. « C’est l’idée qu’un groupe de bureaucrates dans un bureau puisse planifier la vie de millions d’êtres humains », a expliqué M. Milei hier.

Et ce qui est remarquable, c’est que personne ne semble la remettre en question. Pourquoi avons-nous une Fed ? Pourquoi préfère-t-elle des taux trop bas, plutôt que trop élevés ? Personne ne se préoccupe non plus du fait que ces génies gèrent des milliers de milliards de dollars d’argent qui n’est pas le leur… et que cet argent est frauduleux.

Bien qu’il soit impossible de savoir exactement « pourquoi » il en est ainsi, la mégapolitique trouve des « raisons » qui semblent au moins plausibles.

Depuis l’époque des Sumériens et des sacrifices humains, chaque société se divise en une élite – une aristocratie, une forme d’église, une classe dirigeante – et les autres. Au fil du temps, ces élites – presque par définition, elles sont capables, bien informées et intelligentes – trouvent des moyens d’améliorer leur statut et d’accroître leur richesse.

C’est ce processus que Milei tente de dénouer en Argentine. La « caste politique », comme il l’appelle, a étranglé l’économie réelle pour s’octroyer des privilèges et des avantages particuliers. Vous pouvez visionner ici l’ouverture de son discours d’hier, dans lequel il s’attaque à la racine du problème.

Montrez-nous l’argent

Les électeurs n’aiment pas les impôts. Les investisseurs n’aiment pas prêter à un gouvernement en faillite. Dans une démocratie moderne, le moyen le plus simple pour une élite de s’emparer du pouvoir et de l’argent du « peuple » est donc de manipuler l’argent.

« Je me fiche de savoir qui fait les lois, disait un Rothschild rusé, mais donnez-moi le contrôle de l’argent. »

A cet égard, le système monétaire américain mis en place après 1971 a constitué un grand pas en avant – pour les élites. Dès lors, les salaires du « peuple » sont restés stables. Mais la richesse des classes supérieures – celles qui possèdent les « moyens de production » – a fortement augmenté. L’indice boursier Wilshire 5000, par exemple, dont le commun des mortels ne possédait que peu d’actions, a été multiplié par 20. (Le Wall Street Journal rapporte que la détention d’actions aux Etats-Unis a atteint un niveau record. Pourtant, pour l’individu moyen, les gains boursiers ont été éclipsés par les revenus du travail.)

Pour le travailleur moyen, presque tout a augmenté, sauf la valeur réelle de son principal actif : son temps. Il a donc dû consacrer plus de temps à l’acquisition des biens de première nécessité. Avant le changement de monnaie, il devait travailler pendant environ 4 ans pour acheter une maison, par exemple. Aujourd’hui, cela lui coûte plus de 8 ans de travail. Les prix de l’immobilier ont augmenté chaque année depuis 50 ans – prenant plus de 30 000 milliards de dollars de valeur. Le peuple ne possède peut-être pas d’actions, mais il possède des maisons. Hélas, la majeure partie de ces gains – environ 3/4 – est allée dans les poches des élites.

En d’autres termes, la « recette » a fonctionné pour certains… mais pas pour tous. La « caste politique » s’est enrichie et s’est réjouie. Milei essaie de la mettre au régime. Mais pour l’élite américaine, le « buffet à volonté » est là… 24 heures sur 24, 7 jours sur 7.

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