La Chronique Agora

La dictature de la surveillance massive se met en place en France

Pendant que les esprits s’échauffent sur la gestion du coronavirus, le gouvernement en profite pour faire passer une série de textes plus ou moins discrets pour mettre les Français et leur argent sous surveillance.

La gestion du coronavirus a bon dos. Elle constitue un os à ronger commode pour occuper les esprits les plus tonitruants, pendant que, discrètement, la caravane de la surveillance massive dans le dos des Français se met en marche.

Voici un florilège de textes qui devraient vous inquiéter, car ils préparent une surveillance accrue des épargnants, et de leur argent. Bientôt, vos bas de laine n’auront plus aucun secret pour eux.

Surveillance massive de l’argent liquide

Nous avons déjà évoqué la semaine dernière la surtransposition d’un règlement européen sur la circulation de l’argent liquide qui devrait vous réserver quelques « bonnes » surprises.

Dans la pratique, Bercy profite du règlement du 23 octobre 2018 pour modifier fortement le code monétaire et financier. Une obligation de déclaration en douanes pèsera désormais pour toute sortie d’argent liquide hors de France, ou pour toute entrée, y compris sous 10 000 €. De plus, le douanier aura la faculté de retenir votre argent le temps que vous lui prouviez qu’il ne s’agit pas de blanchiment d’argent sale.

On voit bien à quoi cette disposition adoptée en toute discrétion peut servir : en cas de faillites bancaires, par exemple, vous n’aurez pas la possibilité de sortir un peu de cash pour aller vous mettre à l’abri à l’étranger.

Surveillance du patrimoine des assurés sociaux

Dans le même temps, la question de la fraude sociale, maladivement et dangereusement montée en épingle par le juge Prats, qui n’est pas un assujetti à la Sécurité sociale, rappelons-le, porte ses premiers fruits.

Sous couvert de lutter contre la fraude à la pension versée en Algérie ou au Maroc, les législateurs ont trouvé utile de commencer par surveiller tous les Français.

Ainsi en va-t-il systématiquement de ces campagnes fantasmatiques sur les fraudes : elles justifient toujours, in fine, une restriction des libertés de tous. En l’espèce, les sénateurs ont décidé de comparer les données des assurés sociaux avec les données collectées sur les réseaux sociaux.

Voilà un bon moyen de vérifier que, dans les bénéficiaires de prestations de solidarité, on ne trouve pas de propriétaire caché d’un château en Espagne ou d’une Rolls-Royce à Cannes…

Surveillance du patrimoine des chômeurs

Parallèlement, le Sénat a aussi décidé que les agents de Pôle Emploi pourraient avoir accès au fichier des contrats d’assurance-vie.

Ce fameux fichier Ficovie, rappelons-le, avait été créé sous François Hollande pour repérer les contrats en déshérence et pour enjoindre aux assureurs-vie de restituer à la Caisse des dépôts et consignations les sommes non réclamées par des héritiers. C’était donc initialement une mesure de protection des assurés, dont on pouvait se féliciter.

Mais chassez le naturel… il revient au galop. Le grand léviathan étatique ne peut s’en empêcher : dès qu’il voit le mot « fichier », il est pris d’excitation et de fébrilité. Il faut qu’il mette son nez dans ces affaires.

En l’espèce, il s’agit, du propre aveu des parlementaires, de vérifier désormais que des bénéficiaires de prestation de solidarité comme l’allocation spécifique pour les chômeurs en fin de droit ne bénéficie plus à des détenteurs de patrimoine substantiel.

Pour faire cette vérification, on va donc croiser les fichiers. Charles Prats devrait s’en réjouir : ses conclusions sur les 50 milliards de fraudes aux prestations sociales sont, comme on l’avait prévu, directement mises à profit pour traquer les épargnants français.

Le patrimoine, une donnée à surveiller « quoi qu’il en coûte »

La tendance des années à venir est donc claire, voire limpide : tout est bon pour récupérer de l’argent, y compris la violation flagrante de la vie privée sous toutes ses formes.

On commence par piocher dans les fichiers officiels créés pour « protéger » les Français. Ensuite, on pioche sur les réseaux sociaux pour voir si tout est carré dans la vie des gens.

Il ne manque plus que la délation pour compléter ce tableau idyllique dont l’Union soviétique aurait rêvé.

Là encore, le reste ne devrait pas tarder à suivre.

Nous avons tous vu un journaliste du Quotidien, l’émission bobo qui ricane de tout sauf d’elle-même, dénoncer des croyants qui priaient devant une église fermée. Bel exemple pour la jeunesse ! Et nous savons aussi que l’article 21 de la loi de sécurité globale prépare la reconnaissance faciale des passants à partir d’un drone.

Il n’est ni loin ni impossible, le moment où le moindre euro retiré dans une banque ou à un guichet donnera lieu à une transmission immédiate de votre visage, identifié informatiquement, avec toutes vos coordonnées, vers un service de Bercy chargé de vérifier que vous avez bien déclaré cet argent qui dort.

On savait déjà qui paierait, tôt ou tard, la crise. On sait désormais comment.

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