Dans la guerre du progrès, certains montent au front… et d’autres restent bien cachés à l’arrière.
Ma pensée du jour : dévalorisons-les !
Le libéralisme en tant que doctrine de liberté est défendable.
Il est devenu pervers quand il s’est transformé en doctrine de protection de la propriété contre le changement. Le changement dévalorise la propriété ancienne, le capital ancien : la politique des élites s’y oppose.
Le néo-libéralisme est inique car il prétend que seuls les salariés doivent s’adapter et être flexibles – c’est-à-dire dévalorisés. Mais le capital, qui est du travail ancien cristallisé, doit lui aussi être dévalorisé pour tenir compte du progrès des processus de production.
Vouloir maintenir la valeur du capital à des niveaux élevés par la politique monétaire et gonfler les prix du capital boursier ancien est dissymétrique. C’est une erreur économique considérable.
Laissons la valeur du capital chuter comme elle doit le faire. La dévalorisation est pour tous !
Il n’y a pas contradiction entre la défense de la propriété et un authentique système démocratique.
La contradiction naît lorsque la démocratie veut confisquer le capital ou bien quand le capital refuse de se soumettre aux lois du progrès.
Quand le capital refuse de se soumettre aux lois du progrès, on rentre dans le capitalisme monopolistique d’Etat et de banque centrale réunis – notre système actuel.
Le progrès économique, une formule simple
La loi du progrès économique se formule simplement : c’est toujours plus d’efficacité pour produire des biens et des services, en raison du progrès des connaissances, des techniques et des processus.
Ceci, inéluctablement, dévalorise tout ce qui est ancien puisque cela coûte moins cher à reproduire. Le monde du progrès est un monde de déflation systémique.
Une société qui accepte ce progrès doit donc du même coup, pour rester harmonieuse et se reproduire, accepter que la marche en avant déprécie le passé, en efface les traces.
Cela doit toucher aussi bien les salariés que les détenteurs du capital ancien – y compris, je pense, la monnaie. Eux aussi deviennent périmés, insuffisamment productifs ; ils sont des boulets économiques et sociaux.
L’injustice de la dissymétrie
Hélas, nos sociétés ont découvert la planche à billets – qui permet d’injecter de la monnaie par des canaux privilégiés tels que les banques et la Bourse.
L’argent ainsi injecté gonfle les prix du capital ancien et empêche sa dévalorisation : voilà l’erreur et l’iniquité.
Elle est dans l’injustice de la dissymétrie.
Les uns sont exposés au front de la guerre du progrès, les autres sont planqués à l’arrière et tirent les marrons du feu.
Ils veulent la flexibilité et l’échine souple des travailleurs… mais ils rigidifient le squelette mort du capital.
D’où la formidable croissance des zombies et le formidable besoin d’imprimer toujours plus de monnaie pour préserver l’ordre ancien rigidifié.
D’où, également, la révolte sociale de ceux qui certes ne comprennent pas – mais vivent dans leur chair, dans leur statut social et dans leur qualité de vie l’iniquité et la dissymétrie.
[NDLR : Retrouvez toutes les analyses de Bruno Bertez sur son blog en cliquant ici.]