Pour nous donner une petite idée de l’évolution potentielle des marchés sur les 20 prochaines années, jetons un œil à un ratio essentiel, le PER.
A quoi nous attendre sur les 20 prochaines années boursières, nous demandions-nous hier. Peut-être les valorisations boursières peuvent-elles nous donner quelques indices. Elles sont, en effet, une sorte d’almanach du jardinier… un almanach qui ne se trompe que rarement.
Ces valorisations sont données par les ratios cours/bénéfices (PER). Un PER bas indique que les actions sont peu chères, un ratio élevé que les actions sont coûteuses. Plus la valorisation est faible… plus les investisseurs sont susceptibles d’obtenir des bénéfices généreux ces prochaines années.
L’inverse est également vrai.
Un PER de 17 est à peu près équilibré… selon les données historiques. Les PER de moins de 17 indiquent donc que les actions sont bon marché, au-dessus de 17, que les actions sont chères.
Quel est le PER du S&P dans son ensemble à l’heure actuelle ?
22 – ce qui est élevé par rapport aux normes historiques.
Cela signifie que les investisseurs sont prêts à dépenser 22 $ pour 1 $ de chiffre d’affaires. Cela signifie aussi qu’ils seront très probablement déçus…
Si le terme « retour à la moyenne » a un sens, les investisseurs vont bientôt devoir affronter l’hiver…
« A partir de ce niveau, les actions devraient avoir des résultats décevant pendant vingt ans »
Les périodes d’actions chères sont suivies par des périodes d’actions bon marché – c’est-à-dire que l’hiver suit l’été. L’été indien peut retarder l’arrivée des grands froids…. mais le Bonhomme Hiver finit toujours par nous rendre visite.
Il pourrait bien être en train de se préparer à un séjour prolongé.
Etant donné les ratios cours/bénéfices actuels… combien de temps l’hiver à venir devrait-il durer ? Selon Michael Carr, responsable de l’analyse technique au New York Institute of Finance :
« A partir de ce niveau, les actions devraient avoir des résultats décevants pendant vingt ans. »
Vingt ans ?
« Lorsque le PER se rapproche de ses niveaux historiques les plus hauts, comme c’est le cas aujourd’hui, le S&P 500 offre des rendements annuels d’environ 5% sur les vingt années suivantes.
Quand le PER se rapproche de ses niveaux historiques les plus bas, les rendements sont à peu près trois fois plus élevés, de 15,4% en moyenne annuelle sur vingt ans. »
163 665,37 $ contre 26 532,98 $
Supposons que vous disposiez de 10 000 $ pour vous aventurer en Bourse. Si vous investissez à une période où les PER sont faibles, les calculs de M. Carr révèlent que vous pourriez, au final, transformer cette somme en 163 665,37 $. Pas mal du tout.
Un investissement de 10 000 $ à une période où les PER sont moyens pourrait se transformer en 67 275,00 $.
Et un investissement de 10 000 $ lorsque les PER sont élevés… comme en ce moment ? Vous n’obtiendriez alors que 26 532,98 $ – soit une déviation de -61% par rapport à la moyenne.
« Imaginez : vous pourriez vous retrouver à 61% au-dessous de votre objectif au moment de prendre votre retraite, » avertit M. Carr.
Oui, imaginez un peu… enfin, si vous n’êtes pas cardiaque.
Pour faire simple : vos perspectives à long terme sont mauvaises lorsque vous investissez à une période où les PER sont élevés. Lance Roberts, chez Real Investment Advice, tire la même conclusion.
Mieux vaut fourrer votre argent sous un matelas et patienter 22 ans
Au vu des capitalisations extrêmes que l’on constate aujourd’hui, Roberts pose une question importante : vaut-il mieux placer 10 000 $ en Bourse chaque année – ou les cacher sous votre matelas ?
Roberts a bien observé les chiffres. Avec une valorisation 20 fois supérieure au chiffre d’affaires (voire plus), il observe que votre argent en Bourse, mettrait… 22 ans à dépasser les performances des billets gardés au chaud sous votre matelas.
Vingt-deux !!
« L’Histoire nous dit qu’il faut environ 22 ans pour sortir d’une période de surévaluation », ajoute M. Roberts.
A l’heure où j’écris ces lignes, le S&P a un PER de 22 – plus que 20, donc. Etes-vous prêt à affronter vingt-deux années d’hiver ?
Protéger nos investissements
Eté, hiver… nous ne savons pas quelle saison l’emportera sur l’autre. Nos vêtements restent estivaux pour l’instant.
Peut-être la Réserve fédérale peut-elle prolonger la saison, faire en sorte de garder le soleil dans le ciel un peu plus longtemps. Elle a déjà réussi à prolonger l’été par le passé.
Mais les Heures – les déesses grecques des saisons – sont des créatures changeantes et capricieuses. Elles reprochent aux humains leur ingérence sur leurs prérogatives naturelles.
Nous avons donc déjà préparé nos vêtements d’hiver…