La Chronique Agora

Dette : un chemin vers l’inconnu

dette US

Les finances publiques américaines empruntent un chemin inconnu, aussi dangereux qu’un sentier d’altitude ne débouchant sur rien.

« L’Eternel Dieu dit au serpent : puisque tu as fait cela, tu seras maudit entre tout le bétail et entre tous les animaux des champs, tu marcheras sur ton ventre, et tu mangeras de la poussière tous les jours de ta vie. Je mettrai inimitié entre toi et la femme, entre ta postérité et sa postérité : celle-ci t’écrasera la tête, et tu lui blesseras le talon. »
– Genèse 3:15

« Hiiiiiiiiiiiiiiiiiii ! »

C’était le deuxième hiiiiiiii en moins de 24 heures. Le premier était advenu lorsqu’un ratón – une souris sud-américaine d’assez bonne taille, aux longues pattes – avait parcouru la pièce avant de plonger sous le lit.

Elizabeth est fine aventurière et peu encline aux manifestations dramatiques. Mais la vue du rongeur filant dans sa direction lui avait arraché un cri de surprise.

Le deuxième hiiiiiiiii était bien pire. C’était comme si le diable lui-même était apparu à la porte de notre petite casita. Elizabeth grimpa sur le lit, tremblante d’horreur pure.

« Il y a un serpent… et il vient tout droit vers moi ! »

Effectivement, un reptile long d’1m50 rampait vers elle, tête levée, langue dardée. Il avait probablement pisté le ratón jusque dans la maison.

Donald J. Trump, Roi de la Dette

Nous allons revenir à nos aventures du week-end, mais d’abord, une petite mise à jour.

Bloomberg :

« Les Etats-Unis ont enregistré un déficit budgétaire de 215 milliards de dollars en février – le plus important de ces six dernières années – alors que les revenus déclinaient.

Les recettes fiscales ont chuté à 156 milliards de dollars, une baisse de 9% par rapport à l’année précédente, tandis que les dépenses ont augmenté de 2% à 371 milliards de dollars, selon le département du Trésor. Le déficit pour l’exercice fiscal entamé en octobre s’est creusé, à 391 milliards de dollars, à comparer avec un manque de 351 milliards de dollars à la même période une année avant, selon le rapport du Trésor.

Ces données viennent appuyer les inquiétudes de certains économistes pour qui les baisses d’impôts mises en place par les républicains cette année pourraient augmenter la charge de dette du gouvernement US, qui a dépassé les 20 000 milliards de dollars. Il est estimé que les changements fiscaux réduiront les revenus fédéraux de plus de 1 000 milliards de dollars au cours de la prochaine décennie, tandis que les dépenses de 300 milliards de dollars approuvées par le Congrès US en février pourraient faire grimper plus encore le déficit ».

En y réfléchissant, nous prédisons que la dette US dépassera les 40 000 milliards de dollars d’ici 2028. La Fed ne « normalisera » jamais sa politique. Et lorsque la prochaine récession/crise se produira, le Roi de la Dette, Donald J. Trump, réagira avec encore plus d’initiatives au coût exorbitant.

Les autorités enregistrent des déficits record pour une période de paix et alors qu’aucune urgence n’est en vue.

Le PIB croît.

Les Etats-Unis ont « plus que le plein-emploi » (quoi que cela puisse signifier).

Et les actions frôlent toujours des sommets record.

Imaginez ce qui se passera quand les actions s’effondreront, que le chômage grimpera à 10% et que l’économie entrera en récession !

Mais tout cela mettra du temps à se développer. En attendant, nous allons vous raconter ce qui s’est passé ici.

Un refuge idyllique mais pas sans danger

Le dernier week-end n’a pas été exactement clément pour la famille Bonner. Mère Nature – sanglante et cruelle – semblait être contre nous.

Nous avions amené deux chevaux dans la vallée où nous faisons pousser nos vignes. C’est un endroit idyllique ; nous y avons construit une petite maison, une merveille d’adobe et de pierre donnant sur le vignoble.

Les raisins sont presque prêts pour les vendanges. La rivière est pleine. La température était parfaite ; des oiseaux chantaient dans les arbres et le soleil brillait.

Une vue du paysage sur le chemin de la vallée

En un certain sens, cette maison est le « refuge » parfait – loin de tout et de tout le monde… sans réception téléphonique, sans électricité, sans télévision, sans rien. Le seul autre habitant de la vallée est Carlos, avec sa femme et deux enfants en bas âge ; il s’occupe des vignes.

Nous avons construit la maison de nos propres mains. Elle est minuscule mais elle a l’eau courante, chaude et froide (froide le matin… chaude l’après-midi), un peu de courant grâce à une batterie de voiture reliée à un chargeur solaire, et elle est chauffée par le soleil sans aucun besoin de moteur ou de technologie avancée.

Nous cuisinons sur un feu ouvert… et nous dînons aux chandelles, dehors, sur la véranda.

C’est un endroit charmant. Mais un peu sauvage.

D’abord, le ratón susmentionné est entré en courant alors que nous nous préparions à aller nous coucher. Puis le serpent a rampé vers Elizabeth lorsque nous nous sommes levés le matin. Et toute la nuit, des insectes – invisibles et non-identifiés – nous ont mordus.

Le ratón n’était pas vraiment un problème. Mais le serpent semblait avoir des intentions peu recommandables. Heureusement, votre correspondant a lu la Bible. Il sait comment s’occuper d’un serpent.

Il se trouve que nous avions une binette à portée de main. Entendant les cris d’horreur désespérée, nous avons saisi la binette, que nous avons vigoureusement appliquée sur la tête du serpent.

Entre l’outil de métal et la tête du serpent, l’issue du combat était courue d’avance. C’était un accord gagnant-perdant, et le perdant fut ramassé et jeté dehors sans aucune cérémonie.

Le serpent a conclu un accord gagnant-perdant – et c’est lui qui était du mauvais côté

L’un des chevaux s’était mis à boiter, de sorte que nous les avons libérés pour qu’ils rentrent seuls à l’enclos.

Nous avions prévu de chevaucher jusqu’à l’un des puestos (postes de montagne), resté abandonné depuis la mort de Marta Sandoval, une année auparavant. Sans montures, cependant, nous avons décidé de prendre le sentier plus court – mais plus difficile – à pied.

Un sentier casse-cou

« Il suffit de suivre le chemin », avait conseillé Gustavo.

C’est ce que nous avons fait.

Encore.

Et encore.

Quasiment en ligne droite à flanc de la montagne. Après un quart d’heure, votre correspondant n’en pouvait plus.

Un quart d’heure encore, à grimper, grimper et grimper… entre deux halètements… nous nous sommes mis à réfléchir.

« Je me demande si c’est une bonne idée ? »

Un couple d’âge mûr, à la peau claire, habitué au niveau de la mer en Amérique du Nord… dont le plus âgé est dans sa 70ème année… et a passé sa vie assis devant un ordinateur dans un bureau confortable… sans aucun entraînement ou préparation pour la randonnée andine… loin de tout et de tout le monde… sur un sentier casse-cou à 3 000 m d’altitude…

« Qu’est-ce qui pourrait mal tourner ? Une cheville foulée ? Un coup de soleil ? Une insolation ? Pire ? »

La liste des accidents possibles s’allongeait.

Mais nous avons continué, luttant à chaque pas, jusqu’à ce que le sentier atteigne le sommet de la montagne… et disparaisse.

Hors d’haleine… sans plus de sentier… et sans plus d’énergie… nous avons fait demi-tour et sommes redescendus.

« Hé, Gustavo », nous sommes-nous renseigné un peu plus tard, une fois de retour au ranch. « Je croyais que vous aviez dit qu’il suffisait de suivre le sentier. »

« Oui… Il suffit de suivre le sentier. Il est assez rude. Et c’est très haut. Une fois au sommet, eh bien, il faut se frayer un chemin jusqu’au puesto. »

« Mais comment est-on censé savoir où se trouve le puesto ? »

« Ma foi… je suppose qu’on le sait, tout simplement ».

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