▪ Quand les choses vont bien, les gens votent pour le statu quo.
Quand elles ne vont plus si bien, les gens se tournent vers les extrêmes du spectre politique. En France, il y a quelques années, tant l’extrême gauche que l’extrême droite étaient considérés comme « politiquement morts ». Les années de crise les ont ramenés à la vie.
C’est « un retour de bâton contre l’austérité », déclare le Financial Times.
Si l’on est au pouvoir… on dit aux gens que le statu quo est excellent et qu’il ira de mieux en mieux. Si l’on n’est pas au pouvoir, on affirme que tout part en eau de boudin… à moins de voter pour le changement.
En France comme aux Etats-Unis, la droite et la gauche ont plus de choses en commun que de choses qui les séparent. Toutes deux veulent utiliser la puissance de l’Etat — la force du gouvernement — pour obtenir ce qu’elles veulent. Protéger un secteur, en punir un autre. Récompenser un groupe, en taxer un autre.
Mais la chose la plus importante, c’est qu’ils veulent se faire élire, tous autant qu’ils sont, à droite comme à gauche — monter dans le siège du conducteur et tourner le volant dans la direction de leur choix.
En général, la gauche veut plus de dépenses. La droite penche vers l’austérité. La gauche suit Krugman et Keynes. La droite préfère Friedman (Milton) et Schäuble.
Actuellement, les Allemands ont l’argent. Ils ne veulent pas en donner aux paniers-percés de Grèce et d’Espagne. Les « pays de l’olivier » promettent donc de mieux se conduire… et on les renfloue. Le problème, c’est qu’en dehors de l’élite bancaire, des bureaucrates et des politiciens, les renflouages ne fonctionnent pour personne. En Espagne, le taux de chômage réel est de près de 25% — on se rapproche des niveaux de la Grande Dépression. Sur les 10 plus grandes entreprises du pays, huit sont désormais valorisées sous leur valeur de liquidation.
C’est « du suicide par l’austérité », déclare Paul Krugman.
▪ Colère populaire et exemple à ne pas suivre
Tandis que l’élite veut garder l’Europe… et l’euro… de plus en plus d’électeurs semblent vouloir s’en séparer. De notre collègue Justice Litle :
« Le véritable problème de l’Europe est dangereux, et il bouillonne depuis longtemps : une opposition de la rue. Viendra peut-être un moment où des Espagnols, des Français et des Portugais furieux pourraient rejoindre les Grecs, se dresser contre leurs dirigeants penauds et crier à l’unisson : ‘au diable votre austérité’. »
Et devinez le pays que la foule anti-austérité pourrait prendre en exemple ?
L’Argentine !
Oui, les Argentins étaient coincés dans une situation à peu près semblable. Leur économie était liée au dollar US. Ils devaient au reste du monde — et principalement à de grandes banques étrangères — une véritable fortune. Et plus ils essayaient de rembourser leurs factures plus l’économie semblait souffrir.
C’était à la fin des années 90.
Qu’ont-ils fait en fin de compte ? Ils ont simplement abandonné leurs promesses solennelles, renié leur dette et se sont débarrassés du dollar…
Cela a été le plus grand défaut de l’histoire.
Ah, et le gouvernement argentin n’a pas seulement arnaqué ses créditeurs étrangers ; il a également escroqué des millions de ses propres citoyens. Il a gelé les comptes en banques et a converti de force les dépôts en dollars en dépôts en pesos, réduisant de deux tiers les capitaux des épargnants.
Est-ce que ça a marché ? Tout dépend de ce qu’on entend par « marcher ». Le gouvernement a dépouillé ses prêteurs et ses propres citoyens. Des gens ont perdu l’épargne de toute une vie. Des entreprises ont fait faillite. Le chômage a atteint de nouveaux sommets.
Mais tout ça a été relativement rapide. L’économie a pu se remettre sur pied en quelques années. Et les dirigeants du parti péroniste, toujours aux commandes après la débâcle, ont pu reprendre leur tâche consistant à la détruire. Ils semblaient n’avoir rien appris de l’expérience… sinon qu’ils pouvaient se tirer d’à peu près tout avec impunité. L’inflation du peso est à environ 25% par an. Le gouvernement argentin vient d’exproprier la plus grande compagnie pétrolière du pays. Et la plupart des observateurs s’attendent à une nouvelle crise d’ici 24 mois.
Est-ce un succès ? Tout dépend à quoi on le compare…