La Chronique Agora

La dette, ou comment hypothéquer l’avenir pour « l’ici et maintenant »

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▪ Comme promis, aujourd’hui nous abordons un temps qui n’est pas encore arrivé — le point où le pauvre vase finira par déborder.

Hmmm… Cette semaine, la Fed a confirmé qu’elle retirerait encore 10 000 milliards de dollars de QE. Les actions ont chuté. L’or aussi.

Que faut-il en penser ?

C’est ainsi qu’on met l’avenir sous le joug de la dette pour satisfaire les désirs de "l’ici et maintenant"

Rappelez-vous que tant que les politiques de taux zéro continuent, les autorités drainent de plus en plus de ressources futures. Elles encouragent les gens à emprunter — en leur faisant miroiter des taux d’intérêt proches de zéro. La dette doit être remboursée, bien entendu, à partir des futurs bénéfices : c’est ainsi qu’on met l’avenir sous le joug de la dette pour satisfaire les désirs de "l’ici et maintenant".

Le monde entier participe. Avec une dette mondiale totale de 100 000 milliards de dollars, même si la planète pouvait mettre de côté 5 000 milliards de dollars par an, il faudrait environ 30 ans pour rembourser (en tenant compte d’intérêts à des taux "normaux").

Saut que le monde ne peut pas mettre 5 000 milliards de côté chaque année. Il n’arrive même pas à rentrer dans ses frais. Au lieu de ça, il lui faut 5 000 milliards de dollars d’argent emprunté, net, tous les ans, rien que pour rester aux niveaux actuels de chômage, de prix des actifs, de consommation et de taux d’intérêt ! En d’autres termes, aujourd’hui, au lieu de rembourser la dette passée, nous empruntons plus encore sur l’avenir… rien que pour faire du surplace.

La question restée en suspens : combien d’avenir reste-t-il ?

Nous n’avons pas de réponse. Aujourd’hui, nous nous attaquons à une question plus simple : à quoi ressemblera l’avenir lorsqu’il viendra ? Nous faisons bien entendu allusion à cette partie du futur où le monde se retrouvera jusqu’au cou dans une substance brune et malodorante.

Comme nous avons commencé à l’expliquer cette semaine, le résultat de l’inflation des actifs, c’est généralement la déflation des actifs. Jusque là, rien que de très habituel. Et ça pourrait commencer à tout moment. Les actions américaines ont été les principales bénéficiaires de la bulle de crédit. Elles seront très probablement les principales victimes lorsque la bulle du crédit éclatera. Ensuite, les sommets record atteints ces dernières années seront égalés par des planchers record.

▪ La nature adore la symétrie
C’est comme ça. Ce qui grimpe doit baisser. Les booms de la dette, des rachats d’actions, d’émissions de junk bonds et des marchés boursiers et obligataires seront tous suivis de terribles krachs.

Comme il se doit. C’est naturel. C’est sain. On élimine les saletés… on nettoie les mauvaises décisions et les erreurs… la vie économique peut continuer. Un nouveau boom peut commencer.

Evidemment, une vraie reprise modérerait le krach. Des ventes en hausse, des revenus en hausse, des profits en hausse — tout ça contribue à la sorte de croissance qui rend la dette moins lourde à porter.

Si on regarde les chiffres de plus près, cependant, on constate qu’il n’y a pas de reprise du tout

Avons-nous une vraie reprise ? Les statistiques officielles nous disent que nous avons la reprise la plus faible depuis que la Fed a commencé à faire son oeuvre. Si on regarde les chiffres de plus près, cependant, on constate qu’il n’y a pas de reprise du tout.

Les ventes de voitures, les ventes de maisons, les revenus des ménages — tous stagnent ou chutent.

Vous avez entendu dire, bien entendu, que le niveau de chômage est en baisse — à 6,7% dans le cas des Etats-Unis. Une bonne partie de cette chute est attribuée au fait qu’un grand nombre de seniors ont simplement pris leur retraite. Ce n’est pas vrai. Au lieu de prendre leur retraite, les seniors se sont accrochés à leur emploi comme des naufragés à leur bouée. Les chiffres en disent long. La tranche démographique qui a le plus contribué à la chute du taux de participation, ce sont les 25-54 ans. En revanche, les travailleurs âgés de plus de 55 ans, ont en fait augmenté leur participation dans le bassin d’emploi. Ils ont augmenté la main-d’oeuvre de 3%, tandis que le groupe plus jeune la réduisait de 4,7%.

Pourquoi les seniors voudraient-ils continuer à travailler ? La réponse semble évidente : ils n’ont pas assez d’argent pour prendre leur retraite.

Les jeunes gens, en attendant, ont besoin de travailler. Il n’est pas question de retraite. Sauf qu’ils ne peuvent pas trouver d’emploi. En d’autres termes, les données utilisées pour prouver que l’économie se remet prouvent exactement le contraire. Et il y a plus : cet échec à déclencher une vraie reprise est la seule chose qui permet à la bulle de continuer à se développer.

Nous reviendrons sur ce point important lundi : à suivre…

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