Une dette est proposée en monnaie mais elle se rembourse en temps. Même la personne la plus riche au monde finit par se retrouver à court de temps.
Instinctivement, nous savons qu’il y a toujours des limites. Certaines choses sont vraies que vous y croyiez ou non.
La gravité ne cesse pas de fonctionner simplement parce que vous n’y croyez pas. On ne peut pas enrichir les gens en leur donnant des bouts de papier imprimé. Et les actions boursières ne grimpent pas simplement parce qu’il vous faut plus d’argent pour votre retraite.
Les vétérans disent : « l’argent ne pousse pas sur les arbres » et « les arbres ne grimpent pas jusqu’au ciel ». La première phrase semble évidente, mais la deuxième paraît toujours un peu boiteuse… parce que les arbres grimpent jusqu’au ciel. Où grimperaient-ils sinon ?
Mais l’idée est la bonne. Il y a des limites.
Nous savons que les actions n’ont pas une valeur infinie. Nous savons que nous ne vivrons pas éternellement… et qu’il se passe toujours quelque chose qui empêche la situation de se déséquilibrer à l’excès.
Ou, pour dire les choses autrement… les choses se déséquilibrent mais finissent toujours par revenir à l’équilibre.
Il y a des boucles de rétroaction… il y a des corrections… et il y a des comptes à rendre. Des alarmes se déclenchent… des cloches sonnent l’heure pour nous rappeler quand nous nous couchons trop tard… des maux de tête nous indiquent que nous avons trop bu.
Il y a des patrons pour nous dire quand nous avons mal travaillé… des prêtres pour nous dire quand nous sommes de mauvaises personnes…
Il y des maris et des femmes — c’est ce à quoi ils servent… entre autres choses — pour nous rappeler que nous sommes des idiots et nous signaler quand nous nous comportons comme des crétins.
Il y a des limites. La principale, c’est le temps. Et voilà l’idée…
Il faut du temps pour rembourser
Le crédit est fourni par la Fed et le système bancaire. Il est utilisé par Wall Street pour faire grimper les prix des actifs… mais il est remboursé par l’économie réelle.
Cette dette est proposée en dollar, yuan, yen ou euros. Mais elle est remboursée en temps.
Nous devons passer du temps à gagner de l’argent pour rembourser les intérêts et le principal de cette dette. Et nous sommes en train de nous retrouver à court de temps.
C’est toujours le temps qui finit par nous manquer…
Nous avions l’intention d’épargner pour notre retraite… nous avions l’intention de manger moins… nous avions l’intention de passer plus de temps avec nos parents quand ils étaient encore en vie, ou plus de temps avec nos enfants quand ils étaient encore petits.
Mais nous n’avions pas assez de temps. Nous voilà désormais à court.
C’est toujours le temps, jamais l’argent. Même la personne la plus riche au monde finit par se retrouver à court de temps, comme nous tous.
Nous voulions dire quelque chose à quelqu’un à qui nous tenions… mais le temps nous a manqué.
Nous aurions voulu… nous aurions dû… nous aurions pu… mais à chaque fois, le temps nous a manqué.
De grosses erreurs peuvent-elles rester toujours impunies ?
Nous les humains, nous sommes capables de grandes vilenies. Nous faisons parfois de grosses erreurs. Il suffit de lire quelques livres d’Histoire : vous nous retrouverez — collectivement et individuellement — en train de faire des choses d’une idiotie vertigineuse.
Prenez la campagne russe de Napoléon, par exemple. Ses propres officiers l’ont supplié de ne pas la faire, tant c’était imprudent et sans espoir…
La construction des pyramides égyptiennes a absorbé l’intégralité du surplus de production économique d’une civilisation entière sur 1 000 ans environ…
Avec le communisme — dans le cadre duquel les gens se soumettaient à une planification centrale insensée et se sont appauvris pendant 70 ans en Russie et 30 ans en Chine — il suffisait de regarder de l’autre côté de la frontière, vers Hong Kong… l’Allemagne de l’Ouest… Singapour… ou le Japon.
Même maintenant, il suffit de jeter un œil de l’autre côté de la frontière, en Corée du Nord, pour voir clairement que le système expérimental communiste soviétique/chinois d’une économie de planification centrale est un échec.
Les seules choses qu’on produisait de manière fiable — et en quantité suffisante — en Russie étaient la vodka, le ciment et le carburant. Parfois, on n’arrivait pas à faire la différence entre les trois.
Les gens ont bu tant de vodka que l’espérance de vie en Russie a chuté… et a continué à chuter même après la disparition de l’Union soviétique.
Lorsque nous y réfléchissons aujourd’hui, nous restons bouche bée, nous demandant : à quoi pensaient-ils ?
Dans nos vies privées, les erreurs sont corrigées plus rapidement et plus facilement — sans trop de souffrance.
Le mauvais cuisinier ouvre un restaurant et ne tarde pas à faire faillite. L’électricien négligent oublie de couper le courant et se prend une châtaigne (ou pire).
L’homme qui oublie l’anniversaire de sa femme… le conducteur ivre… le musicien qui n’a pas l’oreille… le prof de tennis qui louche… le commercial à la mine revêche… le camionneur aveugle…
Vous voyez l’idée.
Chaque jour, dans des millions de transactions, les erreurs sont punies. Le succès, la vérité et la compétence sont récompensés. C’est ainsi qu’une société — et une économie — sont censées fonctionner.
C’est pour cela que, d’une manière générale, les choses vont en s’améliorant, non en empirant.
Les erreurs et l’incompétence sont éliminées.
Dans la vie publique, en revanche, c’est une toute autre histoire… comme nous le verrons demain.