La Chronique Agora

Dette et crises économiques : de la Grèce à l’Espagne

▪ Il fait frais, ici à Toronto. Un changement bienvenu après Athènes, Madrid et Paris.

Nous sommes assis au bar du Hazelton Hotel. Nous avons toujours pensé que les Canadiens étaient un peu plus réservés et conservateurs (socialement, pas forcément politiquement) que leurs voisins au sud. Eh bien, pas dans cet hôtel ! Il ressemble plus à Dallas qu’à ce dont nous nous rappelons de nos étés en Nouvelle Ecosse. Des gens habillés à la dernière mode tape à l’oeil… de la musique trop forte… une déco "trendy"… des femmes considérablement refaites de la tête aux pieds…

Ces derniers jours, nous avons fait un petit tour des pays producteurs de vin en Europe, tentant vaguement de trouver un sens à ce que nous voyions.

Nous avons observé le front grec avec un pichet de vin rouge sur une nappe en papier bleu. Le vin grec nous est aussi obscur que la finance grecque. Tous deux ont de quoi donner le vertige. Le vin servi dans les bistros d’Athènes est abondant et bon marché.

A Madrid, notre hôte a insisté pour servir un Rioja classique… Un cru riche et complexe. Madrid est une ville plus propre, plus moderne et plus sophistiquée qu’Athènes. Le vin est, lui aussi, plus avancé et plus fiable.

Après le Rioja et des mois passés à boire du Malbec en Argentine, les vins français semblaient manquer de caractère

Et en France, un Bordeaux… un St Emilion ou un St Estèphe est généralement posé sur notre nappe à carreaux rouges. Après le Rioja et des mois passés à boire du Malbec en Argentine, les vins français semblaient manquer de caractère. Ils sont comme les Français eux-mêmes — subtils et malins.

▪ Observations du sud de l’Europe
En Grèce, nous étions venus pour un krach du système financier. Il n’a pas eu lieu. L’effondrement programmé ne s’est pas produit au moment prévu ; la poussière a encore une fois été balayée sous le tapis.

Même après deux semaines de fermeture des banques… et l’attente générale d’un séisme financier… nous n’avons vu aucun signe de panique. Les Grecs s’étaient préparés. Bloomberg nous dit comment :

"’Mon fils est pêcheur. Aujourd’hui, j’ai amené deux kilos de ses poissons au boucher. Il m’a donné deux kilos de viande en retour’, [explique un restaurateur]. ‘Nous ne mettons pas notre argent à la banque. Tout l’argent que nous gagnons est dépensé en matériel, en nourriture et en boissons’."

Parallèlement, nos sources à Madrid nous ont donné quelques détails…

"Il y a un vaste mouvement pour jeter le bébé avec l’eau du bain. Il existe un tout nouveau parti politique appelé Podemos. Il est apparu de nulle part. Il est organisé à partir des réseaux sociaux. Je n’ai jamais rien vu de tel. Je ne sais pas ce que veulent ces gens… mais je ne pense pas qu’ils seront aussi prévisible et flexibles que les partis traditionnels".

Nous sommes d’avis que Podemos veut se débarrasser des dettes de l’Espagne.

La plupart des gens deviendront des zombies — si on les laisse faire

La plupart des gens deviendront des zombies — si on les laisse faire. Tout le monde veut la richesse, le pouvoir et le statut… et tout ça de la manière la plus simple possible. Il est donc parfaitement logique de voir les gens soutenir un parti politique si ce dernier promet de leur donner plus que ce qu’ils pourraient obtenir seuls. Ou, pour dire les choses différemment, dans une démocratie moderne, les politiciens doivent promettre de donner plus que ce qu’ils peuvent prendre en impôts. Si un parti ne donne que ce qu’il récolte en recettes fiscales, les zombies n’engrangent pas un gain net. Et lorsque les politiciens promettent d’accumuler un surplus (!) afin de rembourser les dettes nées de dépenses passées, les mathématiques zombies ne fonctionnent plus. Les électeurs doivent payer plus en taxes que ce qu’ils reçoivent en redistributions.

C’est à ce moment-là que la logique de la démocratie populaire moderne se brise. Et quand ça arrive… attention !

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