Dans certaines circonstances, une imagination fertile peut être l’actif le plus précieux d’un investisseur. Par exemple, au seuil d’une crise, une imagination fertile est la seule capacité analytique qui importe vraiment.
Nous nous approchons peut-être d’un tel moment.
Si, comme je le crains, le système monétaire mondial se dirige vers une crise, le pouvoir d’imaginer « ce qui se passerait si… » pourrait devenir une compétence de plus en plus précieuse.
Pour illustrer le pouvoir bénéfique de l’imagination, feuilletons ensemble quelques pages de l’histoire monétaire récente…
Au cours de la crise monétaire asiatique de 1997, le baht thaïlandais et le ringgit malaisien ont tous deux perdu la moitié de leur valeur en quelques mois. Une année plus tard, le défaut russe a entraîné l’effondrement du rouble d’environ 80%. Puis, en 2002, au commencement de la crise économique argentine, le peso argentin a perdu environ trois quarts de sa valeur. Le Brésil a connu la même histoire lorsque le real s’est effondré au cours du deuxième semestre 2002 — perdant près de 50% par rapport au dollar en à peine cinq mois.
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Dans chacune de ces situations, les investisseurs qui ont imaginé les conditions de crise en avance et qui ont transformé leur richesse en dollars US ou en or ont pu tirer leur épingle du jeu.
Ceci étant, il est relativement facile d’imaginer qu’une crise monétaire puisse avoir lieu en Russie ou au Brésil — des pays qui ont une longue histoire d’incompétence monétaire et de magouilles.
Il est beaucoup moins facile d’imaginer une crise du dollar, et encore moins une crise qui toucherait la globalité du système monétaire mondial |
Mais il est beaucoup moins facile d’imaginer une crise du dollar, et encore moins une crise qui toucherait la globalité du système monétaire mondial. Imaginer une telle crise nécessite une imagination si fertile et débordante qu’elle avoisine la folie. Le dollar reste l’une des monnaies les plus fortes de la planète et aucune menace ne semble poindre à l’horizon.
Alors, qu’est-ce qui pourrait ne pas aller ?
Pour essayer de répondre à cette question, laissons-nous guider par notre imagination…
Voici une idée : une grande cyberattaque paralyse le système monétaire mondial, ne serait-ce que temporairement. Peut-être cette attaque cause-t-elle des dégâts en corrompant les données des opérations de change du système SWIFT (Society for Worldwide Interbank Financial Telecommunication).
Le système SWIFT traite environ 6 000 milliards de dollars de transactions électroniques par jour — soit environ 1,5 millions de milliards de dollars par an. Pour information, 1,5 millions de milliards de dollars représentent près de 20 fois le PIB annuel mondial. De toute évidence, une attaque à l’encontre du système SWIFT entraînerait une grande instabilité.
Autre scénario : une cyberattaque plus directement centrée sur le dollar US — peut-être en entraînant la disparition de milliers de milliards de dollars électroniques ou, pire, en entraînant l’apparition de milliers de milliards de dollars électroniques. Un cyberattaquant pourrait ébranler ou détruire la valeur des dollars américains en les hyper-contrefaisant.
Sur son site web, la Réserve fédérale se vante que son Fedwire Funds Service « permet aux participants de lancer des transferts de fonds immédiats, définitifs et irrévocables ». Par conséquent, si une cyberattaque surgit dans le système Fedwire, elle pourrait produire des milliers de milliards de nouveaux dollars numériques puis les disperser vers les millions de comptes via des transactions qui seraient « immédiates, définitives et irrévocables ».
Des milliers de milliards de dollars américains deviendraient instantanément sans valeur |
Des millions de personnes sur Terre deviendraient instantanément millionnaires, ce qui signifie que des milliers de milliards de dollars américains deviendraient instantanément sans valeur.
Je ne sais pas si une telle attaque serait possible. Mais si je me fie aux cyberattaques qui ont déjà eu lieu, comment ne serait-il pas possible que les futures attaques soient de plus en plus ambitieuses, culottées… et couronnées de succès ?
Crise de foi
Troisième idée : les banques centrales du monde entier abusent des bonnes choses. Elles continuent de mener leur contrefaçon institutionnalisée jusqu’à détruire les monnaies qu’elles sont censées protéger.
Cette idée nécessite très peu d’imagination puisqu’elle existe déjà.
La Réserve fédérale prétend mener une politique monétaire extrêmement sophistiquée. Mais elle ne fait qu’imprimer de la monnaie, comme des centaines d’autorités monétaires l’ont déjà fait des centaines de fois depuis ses 2000 dernières années. Derrière des euphémismes comme « assouplissement quantitatif » et des acronymes comme TWIST, ZIRP et NIRP, la Fed ne fait rien de plus que d’appuyer sur le bouton « imprimer dollars » encore et encore.
Ce « système » monétaire fonctionne très bien tant que toutes les parties continuent d’y croire. C’est la foi, plutôt qu’un actif corporel comme l’or, qui soutient la valeur du dollar US et de toutes les autres monnaies dans le monde.
Là réside le plus grand risque du système. Les banquiers centraux peuvent influencer la foi mais ils ne peuvent la contrôler.
En tant que grands prêtres du système monétaire, les banquiers centraux peuvent prêcher à tout va ; ils peuvent réciter leurs liturgies ; ils peuvent conduire leurs rites et rituels, tout cela dans l’espoir que leurs ouailles s’engagent dans des actes de foi encore plus grands.
Mais ils ne peuvent contrôler la foi.
Si un signe du Ciel — ou des marchés financiers — entraîne leurs ouailles à remettre en question leur foi dans le régime monétaire actuel, cela pourrait se transformer en une foi qui nécessite de croire en beaucoup moins de choses. Les ouailles pourraient se tourner vers quelque chose de plus concret comme, par exemple, l’or.
Je ne prédis pas un tel scénario, je me contente simplement de l’imaginer.
Il est vrai que dans le contexte de calme apparent et de stabilité du système monétaire mondial, une crise monétaire grave semble quasiment inimaginable. Mais le temps est peut-être venu de commencer à imaginer l’instabilité… pas parce qu’elle est certaine, mais parce qu’elle est devenue moins inimaginable.