La Chronique Agora

Le destin de notre espèce

L’empreinte de nos origines modestes et le vrai visage de l’humanité…

« L’homme a été taillé dans un bois si tordu qu’il est douteux qu’on en puisse jamais tirer quelque chose de tout à fait droit. » – Emmanuel Kant

Quel bonheur… quel coup de chance… pour l’élite, en tout cas.

Nous prions nos chers lecteurs de bien vouloir nous suivre pendant que nous épluchons les couches de ce fruit épineux. Nous ne promettons aucune récompense, aucun avantage, aucun appel à l’action. Comme un condamné qui se regarde dans un miroir, nous essayons simplement d’entrevoir qui nous sommes réellement.

Nous nous intéressons à l’avenir et étudions le passé, qui sont le visage et le destin de toute notre espèce, de nous-mêmes, qui avons toujours été et serons toujours.

Nous allons commencer par des nouvelles inquiétantes, mais inévitables. Barron’s rapporte :

« La dernière vente aux enchères des bons du Trésor s’est terminée par un gémissement, plutôt que par un coup d’éclat.

 Près de 40 milliards de dollars de dette publique arrivant à échéance dans sept ans ont été mis en vente mardi. Le rendement le plus élevé accepté par les investisseurs a été de 4,399%, bien au-dessus de la moyenne de 4,258% des six dernières adjudications de ce type.

[…] Le gouvernement a dû offrir des rendements plus élevés pour inciter les investisseurs à acheter de la dette.

 Les émissions du Trésor de cette année sont 32% plus élevées qu’à la même époque en 2022. »

Le bois tordu

Comment en sommes-nous arrivés à cette situation, avec une dette de 33 700 milliards de dollars, et des paiements d’intérêts annuels de 1 000 milliards de dollars par an ? Pourquoi les électeurs ont-ils accepté tant de plans et de programmes n’ayant aucun sens ?

Nous avons vu qu’il n’est pas toujours facile pour les classes dirigeantes de faire entrer les petits carrés de leurs sujets dans les trous ronds qu’elles avaient initialement prévus pour eux. L’immigration, par exemple, peut être une bonne chose, ou non… mais si l’on fait entrer trop d’immigrants, « le peuple » sera mécontent.

Il est tout de même étonnant de voir ce qu’ils sont prêts à supporter. Oui, c’est une autre caractéristique de notre espèce : le bois tordu se plie face aux vents dominants.

Les masses sont si crédules, si naïves. Facilement embobinées, elles peuvent se transformer en lyncheurs. Nous avons vu avec quel zèle elles se sont attaqués aux protestants en France au XVIe siècle… et comment ils se sont battus pendant sept siècles pour débarrasser la péninsule ibérique des musulmans.

Mais ils ont souvent été tenus en échec et captifs eux-mêmes… dociles et muets pendant des générations.

Infériorité numérique

La populace peut être poussée à mener des actes héroïques de sacrifice et d’absurdité. Mais elle fait aussi de bons esclaves. Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi les esclaves restaient des esclaves ?

Hérodote nous dit qu’il y avait à Sparte sept esclaves hilotes pour chaque soldat spartiate. Ils étaient traités comme de simples esclaves… chassés et tués. Certes, les Spartiates étaient armés et bien entraînés. Mais pourquoi les Hilotes ne se sont-ils jamais soulevés ? En 1860, l’Etat du Mississippi comptait 450 000 esclaves, soit plus de la moitié de la population. Pendant la guerre, presque tous les hommes blancs valides avaient quitté l’Etat pour se battre contre les Yankees. Dans le Mississippi, les esclaves étaient des biens précieux, qui valaient à peu près autant qu’une voiture neuve aujourd’hui. Les propriétaires étaient désireux de les épargner, pas de les tuer. Pourquoi les esclaves n’ont-ils pas profité de la situation, alors que leurs maîtres étaient partis à la guerre ?

Les masses – noires ou blanches… libres ou asservies – peuvent être aisément convaincues. Faciles à tromper, faciles à détourner ou à manipuler… La plupart jouent le rôle qu’on leur donne. Jusqu’à une certaine limite.

C’est l’idée que l’on retire des émeutes de Dublin. La colère n’était pas uniquement dirigée contre les immigrés. La colère monte, (surtout chez les jeunes) contre l’ensemble de l’élite, ses guerres, son hypocrisie, son double jeu, son égoïsme et une dette mondiale de 308 000 milliards de dollars qui devra être payée par les futures générations.

Une plus grande conspiration

Nous avons vu que l’immigration profite clairement à l’élite. Nous allons donc nous tourner vers Karl Marx pour en savoir plus. S’il s’est trompé sur beaucoup de choses, il avait raison sur ce point : il existe une différence entre les personnes qui travaillent sur les chaînes de montage (le prolétariat) et celles qui les possèdent (les capitalistes, les bourgeois… les investisseurs). Les premiers vivent de salaires. Les seconds (grosso modo) vivent de la différence entre les salaires versés et les revenus perçus. La classe ouvrière peut craindre le jour de l’arrivée des immigrés ; ses salaires risquent d’être maintenus à la baisse par la concurrence, tandis que le coût du logement augmente. Les propriétaires d’actifs, quant à eux, se réjouissent : les deux côtés de leurs livres de comptes s’améliorent. Leurs ventes augmentent et leurs charges salariales diminuent.

Mais l’immigration n’est pas le seul problème. Les guerres… les barrières commerciales… les sanctions… les cadeaux aux groupes favorisés… les subventions… les réglementations… la fausse monnaie et les faux taux d’intérêt – tout cela profite à un sous-ensemble d’électeurs disposant d’un pouvoir politique. Il est rare qu’elles améliorent la situation de la majorité des honnêtes travailleurs.

Aux Etats-Unis, au cours des 70 dernières années, notre répulsion à l’égard du communisme était si grande, que nous n’en avons pas compris l’intérêt évident. Les intérêts des classes laborieuses ne sont pas les mêmes que ceux des capitalistes. S’ils en ont l’opportunité, les propriétaires d’usines et les politiciens conspireront contre le public, comme Adam Smith l’avait prédit. Les politiques publiques du gouvernement s’orienteront alors vers l’intérêt personnel de quelques puissants, au détriment des plus démunis.

Aux Publications Agora, nous restons loin du marxisme ou de toute forme d’activisme politique. Mais, en séparant les faits de la propagande, il est impossible de ne pas voir qu’une sorte de « lutte des classes » est en train de se dérouler en ce moment. Une élite arrogante et incompétente a truqué le système en sa faveur. Ce qui est surprenant, c’est que « le peuple » l’ait supporté si longtemps.

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