▪ Nous sommes fin juin, la moitié de l’année 2011 s’est déjà écoulée. Et quelle année ! 2010 apparaît finalement très calme au regard des événements qui se sont succédé depuis le 1er janvier.
Dans de nombreux domaines, le monde est en ébullition. Insurrections, révolutions, catastrophes naturelles ou industrielles, crise de la Grèce, crise des déficits abyssaux, dettes souveraines hors de maîtrise, notre environnement est en train de changer brutalement. Sans être excessif, je crois que l’on peut dire que nous sommes tous touchés, de près ou de loin, par ces bouleversements. Ces derniers ne peuvent que vous concerner en tant qu’investisseur.
Je vais donc consacrer cet article à un point de situation et à examiner les conséquences de celle-ci sur vos investissements.
▪ Révolutions et conflits, le monde s’emballe
Nous sommes en juin, et Kadhafi est toujours là. Non seulement il est toujours là, mais malgré le déploiement de forces de l’OTAN et jusqu’à 30 frappes aériennes par jour, il vient d’annoncer qu’il se battra jusqu’à la mort. La réalité d’un conflit tribal reste méconnue et l’Occident ne voit que des démocrates à Benghazi, oubliant qu’il y a peu, c’était un repaire d’islamistes.
Je vous avais bien dit que l’affaire libyenne ne serait pas de la même sorte que les révolutions de Tunisie et l’Egypte. Où en sommes-nous aujourd’hui ? Eh bien, ça continue en Libye où l’OTAN est obligée de s’investir de plus en plus ; et nous ne sommes pas loin d’une intervention terrestre même si elle est a priori exclue. Mais les membres de l’OTAN commencent à trouver que l’addition est lourde.
Bien entendu, l’économie libyenne est à plat, le pétrole ne coule quasiment plus, la production de gaz est stoppée (l’Italie est directement touchée, vu les liens historiques), et tous les projets industriels ont été arrêtés. Les ingénieurs étrangers ont fui le pays.
Pendant ce temps-là, le Yémen s’enfonce un peu plus chaque semaine dans la guerre civile. Le président Saleh, physiquement blessé, ne contrôle pratiquement plus rien si ce n’est la ville qui est sa capitale — et encore ! Plus grave, le Yémen a toujours été suspecté d’être infiltré par des groupes liés à Al-Qaïda. Il est aujourd’hui de plus en plus déstabilisé et présente un risque géopolitique majeur au sud de la péninsule arabique, point de passage obligé des tankers venant du golfe Persique. Bien entendu, l’économie, là aussi, souffre de manière considérable : les exportations de pétrole ont considérablement diminué.
▪ Là où tout a commencé
En Tunisie, la situation n’est pas vraiment calme. Il y a encore eu des émeutes, le peuple trouvant que les choses n’avancent pas assez vite. Toutefois, l’économie tente de rebondir, sans grande conviction — la défection touristique sera lourde économiquement. Le pays reste relativement instable en attendant les prochaines élections qui viennent d’être repoussées de juillet à octobre.
Un peu plus loin, en Egypte, là aussi la situation reste précaire. Le tourisme est également à la dérive. C’est pourtant une industrie majeure pour le pays. Heureusement, il reste le canal de Suez comme source de revenus, mais le pays n’est pas vraiment stabilisé au plan politique, loin s’en faut. Les nouveaux maîtres du pays, poussés par le peuple, sont en train de régler les comptes de l’équipe Moubarak. Le pays est devenu importateur d’hydrocarbures, et la nourriture fait gravement défaut.
▪ Israël comme une forteresse assiégée
Plus au nord, nous avons la situation bien connue au Liban où le Hezbollah, allié de la Syrie et de l’Iran, est devenu incontournable et maîtrise plus ou moins le pays. La Jordanie, qui a dû faire face à des émeutes elle aussi, paraît dominer la situation pour l’instant : le pays ne semble pas vouloir écarter la monarchie.
Israël, face à ces voisins, se raidit, tout en sachant bien qu’il faudra un jour négocier — tandis que l’Egypte a pratiquement ouvert sa frontière à la bande de Gaza avec des conséquences pour l’instant imprévisibles.
Autre voisin d’Israël, la Syrie est à feu et à sang et la répression fait rage. Enfin, le voisin de la Syrie, c’est l’Irak, d’où l’armée américaine se retire progressivement, et où les conflits entre sunnites et chiites (avec Al-Qaïda pour la péninsule arabique en toile de fond) sont loin d’être terminés. Tous les jours, de nouveaux attentats ont lieu avec des dizaines de morts. Là aussi, la reconstruction du pays va prendre énormément de temps et l’économie, notamment celle liée au pétrole, sera longue à redémarrer.
Nous verrons la suite dès demain.