▪ Un sujet a fait les choux gras de la presse financière récemment : le projet "Cash for Houses" ["de l’argent pour des maisons", ndlr.]. Le gouvernement américain offre un crédit d’impôt de 8 000 $ à tout acheteur de maison neuve. Mais dans la mesure où les acheteurs n’achètent pas tous à cause dudit crédit, pour le gouvernement américain, le coût réel de chaque maison neuve achetée dépasse largement les 8 000 $. Pour chaque maison achetée grâce à cette mesure, les contribuables ne paient pas moins d’un quart du coût total de l’acquisition.
On parle maintenant d’étendre et d’augmenter ces mesures d’incitations. Il y aura bientôt un projet "Cash for Everything", de l’argent pour tout.
Cela semble fou, mais beaucoup d’économistes pensent qu’il faut encore plus de plans de relance. Le prix Nobel Paul Krugman, par exemple. Et Richard Koo, dont nous vous avons déjà parlé. Ils ont vu ce qui s’était passé au Japon. Et ils voient que l’économie réelle ne reprend pas comme ils pensaient qu’elle reprendrait. Ils affirment à présent que les Etats-Unis pourraient vivre une "décennie perdue" si l’on ne continue pas à relancer l’économie de façon artificielle.
Combien de temps va-t-il encore falloir relancer et renflouer l’économie américaine ? Jusqu’à ce que les consommateurs se soient désendettés, disent-ils. Combien de temps cela va-t-il prendre ? Peut-être encore cinq ans, d’après nos calculs… peut-être plus.
▪ Mais attendez… le problème c’est l’excès de dettes, c’est bien ça ?
Oui.
Et la seule façon pour le gouvernement de continuer à renflouer l’économie, c’est de s’endetter encore plus, c’est bien ça ?
Oui.
Le déficit budgétaire américain n’atteint-il pas déjà les 1 600 milliards de dollars… soit 11% du PIB… son montant le plus élevé depuis la Deuxième Guerre mondiale ?
Oui.
Alors, quel est l’intérêt ? Le secteur public ne va-t-il pas devoir lui aussi se désendetter ?
Bingo !
Comment le secteur public peut-il y parvenir ?
▪ Il y a deux manières possibles : la manière honnête… et la manière malhonnête. L’Etat américain peut rembourser ses dettes jusqu’à atteindre le niveau auquel elles peuvent être maintenues même si les taux d’intérêt augmentent brusquement. C’est ce qui s’est passé après la guerre de Sécession…après la Deuxième Guerre mondiale… et même pendant les années Clinton. Croyez-le ou non, quand le Département du budget du Congrès américain a fait ses prévisions en 2001, il a vu un budget avec un EXCEDENT de plus de 600 milliards de dollars en 2008. Les excédents étaient banals sous l’administration Clinton. Tout le monde pensait que les choses continueraient comme ça. Au lieu de ça, en 2008, il y a eu un DEFICIT de près de 500 milliards de dollars.
Plus les dettes et les déficits sont importants, plus il devient difficile de les payer de façon honnête. Le gouvernement a atteint le point de non-retour… comme un homme qui est tellement endetté qu’il n’a plus aucun moyen d’en sortir. Puis, une autre crise se produit… soit sous la forme d’une cessation de paiement… soit d’une (hyper) inflation… soit des deux.