La Chronique Agora

Le désastre actuel expliqué en un graphique

Financiarisation et dérégulation, les mamelles de ceux qui nous gouvernent – et aujourd’hui, elles se transforment désormais en foyer de crise.

J’écris presque quotidiennement sur la financiarisation, ce qu’elle est, son origine, ses symptômes, ses conséquences. C’est une pièce centrale dans mon cadre analytique.

Ce cadre se formule comme suit :

Au début des années 80, la croissance économique a eu tendance à ralentir, le taux de profitabilité du capital a eu tendance à s’éroder. Les responsables de la conduite des affaires ont eu peur que cela mette en péril l’ordre social qui leur était favorable. Ils ont eu peur de ne plus pouvoir assurer la prospérité sur laquelle reposait leur légitimité.

Ils ont décidé de lutter contre ces deux manifestations des limites du système en dérégulant, en déréglementant, en libérant la finance.

La dérégulation a consisté à libérer de toutes ses contraintes le secteur de la finance et de la banque.

Pourquoi ?

Parce que la théorie a montré que si on remplaçait l’épargne, rare, par le crédit qui lui, est infini on pouvait produire plus de croissance, plus de profit – et payer moins les salariés puisque ceux-ci pouvaient compter sur le crédit pour compléter leur pouvoir d’achat.

On s’est aperçu que cela marchait bien et que cela repoussait les limites du système : cela lui permettait donc de durer.

Remplacer l’épargne et le vrai capital accumulé par le crédit n’a cependant qu’un temps, malgré les innovations mathématiques et l’ingénierie, car peu à peu, les limites du crédit apparaissent sous la forme de l’instabilité du système, de sa fragilité aux chocs et de l’apparition de poches d’insolvabilité.

Ceci fut concrétisé en 2008 par la Grande crise et est en train d‘être répété en 2020.

Spectaculaire !

Vous trouverez ci-dessous le symptôme le plus spectaculaire de la financiarisation : la masse totale d’actifs financiers dans le système américain.

Cette masse – qui représente pour moi en grande partie un capital fictif – approche les six fois le PIB. On était à moins de trois fois en 1980 et stable sur une quasi-horizontale.

Comment rentabiliser cette masse énorme ? Comment la maintenir en vie malgré les chocs, les incertitudes et l’instabilité ?

Réponse : par la création d’encore plus d’actifs financiers fictifs, par la création de dettes et de fausse monnaie. Il en faudra des milliers et des milliers de milliards.

[NDLR : Retrouvez toutes les analyses de Bruno Bertez sur son blog en cliquant ici.]

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