▪ Deux dossiers majeurs restent en suspens sur les marchés. Les actions n’ont toujours pas terminé leur chute. L’or n’a pas non plus terminé sa hausse.
En général, les marchés passent d’un excès à un autre, dépassant les cours raisonnables comme un bus traverse un carrefour. Des allers-retours, de la surévaluation à la sous-évaluation… et vice-versa. Et les passagers descendent généralement au mauvais arrêt !
L’or était très bon marché à 260 $ en 1998. Il deviendra très cher. Peut-être à 2 600 $ ?
Les actions étaient très chères lorsque le Dow Jones était à 14 000. Quand seront-elles très bon marché ? A 6 000 ? A 3 000 ?
Nous n’en savons rien. Nous ne sommes même pas certain de la direction que vont prendre les marchés. Tout ce que nous en savons, c’est que nous sommes quelque part entre le sommet et le plus bas. L’or semble partir vers le haut, tandis que les actions semblent être en déclin. Tant qu’elles n’ont pas terminé leur voyage, seul un idiot parierait contre ces tendances.
Voici une autre tendance contre laquelle nous ne parierions pas. La dette gouvernementale grimpe. Aux Etats-Unis, la dette nationale est officiellement à son niveau le plus haut depuis la Seconde Guerre mondiale.
▪ Cette semaine, une équipe de télévision anglaise nous a rattrapé sur les rives de la Tamise. Ils nous ont posé la question :
"Qu’est-ce que c’est que toute cette histoire de dette ? Les Etats-Unis avaient autant de dette après la Seconde Guerre mondiale. Les années qui ont suivi ont été les meilleures que le pays ait jamais connues"…
Nous étions assis dans un restaurant non loin de la rivière, une caméra pointée sur nous. Les passants nous dévisageaient, pensant que nous étions "quelqu’un". Ils semblaient déçus lorsqu’ils n’arrivaient pas à nous reconnaître.
"Toute cette histoire, c’est que nous sommes en train de nous ruiner", avons-nous expliqué. "Jusqu’à très récemment, des dettes de cette taille étaient toujours associées à la guerre. De temps en temps, les pays faisaient faillite. Mais ça arrivait quasiment toujours à cause de dépenses d’urgence motivées par une guerre. En d’autres termes, ils dépensaient de l’argent pour ce qui semblait être une très bonne raison — l’auto-protection".
"Pour la première fois de l’histoire, quasiment tous les pays développés du monde ont des déficits structurels et constants. Ils s’enfoncent de plus en plus profondément dans la dette, comme s’ils étaient en guerre… sauf qu’il n’y a pas de guerre".
"Nous avons des budgets d’urgence, mais pas d’urgence. On pourrait penser qu’ils luttent contre l’urgence d’une récession ou la menace d’une dépression — mais on aurait tort. La plupart des déficits n’ont pas grand-chose à voir avec les plans de relance ou de renflouage. Ils ne sont que les résultats ordinaires de programmes d’Etat-providence hors de contrôle".
"Pour la toute première fois, les pays font faillite alors que leur fonctionnement est parfaitement normal. Sans urgence".
"La bonne chose, avec la Seconde Guerre mondiale, c’est qu’elle a pris fin. Mais il n’y a pas de victoire dans la guerre contre la vieillesse. Le fardeau des retraites ne va pas aller en s’allégeant. Il va s’alourdir. Pas de V-Day pour la sécurité sociale. Pas de défilé sous les serpentins… les troupes ne sont jamais démobilisées et renvoyées chez elles… et les dépenses ne baissent jamais".
"Nous ne pourrons jamais rembourser la dette, en d’autres termes, parce qu’elle ne cesse jamais de s’alourdir".
"Durant le sommet du G20 le week-end dernier, les chefs d’Etat se sont engagés à reprendre le contrôle de leurs déficits. Certains gouvernements prennent ça au sérieux. Le gouvernement britannique, sous David Cameron, semble avoir la bonne attitude. Mais nous attendons encore de voir ce qui va se passer ensuite".
"L’Etat-providence moderne n’a été inventé qu’il y a 150 ans. Les Romains ont essayé, et ça n’a pas très bien marché. La version moderne est encore une expérience".
"Aujourd’hui aux Etats-Unis, on trouve plus de personnes recevant de l’argent du gouvernement que de personnes payant des impôts. Quarante millions de personnes reçoivent des coupons alimentaires. Des millions d’autres dépendent des crédits d’impôts fédéraux, etc. D’autres encore ont des emplois qui sont payés soit directement par le gouvernement, soit par un sous-traitant du gouvernement".
"Tous ces gens ont le droit de voter. Ce qui est dommage. Parce qu’ils vont probablement voter pour une augmentation des dépenses sociales. Et les gouvernements feront faillite".
Oui, cher lecteur, l’Etat-providence est un autre dossier en suspens. Idem pour le système monétaire basé sur le dollar. Tous deux sont proches de la fin du chemin.