** Nous avons passé notre samedi à regarder des pénis. Des grands. Des petits. Nous n’en avions jamais vu autant.
* "Le pénis en érection était utilisé comme symbole de fertilité, d’abondance et de chance", expliquait Carla, notre guide à Pompéi. "Comme vous pouvez le voir, il y en a partout. Ils sortent même des murs".
* Devant nous se trouvait une protubérance masculine érigée dans un encadrement de porte. Une autre était sculptée dans la pierre de la route elle-même, indiquant la direction d’une maison close. D’autres étaient sur le mur, avec parfois des proportions littéralement mythiques. Un homme soupesait ses bijoux de famille sur une balance. D’autres utilisaient les leurs de manière plus traditionnelle…
* Mais on est mardi, un jour ouvrable. Mettons-nous donc au travail, et gardons les zizis de 2 000 ans pour plus tard.
** L’époque actuelle met nos certitudes à mal. Les actions et l’or vont dans des directions opposées — opposées à celles que nous pensions leur voir prendre. Les actions semblent vouloir grimper. L’or voulait baisser depuis longtemps ; il est passé à l’acte.
* Mais si nous avons raison, la ‘flation est inévitable dans le système financier. Et nous supposons que cette ‘flation sera visible dans une hausse des prix de l’or, des matières premières et des marchés émergents… et une baisse (relative) des prix des actions de l’immobilier et des actifs financiers en général.
* La ‘flation est inévitable parce que des erreurs valant des milliards… non, des milliers de milliards de dollars attendent d’être corrigées, tandis qu’un monde d’autorités financières essayent de l’empêcher.
* "Beaucoup de gens ont fait beaucoup d’erreurs", déclare l’ancien secrétaire au Trésor et ex-PDG de Goldman — désormais directeur du comité exécutif de Citigroup –, Robert Rubin. Rubin en a fait une lui-même, déclarait hier le International Herald Tribune, en n’agissant pas à temps pour freiner les prises de risque excessives de Citigroup ces cinq dernières années.
* Mais ce n’est pas parce que beaucoup de gens ont fait beaucoup d’erreurs que les autorités n’en feront pas plus encore. Elles ont renfloué des banques en Grande-Bretagne… et des courtiers aux Etats-Unis. La Fed a baissé ses taux six fois déjà… et est prête à les baisser une septième fois cette semaine — rapportant le taux directeur de la Fed à la moitié du taux d’inflation des prix à la consommation.
* Résultat : l’argent et le crédit inondent le système… mais de nombreux investisseurs se noient malgré tout.
* Notre point de vue n’est pas commun. La plupart des analystes pensent que les autorités vont soit réussir, soit échouer. Si elles échouent, tout baissera. Si elles réussissent, tout va grimper.
* Bien entendu, personne n’est sûr de quoi que ce soit. Nous n’avons encore jamais vu une telle situation financière… si bien que tout cela n’est quasiment que suppositions. Tout ce que nous pouvons faire, c’est tout réduire à l’essentiel, pour voir si nous pouvons y trouver un sens.
** "Le rôle économique de la finance est-il en train de reculer ?" demande un titre du Wall Street Journal.
* Oui, répondons-nous. Wall Street (et tous les autres) a gagné de l’argent en "financiarisant" l’économie. Les chefs d’entreprise, par exemple, ont arrêté de réfléchir aux moyens de produire de meilleurs produits à meilleur prix ; au lieu de cela, ils se sont intéressés aux fusions, aux acquisitions, aux stock options, au brassage d’argent, aux introductions en bourse et aux rachats. Certaines de ces activités ont peut-être ajouté de la valeur, mais pas beaucoup. Pour le secteur financier, cependant, c’était la belle époque. On pouvait demander des milliards de frais… et tant que les cours grimpaient, peu de gens se plaignaient. Mais lorsque les prix ont commencé à baisser, les prêteurs ont regardé le nantissement et découvert qu’il ne valait pas ce qu’ils pensaient. Les crédits triple A ont été rétrogradés… les banques ont vacillé et ont dû mendier de nouveaux fonds… le gouvernement est intervenu pour protéger les riches, et, soi-disant, pour éviter un effondrement.
* "Le nouveau système financier si brillant", déclarait Paul Volcker, il y a quelques semaines, "a échoué au test des marchés".
* Volcker a raison. Le monde de la finance a atteint son sommet. Le cycle du crédit aussi. A présent, le temps est venu de faire "des ajustements douloureux mais nécessaire", déclare Volcker.
* Au lieu de cela, les dirigeants actuels de la Fed semblent décidés à tenter d’éviter la douleur à tout prix. Cette semaine, ils devraient annoncer une nouvelle baisse de taux d’un quart de point — en tout cas, l’argent intelligent la tient pour acquise ; l’argent intelligent ne se demande pas ce que la Fed va faire… mais ce qu’elle va dire. Si elle signe la fin des baisses de taux — que restera-t-il à espérer pour les investisseurs ?
* Mais à la Chronique Agora, nous essayons encore de voir l’essentiel. Et l’essentiel, c’est ça : le boom de l’industrie financière et des choses qui en dépendent est terminé. C’est l’heure des ajustements douloureux mais nécessaires. La seule question désormais, c’est de savoir comment ces ajustements seront faits — par l’inflation, par la déflation, ou — comme nous le supposons — par les deux.