▪ Crise européenne, crise tout court, fin du modèle économique qui nous soutient depuis des décennies maintenant… en ce moment, les pistes de réflexion ne manquent pas. Et bon nombre de nos lecteurs nous envoient leurs propres remarques et questions sur la situation actuelle.
En voici une petite sélection, qui commence avec L.P. s’exprimant sur la crise européenne :
▪ « Le problème est que nous sommes à la croisée des chemins et l’Europe n’arrive pas à s’émanciper, elle a toujours été à la remorque des Etats-Unis sauf pendant la période de Charles de Gaulle », écrit L.P. « Cette Europe toujours à la traîne des Anglo-Saxons ! Après de Gaulle on a introduit le Royaume-Uni pour provoquer la division et pour que les Etats-Unis puissent mieux manipuler le Vieux Continent ».
« De Gaulle disait et avec raison que l’Angleterre n’avait pas la vocation européenne, néanmoins on se demande aujourd’hui si les pays européens ont la vocation européenne ? On utilise même une langue qui n’est pas la leur, y compris la France. Des apprentis politicaillards qui ont improvisé une Union européenne sans des vraies fondations en augmentant toujours la bâtisse en étages sans avoir les fondations et les règles adéquates. Des pauvres gars dont la compétence consiste en gaspiller, s’endetter et inventer des taxes et impôts ».
Tout ça me rappelle une phrase entendue il y a quelques semaines lors d’une émission de télévision dont je ne me rappelle plus le nom, où un expert invité déclarait : « le problème, c’est que plus personne aujourd’hui n’a de vision européenne ».
Je suis bien de cet avis — comme je l’exposais déjà il y a quelques mois. Comment prendre à bras-le-corps les difficultés actuelles… si personne n’a le courage et l’abnégation de s’y attaquer sans tenir compte de sa propre carrière électorale ?
▪ Un autre lecteur, P.L., élargit le débat, pour nous offrir une vision potentiellement plus positive de la situation. Je ne résiste pas au plaisir de vous livrer un long extrait de son passionnant courrier :
« […] premièrement le monde fonctionne, se nourrit, consomme… donc il reste un fond d’activité sain qui malgré tout continue à faire fonctionner notre univers. Là nous trouvons les sociétés qui gagnent de l’argent, paient leurs dettes, et distribuent des fonds à leurs actionnaires aussi bien qu’à leurs personnels.
« Le code éthique est directement en corrélation avec la stabilité de l’entreprise et si les dividendes sont ‘moins profitables’, ils sont fondés sur la création de valeurs tangibles avec une visibilité à long terme. Oui vous me direz, mais il y a beaucoup plus de sociétés sans scrupules, de courtiers qui avec le vent de leurs diatribes plument les pauvres investisseurs… Certes, cependant je réaffirme, il existe un noyau dur de business honnête ».
« En second, si aucun ne doute que nous vivons une crise, un désastre, un cataclysme financier, cela correspond à du vent qui nous l’espérons détruira les structures non fiables, les banques malhonnêtes, les fonds ‘madoffés’ […]. »
» Fondamentalement rappelons-nous qu’une société est fondée sur des personnes qui se déclarent des valeurs communes et qui à travers une constitution et des institutions tentent de faire fonctionner le quotidien du citoyen. Donc, si l’on ne peut payer les dettes à ceux qui en détiennent, possiblement nous détruirions la couche de métiers, de sociétés et d’institutions qui n’apportent aucune valeur ajoutée à notre quotidien. »
Evidemment comme tout ouragan, il entamera les côtes, il détruira de valeureuses sociétés qui malheureusement se sont trop exposées… mais ceux qui produisent de la valeur en sortiront avec un environnement assaini. Ce qui fait peur c’est l’inconnu, mais tout comme les guerres, et nous pourrions penser que nous sommes en guerre contre les agents du monde des finances, la sortie nous permettrait de reconstruire sur un terrain assaini… si nous prenions l’opportunité pour refaire les règles et changer le rapport de force ».
« […] Ma maison vaut X, si l’argent perd 800% de sa valeur, ma maison vaudra bien moins dans le langage des finances, mais fondamentalement elle restera une maison avec sa situation, sa capacité d’abriter ma famille, etc… donc elle ne perdra aucune VALEUR et proportionnellement dans son contexte elle vaudra probablement autant que hier ou demain. Le souci fondamental est un souci de liquidité permettant l’approvisionnement. Le reste est illusion grotesque. L’important est de s’assurer que nos financiers arrêtent de nous écumer l’argent produit par ceux qui s’investissent dans un travail ».
« Aussi, je désespère de votre approche qui annonce que la croissance est la seule façon de résoudre le problème. Un ami une fois m’a dit ‘il n’y a et n’y aura jamais plus de valeur que ce qui existe tout comme la matière’. A partir de ce postulat, le regard sur l’économie devient différent. Nous transformons, nous fournissons des services, nous élevons et cultivons… mais si cela ne rentre pas dans un équilibre à somme nulle, donc une réflexion et prise en compte de la qualité de vie, de l’écologie, de la sculpture du futur… nous ne parlons pas réellement d’économie.
« Réduire la valeur à de l’argent est l’illusion que nous proposent les financiers. Nous sommes capables d’imposer un autre regard, et VOUS faites partie de ceux capables de nous le communiquer ».
Ah mais nous sommes bien d’accord ! Loin de nous l’idée de tout régler par la croissance — Bill défendait au contraire l’idée d’une « correction générale » qui permettrait justement de remettre un peu les pendules à l’heure… et de rendre à l’humanité un rythme de croisière plus tenable. Mais comme le souligne P.L. lui-même, l’ouragan entamera les côtes. Avant d’arriver à un nouvel ordre potentiel, il y aura des dégâts et des « vagues scélérates » : nous considérons que notre rôle est de vous aider à les anticiper — pour mieux vous y préparer.
▪ Visiblement, nous ne réussissons pas toujours à faire passer cette intention, ceci dit, comme le prouve le courrier de S.P., envoyé en réaction à notre message « France 2012 : la faillite » :
« Arrêtez de faire dans la demi-mesure avec vos prédictions pseudo-apocalyptiques (pour essayer de vendre vos conseils à la c▪ ▪ ) car les marchés financiers seront le moindre de vos soucis d’ici 20 ans », assène S.P. « Si vraiment vous voulez donner de bons conseils d’investissement, en voici un : louez des terres et une ferme ; achetez un cheval et un flingue ; apprenez l’agriculture traditionnelle, les plantes médicinales (cultivez-les et étudiez-les) et transmettez le tout à vos petits-enfants pour leur apprendre à survivre dans le chaos qui succède inéluctablement à la chute des civilisations ».
Avant tout, je suis navrée que les sommes de recherches et de travail nécessaires pour élaborer nos « conseils à la c▪ ▪ » n’aient pas eu l’heur de plaire à Monsieur P.
Ensuite, je dirais quand même que nous sommes là encore tout à fait de son avis : nous allons au devant de graves difficultés. Le « retour à la moyenne économique » à l’échelle mondiale — où pays émergents comblent leur retard tandis que les pays occidentaux corrigent leurs excès — fait que nos sociétés subissent dans la douleur de profondes mutations. Troubles sociaux, émeutes et guerres ne sont effectivement pas à exclure avant d’arriver au « terrain assaini » dont P.L. nous parlait il y a quelques lignes.
Et oui, il se pourrait que dans 20 ans (voire moins), armes à feu et garde-manger bien garnis soient vos meilleurs amis. Mais en attendant, vous avez un compte en banque, un portefeuille, de l’épargne que vous voulez protéger et — comble du comble ! — faire fructifier.
Le jour où il faudra vous expliquer comment construire une cabane dans les arbres et allumer un feu par temps d’orage, nous serons au rendez-vous. Mais pour l’instant, il nous semble plus urgent de vous montrer comment vous prémunir contre la mort possible (et sans doute prochaine) des devises fiduciaires…
▪ L’un de nos remèdes préférés contre la Grande apocalypse financière, d’ailleurs, est l’or. Je me permets d’attirer votre attention, avant de vous laisser profiter de la fin de votre week-end, sur un ouvrage récemment paru : il concerne le métal jaune, comment l’acquérir et comment l’intégrer à votre stratégie d’investissement.
Rédigé par Jean-François Faure, L’or, un placement qui (r)assure compte également une préface de Simone Wapler : pour vous le procurer, c’est par ici…
Meilleures salutations,
Françoise Garteiser
La Chronique Agora