La Chronique Agora

La dernière intervention de la Fed rappelle les événements de 2008 (2/2)

2007, 2019, même combat ? En tout cas, cela prouve que les interventions de la banque centrale américaine sont d’une utilité limitée.

Nous disions hier que la Fed n’a pas le contrôle de la situation en cas de crise – et les chiffres le prouvent…

Vous souvenez-vous du plan Paulson (TARP) ? Il s’agissait d’un plan de sauvetage du système financier pour un montant de 700 Mds$ qui a été voté par le Congrès US et signé par le président Bush au début du mois d’octobre 2008.

La somme de 700 Mds$ pourrait vous sembler importante. Il s’agit du montant total qui a été alloué pour toute la durée de la crise financière en 2009. Pourtant, le mois dernier, en réponse à ce que vous avez pu observer sur le graphique hier, la Fed a injecté dans le système financier 275 Mds$ en l’espace de seulement quatre jours !

Vous avez bien lu. En moins d’une semaine, et à première vue sans raison clairement identifiée, la Fed est massivement intervenue pour fournir des liquidités au marché – une intervention qui semble avoir été bien plus massive que ce que nous avions connu du temps de la crise de 2008. Gardez à l’esprit que le montant TOTAL du programme d’assouplissement quantitatif mis en place à l’époque s’était élevé à 600 Mds$.

D’après le président de la Fed de New York, John Williams, une telle intervention est absolument normale dans le cadre des missions habituellement assurées par une banque centrale. Pourtant, cela ressemble terriblement à une tentative de la Fed de restaurer la liquidité (et la confiance) dans une partie du système financier qui semble avoir subitement cessé de fonctionner.

Que s’est-il passé ? La Fed pourra-t-elle réparer les dégâts avant qu’il soit trop tard ?

Pour répondre à ces questions, nous devons nous intéresser à la situation du déficit budgétaire américain.

Une crise systémique nécessite une intervention radicale

Comme Bill l’a déjà démontré dans ces colonnes, la situation du côté de la dette et du déficit public américain est particulièrement préoccupante et ne cesse de se détériorer.

Selon le CBO (le Bureau du budget du Congrès US), le déficit budgétaire annuel va dépasser la barre des 1 000 Mds$ au cours des cinq prochaines années. Sur la prochaine décennie, le gouvernement américain devrait emprunter 12 000 Mds$ supplémentaires – et cela suppose que les prévisions de croissance du PIB nominal soient atteintes, que les recettes fiscales rentrent conformément aux anticipations, et que les dépenses du gouvernement restent stables.

D’après vous, que va-t-il arriver quand une nouvelle récession se déclenchera et qu’un démocrate sera à la Maison Blanche… ou, à vrai dire, quelle que soit la personne qui sera à la Maison Blanche ?

Les recettes fiscales fléchiront alors que les dépenses augmenteront. Le déficit s’aggravera davantage. La dette publique sera en bonne voie pour atteindre 30 000 Mds$. Et qui payera la facture, cher lecteur ?

Seule la Fed pourra prendre le relais. C’est la raison pour laquelle elle augmente aujourd’hui à nouveau la taille de son bilan (en achetant des obligations du gouvernement américain) afin d’essayer d’empêcher que ce que nous avons vu sur le marché interbancaire le mois dernier se reproduise.

Après tout, c’est précisément la raison pour laquelle le système de réserve fédérale existe : agir en tant que prêteur en dernier ressort au sein du système bancaire. 

Maintenant, réfléchissez une seconde à ce que cela signifie réellement. La Fed est en réalité en train de financer le déficit budgétaire américain. Ou, comme disent les économistes, la Fed « monétise » la dette publique.

On prend les mêmes et on recommence

Il est vrai que sur le marché repo, les prêts se font d’un jour sur l’autre. En théorie, les liquidités injectées par la Fed dans le système financier sont retirées à la fin de chaque journée lorsque les banques remboursent les capitaux qu’elles ont empruntés. On prend les mêmes et on recommence.

Il est également surprenant de constater la vitesse à laquelle les médias financiers ont décrété au sujet du marché repo qu’il n’y avait « rien d’intéressant ». L’augmentation brutale des taux a été attribuée à des « problèmes techniques ». Ils nous ont assuré que cette situation n’avait rien à voir avec 2008 et que tout allait bien. Circulez, il n’y a rien à voir !

Mais vous devez vous demander à quel genre de système financier on a affaire si la banque centrale est constamment obligée de fournir des liquidités d’un jour sur l’autre au système bancaire.

Pourquoi avoir une banque centrale si elle est incapable de conserver le contrôle des taux d’intérêt ?

La Fed va se retrouver dans une situation où elle devra se battre pour sa propre survie (éviter que les partisans de la Théorie monétaire moderne, ou TMM, ne prennent le contrôle complet de la politique monétaire américaine). C’est la direction dans laquelle nous allons.

Préparez-vous à une forte volatilité de l’ensemble des prix maintenant que nous entrons dans la prochaine phase de cette crise systémique finale. Considérant cela, nous recommandons donc de réduire votre exposition aux obligations et d’augmenter votre exposition aux actifs tangibles et aux métaux précieux.

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